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Pradeep Indulkar, un ami militant parti trop tôt

Publié initialement dans la revue Sortir du nucléaire n°97 le 16 mars 2023, mis en ligne le 17 novembre 2023



Ancien ingénieur reconverti, militant, photographe, auteur et réalisateur empathique, Pradeep Indulkar a soudainement quitté ce monde le 4 novembre 2022, à l’âge de 59 ans.



Ingénieur en mécanique, Pradeep Indulkar abandonne au début des années 2000 son prestigieux poste au Bhabha Atomic Research Center pour se tourner vers la protection de l’environnement.

Il conçoit des modèles 3D pour des offices gouvernementaux, comme l’aquarium de Taraporewala ou le Parc national de Borivali. L’impact sur la population de la centrale de Tarapur (1969), dans sa belle région du Kokan, lui inspire le documentaire High Power, prix Oscar jaune à l’Uranium Film Festival de Rio de Janeiro en 2013. Le Censor Board empêchera sa sortie en Inde.

Pradeep tourne alors en Europe, aux États-Unis et au Japon afin de le diffuser et de sensibiliser le public aux retombées du nucléaire. Tournées au chapeau dont il ne tire aucun bénéfice financier. En arrivant en Allemagne, me confiera-t-il, il avait 45€ en poche…

Il reviendra en 2015 avec Jaitapur Live, documentaire sur le projet de super-centrale Areva, puis en 2017 à Paris, au Forum social mondial anti-nucléaire.

À Thane, où il vit, il fonde une association pour lutter contre les constructions illégales, la pollution de l’air, l’abattage des arbres, la pollution sonore, et n’hésite pas à traîner la municipalité en justice.

Fidèle, il gardera des liens de ses tournées et, après l’avoir hébergé, je serai accueillie dans sa famille. Visites touristiques et militantes avec lui, durant lesquelles je constaterai la qualité de son rayonnement.

Il rentrait d’une réunion lorsqu’une crise cardiaque l’a foudroyé. Il s’apprêtait en décembre 2022 à réaliser l’un de ses rêves : un long métrage en marathi au sujet d’une légende.

Marie Volta

Pradeep Indulkar par SAM

Mon ami Pradeep

Pradeep Indulkar, ancien ingénieur du nucléaire ayant retourné sa veste après d’étranges problèmes de santé, devenu réalisateur de films critiques sur le nucléaire indien, me contacta un jour. Il cherchait un tourneur en France. Vu son profil, je répondis présent.

Deux semaines dans le nord-est, le centre et vers Paris en 2013, trois semaines en 2015 dans le sud, sud-ouest et nord-ouest. Je conduisais et, curieux de tout, il posait mille questions. Par exemple, pourquoi les vaches de nos campagnes ont-elles toutes ce bout de plastique à l’oreille ? Cela me fit réaliser que, pour le moment, l’Inde échappe à ce Big Control.

Ses films suscitaient beaucoup d’intérêt. Je traduisais les débats puis nous logions chez les copains militants, motivés et charmants. Nous devînmes copains et comparses. Faut dire qu’avant un départ en tournée, deux nuits presque blanches pour finaliser les sous-titres en français, ça soude.

Sa grande banderole : Areva dégage ! Laisse Jaitapur vivre !, signée par de très nombreuses personnes, sera offerte aux paysans de Jaitapur.

Il me rapporta que l’un de ses anciens collègues lui avait lancé :

"- Hé Pradeep, tu as la belle vie maintenant, à voyager à travers le monde et être accueilli partout chez les gens !

 Tu as raison. Tu pourrais même m’accompagner. Seule condition : devenir antinucléaire."

L’autre ne répondit pas…

Il m’invitait souvent à le rejoindre sur un grand pèlerinage hindou bimillénaire. Mais j’avais toujours autre chose à faire. Regrets. Parce qu’on se laisse croire que notre vie est presque aussi durable que certains déchets radioactifs…

Pradeep, peut-être dans une autre vie ? Alors là, comme pour tes tournées, je répondrai présent.

André Larivière

Ingénieur en mécanique, Pradeep Indulkar abandonne au début des années 2000 son prestigieux poste au Bhabha Atomic Research Center pour se tourner vers la protection de l’environnement.

Il conçoit des modèles 3D pour des offices gouvernementaux, comme l’aquarium de Taraporewala ou le Parc national de Borivali. L’impact sur la population de la centrale de Tarapur (1969), dans sa belle région du Kokan, lui inspire le documentaire High Power, prix Oscar jaune à l’Uranium Film Festival de Rio de Janeiro en 2013. Le Censor Board empêchera sa sortie en Inde.

Pradeep tourne alors en Europe, aux États-Unis et au Japon afin de le diffuser et de sensibiliser le public aux retombées du nucléaire. Tournées au chapeau dont il ne tire aucun bénéfice financier. En arrivant en Allemagne, me confiera-t-il, il avait 45€ en poche…

Il reviendra en 2015 avec Jaitapur Live, documentaire sur le projet de super-centrale Areva, puis en 2017 à Paris, au Forum social mondial anti-nucléaire.

À Thane, où il vit, il fonde une association pour lutter contre les constructions illégales, la pollution de l’air, l’abattage des arbres, la pollution sonore, et n’hésite pas à traîner la municipalité en justice.

Fidèle, il gardera des liens de ses tournées et, après l’avoir hébergé, je serai accueillie dans sa famille. Visites touristiques et militantes avec lui, durant lesquelles je constaterai la qualité de son rayonnement.

Il rentrait d’une réunion lorsqu’une crise cardiaque l’a foudroyé. Il s’apprêtait en décembre 2022 à réaliser l’un de ses rêves : un long métrage en marathi au sujet d’une légende.

Marie Volta

Pradeep Indulkar par SAM

Mon ami Pradeep

Pradeep Indulkar, ancien ingénieur du nucléaire ayant retourné sa veste après d’étranges problèmes de santé, devenu réalisateur de films critiques sur le nucléaire indien, me contacta un jour. Il cherchait un tourneur en France. Vu son profil, je répondis présent.

Deux semaines dans le nord-est, le centre et vers Paris en 2013, trois semaines en 2015 dans le sud, sud-ouest et nord-ouest. Je conduisais et, curieux de tout, il posait mille questions. Par exemple, pourquoi les vaches de nos campagnes ont-elles toutes ce bout de plastique à l’oreille ? Cela me fit réaliser que, pour le moment, l’Inde échappe à ce Big Control.

Ses films suscitaient beaucoup d’intérêt. Je traduisais les débats puis nous logions chez les copains militants, motivés et charmants. Nous devînmes copains et comparses. Faut dire qu’avant un départ en tournée, deux nuits presque blanches pour finaliser les sous-titres en français, ça soude.

Sa grande banderole : Areva dégage ! Laisse Jaitapur vivre !, signée par de très nombreuses personnes, sera offerte aux paysans de Jaitapur.

Il me rapporta que l’un de ses anciens collègues lui avait lancé :

"- Hé Pradeep, tu as la belle vie maintenant, à voyager à travers le monde et être accueilli partout chez les gens !

 Tu as raison. Tu pourrais même m’accompagner. Seule condition : devenir antinucléaire."

L’autre ne répondit pas…

Il m’invitait souvent à le rejoindre sur un grand pèlerinage hindou bimillénaire. Mais j’avais toujours autre chose à faire. Regrets. Parce qu’on se laisse croire que notre vie est presque aussi durable que certains déchets radioactifs…

Pradeep, peut-être dans une autre vie ? Alors là, comme pour tes tournées, je répondrai présent.

André Larivière



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