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Projet Cigéo à Bure : non à l’enfouissement des déchets radioactifs !

Bure : c’est dans ce petit village de la Meuse que l’industrie nucléaire veut enfouir ses déchets les plus dangereux, qui resteront radioactifs pendant des centaines de milliers d’années.


Néolithique, quand l’Andra tombe sur un os !

5 août 2017 | Article VMC




En octobre, novembre et décembre 2015 nous nous étions mobilisé.e.s face aux fouilles préventives réalisées par l’Andra sur les 300 hectares de terrain entourant l’actuel laboratoire. À l’époque nous n’étions qu’une poignée bien dérisoire pour faire face aux machines qui zébraient de larges fossés les champs prospectés..

Quelques mois plus tard, au printemps 2016, des plans plus précis commençaient à dessiner le projet d’implanter sur les surfaces explorées un ensemble de bâtiments caractérisés comme « zone à urbaniser ». En bref, l’implantation de commerces destinés à habituer les riverains à venir acheter les produits de première nécessité au point de ravitaillement le plus proche dans un rayon de 15-20 km. Se rendre incontournable, c’est ce que l’Andra nomme « l’acceptabilité sociale ».

C’est sans doute après avoir pris connaissance des résultats des fouilles archéologiques, durant l’année 2016, que l’agence a du se dire qu’elle avait une sacrée épine dans le pied de sa zone à urbaniser : ces satanés humains du néolithique ont eu le mauvais goût d’installer leur habitat à cet endroit précis, il y a 5000 ans ! Et, fidèle à son habitude de retourner à son avantage ce qui peut lui porter préjudice, la voilà qui lance du 8 octobre 2016 au 2 juillet 2017 une exposition pour les enfants sur l’archéologie, subtilement intitulée « Archéo, une expo à creuser » … comme CIgéo en somme.

On lit ainsi dans la plaquette de l’expo pondue par le service Communication & Dialogue : « l’archéologie préventive permet d’assurer la préservation du patrimoine archéologique lorsqu’il est menacé par des aménagements comme la construction d’une ligne TGV » … ou une poubelle nucléaire …

La préservation ? Ce n’est pas trop de l’avis de nos ami.es archéologues qui visiblement se sont mobilisé.es en 2008 pour dénoncer la menace qui pèse sur leur profession, de plus en plus contrainte à creuser des trous devant les pelleteuses des géants du BTP sans avoir les moyens ni le temps de les analyser : « dégage, on aménage ! » (1) Il y a 3 semaines une pétition à l’initiative d’archéologues est sortie pour dénoncer l’avis de la sous-direction de l’archéologie (SDA) du ministère de la culture, qui juge excessives les fouilles envisagées pour le site néolithique découvert autour de l’actuel Pôle technique.

Pourtant, selon l’avis des pétitionnaires, il ne s’agirait pas moins d’un des plus grand site enclos du néolithique, mis à jour en France et susceptible d’apporter des éléments d’information inédits sur le néolithique. L’Andra se dissimule derrière l’avis de la SDA et se garde bien de publiciser une trouvaille archéologique qui aurait pu s’inscrire dans son exposition en lieu et place des fouilles préventives de 1999, lesquelles sont seules à être mentionnées dans son fascicule d’expo. Cela dit, quand on voit l’ampleur des contours du site découvert, on ne peut s’empêcher de se demander si les fouilles de 1999 (2) n’ont pas été un peu expéditives et combien d’amphores et d’ossements l’Andra a pu passer à la trappe sous l’actuel laboratoire.

Archéo, un passé à récupérer

Une autre manifestation de cette passion soudaine et subjective de l’Andra pour l’archéologie, cette conférence du 11 mai dernier à Joinville, portant sur la conservation des objets en bois par le biais de techniques recourant à la radioactivité, organisée en commun par l’Andra et l’Atelier Nucle-Art (rattaché au … Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives !) Outre le fait que l’occasion était bonne de relier archéologie et nucléaire avec cette capacité elliptique à faire des raccourcis propre à l’industrie nucléaire, l’événement était à nouveau une belle démonstration d’acceptabilité sociale (3) auprès des populations locales. Dans une ville qui souffre de reconnaissance de son patrimoine médiéval historique, de désertification et paupérisation, l’Andra ne manque pas, en organisant des conférences dans la superbe salle de l’auditoire de Joinville, de rappeler d’où vient l’argent qui se déverse opportunément sur les programmations culturelles de Meuse et Haute-Marne (176 318 euros pour le site Meuse / Haute-Marne de mécénat direct pour 2016 dont 15500 pour Joinville).

Après que la première conférence eut été perturbée par nos soins, une seconde a eu lieu le 15 juin dernier, directement au sein du laboratoire (4) cette fois-ci, avec Laurent Flutsch, un archéologue humoriste et directeur du Musée romain de Lausanne qui s’essaye à imaginer, dans sa conférence humoristique, ce que révélerait l’archéologie du futur, dans 2000 ans. Certainement pas ce que l’Andra se plaît à laisser imaginer dans ses concours artistiquesorganisés les années passées autour de la préservation de la mémoire des déchets nucléaires enfouis : il y a fort à parier que les archéologues du futur mettraient surtout à jour quelques leucémies et scandales irradiés en fouillant dans ses trous pollués légués à la postérité !

Bref, non-contente de vouloir réécrire l’avenir d’un territoire (5), l’Andra aimerait aussi se livrer à l’exercice favori des historiens partisans et des politiciens aguerris : manipuler le passé en mettant en avant ce qui l’arrange pour mieux tronquer ce qui la dérange. Mais l’historien de demain retiendra surtout une chose : en fouillant sous les vestiges irradiés d’un projet de triste mémoire historique, il s’apercevra qu’un site néolithique d’exception aurait pu être révélé 2000 ans plus tôt si de tristes nucléocrates vénaux et peu scrupuleux du 21ème siècle n’avait pas hypothéqué le patrimoine historique de l »humanité pour une poubelle géante et honteuse.

Le 14 et 15 août 2017, passé et avenir manifesteront ensembles contre le projet Cigéo, puisque non seulement nous réaffirmerons la journée du 14 dans le Bois Lejuc notre détermination à le préserver de sa destruction par l’Andra, mais nous voulons aussi, le lendemain, symboliquement signifier notre soutien aux archéologues dont le travail de redécouverte du passé finit trop souvent coulé dans le béton des fondations de projets mégalomanes des géants du BTP.

(1) du nom d’un ouvrage paru en 1976 à l’initiative des opposant.es à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

(2) dans les archives départementales d’archéologie de Moselle, p.74, il est indiqué notamment « BURE (Le Bindeuil, écothèque Andra, indices d’une occupation protohistorique). »

(3) voir au sujet de l’acceptabilité sociale le documentaire auto-produit par nos soins en 2015 et intitulé « Poubelle la vie »

(4) la même conférence s’était tenue en 2010 à Troyes sous le même patronage de l’Andra également gestionnaire depuis 1992 du site de stockage de surface de l’Aube, à Soulaines

(5) cf l’excellent article paru dans Jef Klak : « Il faut avoir créé un désert agricole pour bâtir un cimetière du nucléaire »

En octobre, novembre et décembre 2015 nous nous étions mobilisé.e.s face aux fouilles préventives réalisées par l’Andra sur les 300 hectares de terrain entourant l’actuel laboratoire. À l’époque nous n’étions qu’une poignée bien dérisoire pour faire face aux machines qui zébraient de larges fossés les champs prospectés..

Quelques mois plus tard, au printemps 2016, des plans plus précis commençaient à dessiner le projet d’implanter sur les surfaces explorées un ensemble de bâtiments caractérisés comme « zone à urbaniser ». En bref, l’implantation de commerces destinés à habituer les riverains à venir acheter les produits de première nécessité au point de ravitaillement le plus proche dans un rayon de 15-20 km. Se rendre incontournable, c’est ce que l’Andra nomme « l’acceptabilité sociale ».

C’est sans doute après avoir pris connaissance des résultats des fouilles archéologiques, durant l’année 2016, que l’agence a du se dire qu’elle avait une sacrée épine dans le pied de sa zone à urbaniser : ces satanés humains du néolithique ont eu le mauvais goût d’installer leur habitat à cet endroit précis, il y a 5000 ans ! Et, fidèle à son habitude de retourner à son avantage ce qui peut lui porter préjudice, la voilà qui lance du 8 octobre 2016 au 2 juillet 2017 une exposition pour les enfants sur l’archéologie, subtilement intitulée « Archéo, une expo à creuser » … comme CIgéo en somme.

On lit ainsi dans la plaquette de l’expo pondue par le service Communication & Dialogue : « l’archéologie préventive permet d’assurer la préservation du patrimoine archéologique lorsqu’il est menacé par des aménagements comme la construction d’une ligne TGV » … ou une poubelle nucléaire …

La préservation ? Ce n’est pas trop de l’avis de nos ami.es archéologues qui visiblement se sont mobilisé.es en 2008 pour dénoncer la menace qui pèse sur leur profession, de plus en plus contrainte à creuser des trous devant les pelleteuses des géants du BTP sans avoir les moyens ni le temps de les analyser : « dégage, on aménage ! » (1) Il y a 3 semaines une pétition à l’initiative d’archéologues est sortie pour dénoncer l’avis de la sous-direction de l’archéologie (SDA) du ministère de la culture, qui juge excessives les fouilles envisagées pour le site néolithique découvert autour de l’actuel Pôle technique.

Pourtant, selon l’avis des pétitionnaires, il ne s’agirait pas moins d’un des plus grand site enclos du néolithique, mis à jour en France et susceptible d’apporter des éléments d’information inédits sur le néolithique. L’Andra se dissimule derrière l’avis de la SDA et se garde bien de publiciser une trouvaille archéologique qui aurait pu s’inscrire dans son exposition en lieu et place des fouilles préventives de 1999, lesquelles sont seules à être mentionnées dans son fascicule d’expo. Cela dit, quand on voit l’ampleur des contours du site découvert, on ne peut s’empêcher de se demander si les fouilles de 1999 (2) n’ont pas été un peu expéditives et combien d’amphores et d’ossements l’Andra a pu passer à la trappe sous l’actuel laboratoire.

Archéo, un passé à récupérer

Une autre manifestation de cette passion soudaine et subjective de l’Andra pour l’archéologie, cette conférence du 11 mai dernier à Joinville, portant sur la conservation des objets en bois par le biais de techniques recourant à la radioactivité, organisée en commun par l’Andra et l’Atelier Nucle-Art (rattaché au … Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives !) Outre le fait que l’occasion était bonne de relier archéologie et nucléaire avec cette capacité elliptique à faire des raccourcis propre à l’industrie nucléaire, l’événement était à nouveau une belle démonstration d’acceptabilité sociale (3) auprès des populations locales. Dans une ville qui souffre de reconnaissance de son patrimoine médiéval historique, de désertification et paupérisation, l’Andra ne manque pas, en organisant des conférences dans la superbe salle de l’auditoire de Joinville, de rappeler d’où vient l’argent qui se déverse opportunément sur les programmations culturelles de Meuse et Haute-Marne (176 318 euros pour le site Meuse / Haute-Marne de mécénat direct pour 2016 dont 15500 pour Joinville).

Après que la première conférence eut été perturbée par nos soins, une seconde a eu lieu le 15 juin dernier, directement au sein du laboratoire (4) cette fois-ci, avec Laurent Flutsch, un archéologue humoriste et directeur du Musée romain de Lausanne qui s’essaye à imaginer, dans sa conférence humoristique, ce que révélerait l’archéologie du futur, dans 2000 ans. Certainement pas ce que l’Andra se plaît à laisser imaginer dans ses concours artistiquesorganisés les années passées autour de la préservation de la mémoire des déchets nucléaires enfouis : il y a fort à parier que les archéologues du futur mettraient surtout à jour quelques leucémies et scandales irradiés en fouillant dans ses trous pollués légués à la postérité !

Bref, non-contente de vouloir réécrire l’avenir d’un territoire (5), l’Andra aimerait aussi se livrer à l’exercice favori des historiens partisans et des politiciens aguerris : manipuler le passé en mettant en avant ce qui l’arrange pour mieux tronquer ce qui la dérange. Mais l’historien de demain retiendra surtout une chose : en fouillant sous les vestiges irradiés d’un projet de triste mémoire historique, il s’apercevra qu’un site néolithique d’exception aurait pu être révélé 2000 ans plus tôt si de tristes nucléocrates vénaux et peu scrupuleux du 21ème siècle n’avait pas hypothéqué le patrimoine historique de l »humanité pour une poubelle géante et honteuse.

Le 14 et 15 août 2017, passé et avenir manifesteront ensembles contre le projet Cigéo, puisque non seulement nous réaffirmerons la journée du 14 dans le Bois Lejuc notre détermination à le préserver de sa destruction par l’Andra, mais nous voulons aussi, le lendemain, symboliquement signifier notre soutien aux archéologues dont le travail de redécouverte du passé finit trop souvent coulé dans le béton des fondations de projets mégalomanes des géants du BTP.

(1) du nom d’un ouvrage paru en 1976 à l’initiative des opposant.es à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

(2) dans les archives départementales d’archéologie de Moselle, p.74, il est indiqué notamment « BURE (Le Bindeuil, écothèque Andra, indices d’une occupation protohistorique). »

(3) voir au sujet de l’acceptabilité sociale le documentaire auto-produit par nos soins en 2015 et intitulé « Poubelle la vie »

(4) la même conférence s’était tenue en 2010 à Troyes sous le même patronage de l’Andra également gestionnaire depuis 1992 du site de stockage de surface de l’Aube, à Soulaines

(5) cf l’excellent article paru dans Jef Klak : « Il faut avoir créé un désert agricole pour bâtir un cimetière du nucléaire »



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