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Sortir du nucléaire n°33



Décembre 2006

Alternatives

Une éolienne dans votre jardin ?

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°33 - Décembre 2006

 Energies renouvelables
Article publié le : 1er décembre 2006


Face à l’augmentation du prix des énergies conventionnelles et à la dégradation de l’environnement, de plus en plus de citoyens songent à produire leur courant électrique, avec des énergies renouvelables. L’éolien fait désormais partie des alternatives crédibles, avec un impact minime sur les écosystèmes.

Concernées par la récente augmentation à 50% du crédit d’impôt, les éoliennes individuelles auraient-elles le vent en poupe ?
Au-delà du rêve “écolo” d’autonomie énergétique, ce n’est pas si simple. Car outre les difficultés techniques d’implantation et une rentabilité hypothétique, il faut également compter sur l’acceptation par les services de l’Etat, qui n’est pas acquise d’emblée.



Un peu de technique

La gamme des petits aérogénérateurs s’étend de 75 à 20 000 watts (20 kW) pour 1 à 10 mètres de diamètre. Les plus petits sont adaptés à la couverture des besoins électriques dits spécifiques (non thermiques) d’une habitation. On distingue deux types d’éoliennes : à axe vertical ou horizontal. Le rotor - partie tournante- des premières est cylindrique et toujours bien orienté au vent, mais le rendement (part d’énergie prélevée sur celle du vent) n’est que de 10%. Les secondes présentent une hélice bi ou multipale qui s’oriente face au vent et leur rendement atteint 30%. Une régulation évite l’emballement et le risque de destruction, par vent fort. Un frein bloque le rotor en cas de tempête. L’énergie récupérée par l’éolienne est proportionnelle au cube de la vitesse du vent : une faible différence de vitesse se traduit par un important écart de production. D’où l’intérêt de bénéficier d’un site avec des vents réguliers et forts, dégagé d’obstacles (arbres ou bâtiments) et le plus en hauteur possible, au minimum dix mètres. En fonction de la configuration locale (terrain plat, obstacles, sommet de colline, zone où le vent s’engouffre) la production variera. Une étude de vent est recommandée. On peut connaître la puissance de l’éolienne selon la vitesse du vent, par sa courbe de puissance. Une machine de 5 m de diamètre et de 2 kW de puissance, dans les conditions optimales, fournit les besoins d’une famille de 4 personnes. L’éolienne seule coûte de 2500 à 5000 ? par kilowatt, une petite étant proportionnellement plus chère. A ce prix s’ajoute celui du mat, du montage et des travaux de génie civil : fondations (mât et ancrages des haubans), tranchée (protection et invisibilité du câble électrique), local technique. L’éolienne doit être installée avec soin, c’est une machine en mouvement avec les risques associés (généralement pris en charge par l’assurance responsabilité civile-habitation). Selon le modèle, plus ou moins silencieux, on peut être amené à l’éloigner. L’entretien consiste en une visite annuelle de maintenance préventive, simplifiée par un mât basculant. Un bon modèle dure 20 ans, mais il est conseillé de faire appel à un bon installateur. L’auto-construction enfin, si elle permet d’avoir une éolienne peu chère, est réservée aux techniciens chevronnés.

Raccordée au réseau

L’éolienne produit au “fil du vent” sur le réseau électrique. EDF n’ayant pas le monopole de la production, un particulier peut raccorder son éolienne au réseau national et devenir producteur d’électricité. L’arrêté du 13 mars 2002, sur l’électricité produite par des installations de moins de 36 kW, impose à EDF un tarif de rachat égal au prix de vente, soit 7,65 cts d’€ le kWh. Il est encore peu attractif : avec les frais de raccordement, l’opération n’est financièrement rentable qu’après 15 ans de fonctionnement. Mais c’est un pari sur l’avenir : à quel prix sera l’électricité dans cinq ans, dix ans ? Et industrialisées, les éoliennes verront leur prix baisser de 50% en multipliant par dix la capacité de production.

En site isolé

Il reste des maisons non électrifiées, surtout en montagne. Selon la distance au poste source, le raccordement d’un “écart au réseau” peut coûter plusieurs dizaines de milliers d’euros. La solution “électrification rurale décentralisée”, par micro-hydraulique, photovoltaïque et/ou éolienne, est souvent retenue. Elle nécessite un stockage de l’électricité (batteries) et un appoint de production (groupe électrogène). Une subvention est possible jusqu’à 90%, dans le cadre du FACE* (démarche EDF /ADEME*). Si près de 7000 sites isolés sont équipés en photovoltaïque, peu le sont en éolien.

Les démarches

C’est autour de la hauteur que les choses se compliquent. Jusqu’à 12 mètres au-dessus du sol (au niveau de l’axe) une simple déclaration de travaux en mairie suffit. Au-delà s’enclenche la procédure lourde du permis de construire. Les exigences des services administratifs (étude acoustique, compatibilité avec les documents d’urbanisme, applicabilité des ZDE*) et leur interprétation des textes réglementaires sont variables. Les démarches se font auprès de la mairie (dossier de permis de construire), de la DRIRE* (certificat d’obligation d’achat par EDF de l’électricité produite), à EDF (contrat d’achat et fiche de renseignements), à la DIDEME* (déclaration d’exploitation, officialisant l’activité de producteur d’énergie).
S’il s’agit d’une autoconsommation d’électricité, le permis est délivré par le maire de la commune ; par le préfet de département si la production est destinée entièrement au réseau électrique. L’attestation de conformité est délivrée par l’installateur.

Claire Caron
Article paru dans Habitat Naturel n°7,
mars-avril 2006 (www.habitatnaturel.fr)

*ARC : Accès au Réseau de Distribution

*ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie

*DIDEME : DIrection de la Demande et des Marchés Energétiques (Ministère de l’Industrie)

*DRIRE : Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement

*FACE : Fonds d’Amortissement des Charges d’Electrification

*MDE : Maîtrise de la Demande en Electricité

*ZDE : Zones de Développement Eolien

Un peu de technique

La gamme des petits aérogénérateurs s’étend de 75 à 20 000 watts (20 kW) pour 1 à 10 mètres de diamètre. Les plus petits sont adaptés à la couverture des besoins électriques dits spécifiques (non thermiques) d’une habitation. On distingue deux types d’éoliennes : à axe vertical ou horizontal. Le rotor - partie tournante- des premières est cylindrique et toujours bien orienté au vent, mais le rendement (part d’énergie prélevée sur celle du vent) n’est que de 10%. Les secondes présentent une hélice bi ou multipale qui s’oriente face au vent et leur rendement atteint 30%. Une régulation évite l’emballement et le risque de destruction, par vent fort. Un frein bloque le rotor en cas de tempête. L’énergie récupérée par l’éolienne est proportionnelle au cube de la vitesse du vent : une faible différence de vitesse se traduit par un important écart de production. D’où l’intérêt de bénéficier d’un site avec des vents réguliers et forts, dégagé d’obstacles (arbres ou bâtiments) et le plus en hauteur possible, au minimum dix mètres. En fonction de la configuration locale (terrain plat, obstacles, sommet de colline, zone où le vent s’engouffre) la production variera. Une étude de vent est recommandée. On peut connaître la puissance de l’éolienne selon la vitesse du vent, par sa courbe de puissance. Une machine de 5 m de diamètre et de 2 kW de puissance, dans les conditions optimales, fournit les besoins d’une famille de 4 personnes. L’éolienne seule coûte de 2500 à 5000 ? par kilowatt, une petite étant proportionnellement plus chère. A ce prix s’ajoute celui du mat, du montage et des travaux de génie civil : fondations (mât et ancrages des haubans), tranchée (protection et invisibilité du câble électrique), local technique. L’éolienne doit être installée avec soin, c’est une machine en mouvement avec les risques associés (généralement pris en charge par l’assurance responsabilité civile-habitation). Selon le modèle, plus ou moins silencieux, on peut être amené à l’éloigner. L’entretien consiste en une visite annuelle de maintenance préventive, simplifiée par un mât basculant. Un bon modèle dure 20 ans, mais il est conseillé de faire appel à un bon installateur. L’auto-construction enfin, si elle permet d’avoir une éolienne peu chère, est réservée aux techniciens chevronnés.

Raccordée au réseau

L’éolienne produit au “fil du vent” sur le réseau électrique. EDF n’ayant pas le monopole de la production, un particulier peut raccorder son éolienne au réseau national et devenir producteur d’électricité. L’arrêté du 13 mars 2002, sur l’électricité produite par des installations de moins de 36 kW, impose à EDF un tarif de rachat égal au prix de vente, soit 7,65 cts d’€ le kWh. Il est encore peu attractif : avec les frais de raccordement, l’opération n’est financièrement rentable qu’après 15 ans de fonctionnement. Mais c’est un pari sur l’avenir : à quel prix sera l’électricité dans cinq ans, dix ans ? Et industrialisées, les éoliennes verront leur prix baisser de 50% en multipliant par dix la capacité de production.

En site isolé

Il reste des maisons non électrifiées, surtout en montagne. Selon la distance au poste source, le raccordement d’un “écart au réseau” peut coûter plusieurs dizaines de milliers d’euros. La solution “électrification rurale décentralisée”, par micro-hydraulique, photovoltaïque et/ou éolienne, est souvent retenue. Elle nécessite un stockage de l’électricité (batteries) et un appoint de production (groupe électrogène). Une subvention est possible jusqu’à 90%, dans le cadre du FACE* (démarche EDF /ADEME*). Si près de 7000 sites isolés sont équipés en photovoltaïque, peu le sont en éolien.

Les démarches

C’est autour de la hauteur que les choses se compliquent. Jusqu’à 12 mètres au-dessus du sol (au niveau de l’axe) une simple déclaration de travaux en mairie suffit. Au-delà s’enclenche la procédure lourde du permis de construire. Les exigences des services administratifs (étude acoustique, compatibilité avec les documents d’urbanisme, applicabilité des ZDE*) et leur interprétation des textes réglementaires sont variables. Les démarches se font auprès de la mairie (dossier de permis de construire), de la DRIRE* (certificat d’obligation d’achat par EDF de l’électricité produite), à EDF (contrat d’achat et fiche de renseignements), à la DIDEME* (déclaration d’exploitation, officialisant l’activité de producteur d’énergie).
S’il s’agit d’une autoconsommation d’électricité, le permis est délivré par le maire de la commune ; par le préfet de département si la production est destinée entièrement au réseau électrique. L’attestation de conformité est délivrée par l’installateur.

Claire Caron
Article paru dans Habitat Naturel n°7,
mars-avril 2006 (www.habitatnaturel.fr)

*ARC : Accès au Réseau de Distribution

*ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie

*DIDEME : DIrection de la Demande et des Marchés Energétiques (Ministère de l’Industrie)

*DRIRE : Direction Régionale de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement

*FACE : Fonds d’Amortissement des Charges d’Electrification

*MDE : Maîtrise de la Demande en Electricité

*ZDE : Zones de Développement Eolien



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