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Dossier : Nucléaire à l’international

Le nucléaire russe, mondialement dominant, n’est pas frappé d’embargo !

Publié initialement dans la revue Sortir du nucléaire n°98 le 9 juin 2023, mis en ligne le 11 décembre 2023



Si l’invasion de l’Ukraine par la Russie a mené à des sanctions européennes sur le gaz et le charbon russe, le nucléaire, quant à lui, ne semble pas inquiété. Et pour cause : l’industrie russe occupe un rôle stratégique majeur dans le nucléaire mondial, fournissant combustibles et infrastructures à de nombreux États.



L’industrie nucléaire russe dans les grandes lignes

  • 17 réacteurs en fonctionnement, produisant autour de 200TWh/an, soit 20% du mix électrique du pays (contre 400TWh/an, soit 70% du mix électrique en France) ;
  • 3 réacteurs en construction ;
  • 10 réacteurs définitivement arrêtés ;
  • 2 petits réacteurs SMR sur barge au nord de la Sibérie, de performance médiocre ;
  • Rosatom, entreprise russe équivalente au regroupement des entreprises françaises Framatome et Orano, construit 21 des 53 réacteurs en chantier à travers le monde : 4 en Chine, en Inde et en Turquie, 3 en Russie, 2 au Bangladesh et en Slovaquie, 1 en Égypte et en Iran ;
  • La Russie est un exportateur agressif dans le nucléaire, avec 35 projets de réacteurs au monde, en plus des 21 en cours de construction ;
  • Rosatom assure le tiers de tous les services mondiaux de conversion de l’uranium, dont 40% de la production d’uranium enrichi civil ;
  • La Russie est le seul pays ayant l’infrastructure industrielle permettant d’enrichir l’uranium de retraitement, en particulier celui de la France produit à La Hague. Cet uranium enrichi de retraitement retourne en France mais 90% du volume initial devient un déchet très contaminant laissé sur place. ;
  • La Russie alimente en combustible nucléaire neuf la Slovaquie [1], la Bulgarie, la Tchéquie, la Hongrie, la Finlande (sauf l’EPR) et 30% des besoins de la France et des USA ;
  • L’uranium naturel importé du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan, qui alimente 40 % de la consommation française, transite par la Russie sous le contrôle de Rosatom.

Malgré la guerre en Ukraine, pas d’embargo !

Depuis mars 2022, la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia est sous occupation russe.

La demande du Parlement européen d’inclure l’industrie nucléaire dans les sanctions contre la Russie après l’agression de l’Ukraine le 24 février 2022 est restée sans suite.

L’accord stratégique de coopération, signé en décembre 2021, entre Framatome et Rosatom n’a pas été dénoncé. Il se concrétise en particulier par des fournitures par l’entreprise française de composants essentiels pour les réacteurs construits par l’entreprise russe Rosatom, pour un montant avoisinant le milliard d’euros.

Pourtant un embargo sur le nucléaire russe, vu le faible nombre d’entreprises du secteur nucléaire, serait beaucoup moins facile à contourner que ne le sont les embargos contre le pétrole et gaz russe.

Les industries nucléaires civiles et militaires étant très liées, un embargo sur le nucléaire impacterait aussi le nucléaire militaire, armes atomiques et réacteurs de propulsion des navires et sous-marins.

Pourquoi cette absence d’embargo ? L’importation de Russie de près du tiers des combustibles nucléaires neufs indispensables au fonctionnement des centrales nucléaires en France et aux USA ne serait-elle pas la raison ? Surtout qu’aucune alternative immédiate de production n’étant disponible au monde, des réacteurs se retrouveraient à l’arrêt faute de combustible.

Martial Chateau

Pour aller plus loin

https://www.sortirdunucleaire.org/Atlas-mondial-de-l-uranium

https://s.42l.fr/ouestfrance-sanctions-nucleaire-russe

https://www.global-chance.org/La-triple-dependance-francaise-en-combustible-nucleaire

https://s.42l.fr/greenpeace-rapport-uranium

https://www.acro.eu.org/dou-vient-luranium-importe-en-france


Notes

[1Quelques semaines après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une livraison à la Slovaquie de combustible neuf a été effectuée par avion à partir de la Russie avec autorisation de survol de la Biélorussie et de la Pologne !

L’industrie nucléaire russe dans les grandes lignes

  • 17 réacteurs en fonctionnement, produisant autour de 200TWh/an, soit 20% du mix électrique du pays (contre 400TWh/an, soit 70% du mix électrique en France) ;
  • 3 réacteurs en construction ;
  • 10 réacteurs définitivement arrêtés ;
  • 2 petits réacteurs SMR sur barge au nord de la Sibérie, de performance médiocre ;
  • Rosatom, entreprise russe équivalente au regroupement des entreprises françaises Framatome et Orano, construit 21 des 53 réacteurs en chantier à travers le monde : 4 en Chine, en Inde et en Turquie, 3 en Russie, 2 au Bangladesh et en Slovaquie, 1 en Égypte et en Iran ;
  • La Russie est un exportateur agressif dans le nucléaire, avec 35 projets de réacteurs au monde, en plus des 21 en cours de construction ;
  • Rosatom assure le tiers de tous les services mondiaux de conversion de l’uranium, dont 40% de la production d’uranium enrichi civil ;
  • La Russie est le seul pays ayant l’infrastructure industrielle permettant d’enrichir l’uranium de retraitement, en particulier celui de la France produit à La Hague. Cet uranium enrichi de retraitement retourne en France mais 90% du volume initial devient un déchet très contaminant laissé sur place. ;
  • La Russie alimente en combustible nucléaire neuf la Slovaquie [1], la Bulgarie, la Tchéquie, la Hongrie, la Finlande (sauf l’EPR) et 30% des besoins de la France et des USA ;
  • L’uranium naturel importé du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan, qui alimente 40 % de la consommation française, transite par la Russie sous le contrôle de Rosatom.

Malgré la guerre en Ukraine, pas d’embargo !

Depuis mars 2022, la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporizhzhia est sous occupation russe.

La demande du Parlement européen d’inclure l’industrie nucléaire dans les sanctions contre la Russie après l’agression de l’Ukraine le 24 février 2022 est restée sans suite.

L’accord stratégique de coopération, signé en décembre 2021, entre Framatome et Rosatom n’a pas été dénoncé. Il se concrétise en particulier par des fournitures par l’entreprise française de composants essentiels pour les réacteurs construits par l’entreprise russe Rosatom, pour un montant avoisinant le milliard d’euros.

Pourtant un embargo sur le nucléaire russe, vu le faible nombre d’entreprises du secteur nucléaire, serait beaucoup moins facile à contourner que ne le sont les embargos contre le pétrole et gaz russe.

Les industries nucléaires civiles et militaires étant très liées, un embargo sur le nucléaire impacterait aussi le nucléaire militaire, armes atomiques et réacteurs de propulsion des navires et sous-marins.

Pourquoi cette absence d’embargo ? L’importation de Russie de près du tiers des combustibles nucléaires neufs indispensables au fonctionnement des centrales nucléaires en France et aux USA ne serait-elle pas la raison ? Surtout qu’aucune alternative immédiate de production n’étant disponible au monde, des réacteurs se retrouveraient à l’arrêt faute de combustible.

Martial Chateau

Pour aller plus loin

https://www.sortirdunucleaire.org/Atlas-mondial-de-l-uranium

https://s.42l.fr/ouestfrance-sanctions-nucleaire-russe

https://www.global-chance.org/La-triple-dependance-francaise-en-combustible-nucleaire

https://s.42l.fr/greenpeace-rapport-uranium

https://www.acro.eu.org/dou-vient-luranium-importe-en-france



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 Guerre en Ukraine  Politique énergétique