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Sortir du nucléaire n°55



Automne 2012

Micro-reportage

"Portes ouvertes" et transparence opaque à l’IRSN

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°55 - Automne 2012

 Lobby nucléaire


Merci au militant anonyme qui nous a transmis ce "micro-reportage" très révélateur, à l’issue de la journée "L’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) vous ouvre toutes ses portes", qui avait lieu le 15 septembre 2012.



Un tout petit tour à l’IRSN de Fontenay-aux-Roses. Je ne vois pas les roses... Je gare ma voiture assez loin, par manque de place, vers 11 heures. Les civils qui rentrent sont BCBG. Le service de sécurité semble assez important mais le commutateur est positionné sur courtoisie !

Normalement, il est interdit de circuler à pied ou en vélo, et les véhicules autorisés sont limités à 20 km/h. Mais aujourd’hui, on a le droit de se déplacer à pied (si l’on a un badge). Je fais donc la queue dans une grande tente surchauffée où se trouve l’accueil, pour échanger ma carte d’identité contre un badge.

Première "expo" dans une autre tente surchauffée. Le premier mot : IRSN, le troisième INDÉPENDANCE, et le quatrième TRANSPARENCE... Je continue dans la tente ; plusieurs petites choses qui méritent d’être photographiées. Mais NON, les photographies, les films sont INTERDITS ! On peut prendre des notes, et je vois une personne en prendre sur un bloc. Super la transparence... style XIXe siècle.

Il fait très chaud et je m’énerve. Je reviens au début de la petite expo, et interpelle une, puis deux personnes sur l’interdiction de photographier la transparence et sur le statut d’EPIC de l’IRSN, donc à vocation industrielle et commerciale, et sa dépendance envers plusieurs ministères dont ceux de la Défense et du Commerce... que profit maximum et risque minimum ne se marient pas. Ils ne voient pas le problème, ils se sentent totalement indépendants. Ils n’ont jamais eu de problème. Je demande ce que pense officiellement l’IRSN des centaines d’essais nucléaires aériens qui ont eu lieu dans le passé... je n’ai pas de réponse ! Leurs commutateurs sont en position "indépendance, transparence, interdiction et silence".

Je sors, j’ai chaud. Je regarde le programme... énorme... j’ai déjà raté des "conférences", des visites... On doit s’inscrire à chaque "truc", et donner son numéro de badge. Je m’assieds au premier "truc". Je n’ai plus de badge, il s’est décollé avec la chaleur, il ne reste que la pince ! Pendant quelques minutes je suis un clandestin, je ne peux plus circuler, je ne peux plus sortir ! Heureusement, c’est assez clean, et on aurait du mal à cacher une aiguille de plutonium... j’aperçois au loin un rond blanc... mon badge !

Je me suis inscrit à un truc. Il y a une demi-heure d’attente et j’ai envie d’uriner. Ce n’est pas prévu ! On m’accompagne aux toilettes... En sortant je tombe sur un "gus" qui me demande ce que je fais là. Je réponds : "comme vous, je pisse !". "Vous ne devez pas être là" me répond-il ! Je zappe et je lui réponds qu’une porte de toilettes de sécurité doit s’ouvrir dans l’autre sens et que si l’on ne sait pas faire de la sécurité dans des toilettes, on ne fait pas de sécurité dans le nucléaire. "C’est pas à moi qu’il faut dire ça" me répond-il en partant. On accompagnera bien d’autres personnes aux toilettes par la suite...

Dans une salle à côté des toilettes, un film de propagande passe en boucle. Au-dessus, "interdit de filmer" ! Je m’assieds et le regarde... niveau CAP de la manipulation... je pense que tout sera pareil, et que ça va me faire surchauffer... je pars...

Je retourne dans la tente de l’accueil. Je donne mon badge. On cherche ma carte d’identité... on cherche... elle n’est pas à l’accueil avec les autres... j’attends... on cherche... je surchauffe et ressors me mettre au frais. Je regarde du coin de l’œil... j’entends : "on va chercher votre carte"... ?! Ma carte d’identité a quitté l’accueil... pour où ? Pourquoi ? Le "gus" des toilettes a-t-il lu mon numéro de badge ? Je suis revenu trop vite, avant que ma carte ne revienne de... quelque part !?

Je vois un panier avec "votre avis nous intéresse !". Bingo, je retrousse mes manches, prêt à donner mon AVIS... En fait d’avis, on peut dire si on est un homme ou une femme, si l’on était venu seul ou accompagné, et comment on avait entendu parler de la journée "portes ouvertes", etc. Il s’agit donc d’un questionnaire où l’on ne peut pas donner son avis.

Je me casse, avec ma carte enfin retrouvée.

Un tout petit tour à l’IRSN de Fontenay-aux-Roses. Je ne vois pas les roses... Je gare ma voiture assez loin, par manque de place, vers 11 heures. Les civils qui rentrent sont BCBG. Le service de sécurité semble assez important mais le commutateur est positionné sur courtoisie !

Normalement, il est interdit de circuler à pied ou en vélo, et les véhicules autorisés sont limités à 20 km/h. Mais aujourd’hui, on a le droit de se déplacer à pied (si l’on a un badge). Je fais donc la queue dans une grande tente surchauffée où se trouve l’accueil, pour échanger ma carte d’identité contre un badge.

Première "expo" dans une autre tente surchauffée. Le premier mot : IRSN, le troisième INDÉPENDANCE, et le quatrième TRANSPARENCE... Je continue dans la tente ; plusieurs petites choses qui méritent d’être photographiées. Mais NON, les photographies, les films sont INTERDITS ! On peut prendre des notes, et je vois une personne en prendre sur un bloc. Super la transparence... style XIXe siècle.

Il fait très chaud et je m’énerve. Je reviens au début de la petite expo, et interpelle une, puis deux personnes sur l’interdiction de photographier la transparence et sur le statut d’EPIC de l’IRSN, donc à vocation industrielle et commerciale, et sa dépendance envers plusieurs ministères dont ceux de la Défense et du Commerce... que profit maximum et risque minimum ne se marient pas. Ils ne voient pas le problème, ils se sentent totalement indépendants. Ils n’ont jamais eu de problème. Je demande ce que pense officiellement l’IRSN des centaines d’essais nucléaires aériens qui ont eu lieu dans le passé... je n’ai pas de réponse ! Leurs commutateurs sont en position "indépendance, transparence, interdiction et silence".

Je sors, j’ai chaud. Je regarde le programme... énorme... j’ai déjà raté des "conférences", des visites... On doit s’inscrire à chaque "truc", et donner son numéro de badge. Je m’assieds au premier "truc". Je n’ai plus de badge, il s’est décollé avec la chaleur, il ne reste que la pince ! Pendant quelques minutes je suis un clandestin, je ne peux plus circuler, je ne peux plus sortir ! Heureusement, c’est assez clean, et on aurait du mal à cacher une aiguille de plutonium... j’aperçois au loin un rond blanc... mon badge !

Je me suis inscrit à un truc. Il y a une demi-heure d’attente et j’ai envie d’uriner. Ce n’est pas prévu ! On m’accompagne aux toilettes... En sortant je tombe sur un "gus" qui me demande ce que je fais là. Je réponds : "comme vous, je pisse !". "Vous ne devez pas être là" me répond-il ! Je zappe et je lui réponds qu’une porte de toilettes de sécurité doit s’ouvrir dans l’autre sens et que si l’on ne sait pas faire de la sécurité dans des toilettes, on ne fait pas de sécurité dans le nucléaire. "C’est pas à moi qu’il faut dire ça" me répond-il en partant. On accompagnera bien d’autres personnes aux toilettes par la suite...

Dans une salle à côté des toilettes, un film de propagande passe en boucle. Au-dessus, "interdit de filmer" ! Je m’assieds et le regarde... niveau CAP de la manipulation... je pense que tout sera pareil, et que ça va me faire surchauffer... je pars...

Je retourne dans la tente de l’accueil. Je donne mon badge. On cherche ma carte d’identité... on cherche... elle n’est pas à l’accueil avec les autres... j’attends... on cherche... je surchauffe et ressors me mettre au frais. Je regarde du coin de l’œil... j’entends : "on va chercher votre carte"... ?! Ma carte d’identité a quitté l’accueil... pour où ? Pourquoi ? Le "gus" des toilettes a-t-il lu mon numéro de badge ? Je suis revenu trop vite, avant que ma carte ne revienne de... quelque part !?

Je vois un panier avec "votre avis nous intéresse !". Bingo, je retrousse mes manches, prêt à donner mon AVIS... En fait d’avis, on peut dire si on est un homme ou une femme, si l’on était venu seul ou accompagné, et comment on avait entendu parler de la journée "portes ouvertes", etc. Il s’agit donc d’un questionnaire où l’on ne peut pas donner son avis.

Je me casse, avec ma carte enfin retrouvée.



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