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Sortir du nucléaire n°47



Automne 2010

BD

Village toxique

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°47 - Automne 2010

 Déchets radioactifs
Article publié le : 1er novembre 2010


En 1987, le Gâtinais apprenait que le granite des Deux-Sèvres avait été choisi pour enfouir le problème des déchets les plus radioactifs de l’industrie nucléaire française – en concurrence avec trois autres sous-sols : le schiste de Maine-et-Loire, le sel de l’Ain et l’argile de l’Aisne. Trois ans de lutte allaient mettre fin aux noirs desseins de l’Andra, l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs.

Vingt ans plus tard, Village toxique vient relater ces événements en bande dessinée. Nourrie des collectages recueillis auprès des acteurs mêmes, cette BD au ton mordant raconte avec ironie l’histoire du nucléaire français jusqu’à cette lutte victorieuse contre l’enfouissement. Une pièce de théâtre du même nom s’est jouée cet été au festival du "Nombril du Monde" pour fêter dignement l’anniversaire de cette utopie : "boucher le trou du cul de la filière nucléaire pour la faire mourir d’occlusion".

Entretien avec Grégory Jarry, scénariste de Village toxique :



La lutte a été menée par deux associations ?

La CIAD s’est créée deux jours après l’annonce pour rassembler les habitants des communes visées, et fédérer les comités locaux qui se sont ensuite étendus à quasi tout le département. L’association Granit, elle, émanait d’un mouvement régional d’écologistes assez radicaux, autogestionnaires. C’était vraiment un mouvement d’opposition au nucléaire. La CIAD défendait la sauvegarde de son territoire, et Granit leur a vite montré que ce n’était pas tenable. En six mois le message est passé de “pas de déchets nucléaires ici“, à “ni ici ni ailleurs“. Ce qu’il y a d’exceptionnel dans cette lutte, c’est la confluence des deux tendances. Les deux associations travaillaient ensemble, main dans la main. Connaissant les gens en Gâtine, c’était une gageure.

Comme l’Andra persévérait malgré le refus de la population, on est rentré dans une seconde phase. Conseillés entre autres par des gens du Larzac, les opposants ont mis en place un tas d’outils et d’actions pour leur barrer la route. Notamment une caravane qui surveillait le local de l’Andra 24h/24 ; un système de communication avec des cibies ; le téléphone qui permettait de mobiliser très rapidement (une personne en appelle cinq, qui à leur tour en appellent cinq, etc.) ; leurs bâtiments ont été couverts de goudron et de plumes (l’opération Lucky Luke)…

Comment s’est constituée la Coordination nationale ?

L’Andra menait simultanément la même offensive sur quatre sites. Dans le Maine-et-Loire, par exemple, il y a eu plusieurs semaines d’affrontements, et en janvier 1990, une manifestation a réuni à Angers 200000 personnes. Des gens du coin sont allés défendre l’idée d’une coordination nationale. Ils ont constitué une charte qui, déclinée sous forme de pétition, a été signée par de très nombreux opposants et plein d’associations écologistes, représentant des millions de gens. 50 000 signatures ont été rassemblées rien que sur notre territoire.

Comment la lutte a-t-elle pu réussir ?

D’abord, les gens du terrain se sont associés avec les écologistes. Il y a eu un respect mutuel pour que la population suive. Ensuite, il fallait se baser sur le plus petit dénominateur commun. S’entendre juste sur "on ne veut pas des déchets nucléaires, point barre". La réflexion a ensuite pu évoluer vers la sortie du nucléaire. Un autre point important, c’était : "on ne discute pas". Ils n’ont jamais répondu aux arguments fallacieux de l’Andra, ne sont jamais allés à leurs réunions. Ils ont bien vu qu’on cherchait à les embobiner. Enfin, ils ont toujours veillé à ce que les luttes soient non-violentes… mais si les CRS avaient cherché l’affrontement, cela se serait mal passé. Certains étaient déterminés à aller jusqu’au bout.

Les conseillers généraux n’ont pris position contre l’enfouissement que deux mois avant le moratoire Rocard, qui instituait, sous la pression publique, l’arrêt officiel de la prospection sur les quatre sites.

C’est toute cette lutte que relate Village toxique.

Village Toxique, de Grégory Jarry et Otto T. Coédition FLBLB / Le Nombril du Monde. Septembre 2010, 64 pages. A commander au prix de 16,50€ port compris, au Réseau "Sortir du nucléaire", 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 (chèque à l’ordre de "Sortir du nucléaire") ou dans notre boutique en ligne : https://boutique.sortirdunucleaire.org

La lutte a été menée par deux associations ?

La CIAD s’est créée deux jours après l’annonce pour rassembler les habitants des communes visées, et fédérer les comités locaux qui se sont ensuite étendus à quasi tout le département. L’association Granit, elle, émanait d’un mouvement régional d’écologistes assez radicaux, autogestionnaires. C’était vraiment un mouvement d’opposition au nucléaire. La CIAD défendait la sauvegarde de son territoire, et Granit leur a vite montré que ce n’était pas tenable. En six mois le message est passé de “pas de déchets nucléaires ici“, à “ni ici ni ailleurs“. Ce qu’il y a d’exceptionnel dans cette lutte, c’est la confluence des deux tendances. Les deux associations travaillaient ensemble, main dans la main. Connaissant les gens en Gâtine, c’était une gageure.

Comme l’Andra persévérait malgré le refus de la population, on est rentré dans une seconde phase. Conseillés entre autres par des gens du Larzac, les opposants ont mis en place un tas d’outils et d’actions pour leur barrer la route. Notamment une caravane qui surveillait le local de l’Andra 24h/24 ; un système de communication avec des cibies ; le téléphone qui permettait de mobiliser très rapidement (une personne en appelle cinq, qui à leur tour en appellent cinq, etc.) ; leurs bâtiments ont été couverts de goudron et de plumes (l’opération Lucky Luke)…

Comment s’est constituée la Coordination nationale ?

L’Andra menait simultanément la même offensive sur quatre sites. Dans le Maine-et-Loire, par exemple, il y a eu plusieurs semaines d’affrontements, et en janvier 1990, une manifestation a réuni à Angers 200000 personnes. Des gens du coin sont allés défendre l’idée d’une coordination nationale. Ils ont constitué une charte qui, déclinée sous forme de pétition, a été signée par de très nombreux opposants et plein d’associations écologistes, représentant des millions de gens. 50 000 signatures ont été rassemblées rien que sur notre territoire.

Comment la lutte a-t-elle pu réussir ?

D’abord, les gens du terrain se sont associés avec les écologistes. Il y a eu un respect mutuel pour que la population suive. Ensuite, il fallait se baser sur le plus petit dénominateur commun. S’entendre juste sur "on ne veut pas des déchets nucléaires, point barre". La réflexion a ensuite pu évoluer vers la sortie du nucléaire. Un autre point important, c’était : "on ne discute pas". Ils n’ont jamais répondu aux arguments fallacieux de l’Andra, ne sont jamais allés à leurs réunions. Ils ont bien vu qu’on cherchait à les embobiner. Enfin, ils ont toujours veillé à ce que les luttes soient non-violentes… mais si les CRS avaient cherché l’affrontement, cela se serait mal passé. Certains étaient déterminés à aller jusqu’au bout.

Les conseillers généraux n’ont pris position contre l’enfouissement que deux mois avant le moratoire Rocard, qui instituait, sous la pression publique, l’arrêt officiel de la prospection sur les quatre sites.

C’est toute cette lutte que relate Village toxique.

Village Toxique, de Grégory Jarry et Otto T. Coédition FLBLB / Le Nombril du Monde. Septembre 2010, 64 pages. A commander au prix de 16,50€ port compris, au Réseau "Sortir du nucléaire", 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 (chèque à l’ordre de "Sortir du nucléaire") ou dans notre boutique en ligne : https://boutique.sortirdunucleaire.org



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