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Sortir du nucléaire n°97



Printemps 2023
Crédit photo : Gérard Zlotykamien

Agir

Vivre après la bombe : quand art urbain et récit de vie dénoncent le nucléaire

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°97 - Printemps 2023

 Culture antinucléaire  Nucléaire et santé  Nucléaire militaire
Article publié le : 16 mars 2023


Publié en janvier 2023, Vivre après la bombe fait s’entre-croiser le témoignage de Minoru Moriuchi, survivant du bombardement de Nagasaki, et les œuvres urbaines de Gérard Zlotykamien, artiste lui aussi marqué par la guerre et le nucléaire. Présentation et explications avec Quentin Gassiat, fondateur de la maison d’édition Forgotten Dreams qui publie l’ouvrage.



  • Parlez-nous de la genèse de Vivre après la bombe.

Ce projet est né d’un voyage au Japon en 2019 pendant lequel j’ai eu la chance de rencontrer et d’interviewer Minoru Moriuchi, hibakusha survivant du bombardement atomique de Nagasaki. Le ton de son témoignage m’a extrêmement marqué. Je connaissais par ailleurs depuis longtemps le travail de Gérard Zlotykamien, dont le cheminement artistique est marqué dès le début par le motif des fantômes d’Hiroshima, ces personnes soufflées par l’explosion dont la trace se retrouvait sur les murs de la ville. Ses premiers personnages, appelés Éphémères, s’inscrivent comme un écho mémoriel des bombardements atomiques. Sa vie est également marquée sur le plan personnel par la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, ses parents ayant été déportés.

La perspective de pouvoir réunir ces deux parcours de vie extrêmement forts m’est apparue comme une sorte d’évidence pour lancer la collection Méroé, dont le but est de faire dialoguer l’art urbain avec des textes portant sur des réflexions contemporaines.

  • On peut lire dans la préface : « Les parcours de ces deux hommes nous montrent qu’en matière de bombe atomique, vivre s’accompagne de prépositions : « vivre après », « vivre avec », « vivre malgré » ». Pourriez-vous élaborer ?

Je crois qu’il est difficile de parler d’arme atomique - et il serait sans doute possible de transposer cette phrase au nucléaire civil - sans tenir compte de l’impact qu’elle a sur les êtres humains qui en sont victimes. Vivre après évoque ainsi l’idée d’une forme de résilience face à la catastrophe : la façon dont les hibakushas ont continué à vivre après Hiroshima et Nagasaki, comment les populations affectées par les grands accidents nucléaires ont réussi à recommencer à vivre. Vivre avec souligne davantage le fait qu’aujourd’hui nous sommes très avancés dans une culture du nucléaire, aux impacts parfois peu questionnés au quotidien. Vivre malgré englobe pour moi cette idée de questionnement : comment vivre en sachant que le monde que nous connaissons pourrait être détruit en une fraction de seconde ?

À Lire aussi :
Depuis Hiroshima : révisionnisme et falsification nucléaire
  • Parlez-nous du témoignage de Minoru Moriuchi.

C’est selon moi la force de son témoignage d’être à la fois complètement marqué par l’Histoire et pour autant intemporel - et universel. Ce qui est frappant dans son récit est le fait de s’apercevoir que sa vie a été définitivement marquée par cet événement survenu alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Tout ce qu’il a traversé une fois adulte se lit à l’aune de ce moment initial. Pourtant, il parvient à surmonter cela, à dépasser le cadre de sa propre expérience, pour porter un message qui s’adresse à tous, que ce soit à ceux qui sont nés dans un monde dans lequel Hiroshima et Nagasaki sont des noms de livres d’Histoire, mais aussi pour intégrer à sa réflexion les enjeux du nucléaire civil et de celles et ceux qui en sont victimes.

  • Qu’espérez-vous transmettre avec Vivre après la bombe ?

C’est extraordinaire pour moi d’avoir pu mener à bien ce projet avec deux personnes aussi incroyables. La mémoire est au cœur de ma réflexion depuis très longtemps, et pouvoir partager avec Vivre après la bombe un petit bout de ce rapport à l’histoire, de cette réflexion sur le nucléaire et de cet intérêt pour ce que l’art urbain peut raconter serait une très belle réussite. Il y a des choses que l’ont fait dont on sait par avance qu’elles sont un peu plus importantes que nous-mêmes. Ce livre en fait partie et j’en suis très heureux.

Commandez Vivre après la bombe sur notre boutique en ligne

Propos recueillis par Louiselle Debiez

  • Parlez-nous de la genèse de Vivre après la bombe.

Ce projet est né d’un voyage au Japon en 2019 pendant lequel j’ai eu la chance de rencontrer et d’interviewer Minoru Moriuchi, hibakusha survivant du bombardement atomique de Nagasaki. Le ton de son témoignage m’a extrêmement marqué. Je connaissais par ailleurs depuis longtemps le travail de Gérard Zlotykamien, dont le cheminement artistique est marqué dès le début par le motif des fantômes d’Hiroshima, ces personnes soufflées par l’explosion dont la trace se retrouvait sur les murs de la ville. Ses premiers personnages, appelés Éphémères, s’inscrivent comme un écho mémoriel des bombardements atomiques. Sa vie est également marquée sur le plan personnel par la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, ses parents ayant été déportés.

La perspective de pouvoir réunir ces deux parcours de vie extrêmement forts m’est apparue comme une sorte d’évidence pour lancer la collection Méroé, dont le but est de faire dialoguer l’art urbain avec des textes portant sur des réflexions contemporaines.

  • On peut lire dans la préface : « Les parcours de ces deux hommes nous montrent qu’en matière de bombe atomique, vivre s’accompagne de prépositions : « vivre après », « vivre avec », « vivre malgré » ». Pourriez-vous élaborer ?

Je crois qu’il est difficile de parler d’arme atomique - et il serait sans doute possible de transposer cette phrase au nucléaire civil - sans tenir compte de l’impact qu’elle a sur les êtres humains qui en sont victimes. Vivre après évoque ainsi l’idée d’une forme de résilience face à la catastrophe : la façon dont les hibakushas ont continué à vivre après Hiroshima et Nagasaki, comment les populations affectées par les grands accidents nucléaires ont réussi à recommencer à vivre. Vivre avec souligne davantage le fait qu’aujourd’hui nous sommes très avancés dans une culture du nucléaire, aux impacts parfois peu questionnés au quotidien. Vivre malgré englobe pour moi cette idée de questionnement : comment vivre en sachant que le monde que nous connaissons pourrait être détruit en une fraction de seconde ?

  • Parlez-nous du témoignage de Minoru Moriuchi.

C’est selon moi la force de son témoignage d’être à la fois complètement marqué par l’Histoire et pour autant intemporel - et universel. Ce qui est frappant dans son récit est le fait de s’apercevoir que sa vie a été définitivement marquée par cet événement survenu alors qu’il n’était encore qu’un enfant. Tout ce qu’il a traversé une fois adulte se lit à l’aune de ce moment initial. Pourtant, il parvient à surmonter cela, à dépasser le cadre de sa propre expérience, pour porter un message qui s’adresse à tous, que ce soit à ceux qui sont nés dans un monde dans lequel Hiroshima et Nagasaki sont des noms de livres d’Histoire, mais aussi pour intégrer à sa réflexion les enjeux du nucléaire civil et de celles et ceux qui en sont victimes.

  • Qu’espérez-vous transmettre avec Vivre après la bombe ?

C’est extraordinaire pour moi d’avoir pu mener à bien ce projet avec deux personnes aussi incroyables. La mémoire est au cœur de ma réflexion depuis très longtemps, et pouvoir partager avec Vivre après la bombe un petit bout de ce rapport à l’histoire, de cette réflexion sur le nucléaire et de cet intérêt pour ce que l’art urbain peut raconter serait une très belle réussite. Il y a des choses que l’ont fait dont on sait par avance qu’elles sont un peu plus importantes que nous-mêmes. Ce livre en fait partie et j’en suis très heureux.

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Propos recueillis par Louiselle Debiez



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