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Sortir du nucléaire n°50



Eté 2011

Fukushima

La roulette nucléaire

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°50 - Eté 2011

 Fukushima
Article publié le : 1er août 2011


Les accidents de Three Mile Island, de Tchernobyl et de Fukushima n’arrivent pas à ramener les humains à la raison. Quelle est l’ampleur de la catastrophe qui fera remettre véritablement en question la filière nucléaire ?

Les catastrophes récentes au Japon nous rappellent combien l’être humain est faible face aux forces de la nature et combien ses ambitions et ses illusions sont vaines lorsqu’elles sont confrontées au monde réel.

Maintenant que la poussière radioactive retombe, plusieurs souhaitent se vautrer dans le confort des explications rassurantes et des voeux pieux pour l’avenir. Malheureusement, les paroles humaines n’ont pas le pouvoir de modifier les lois de l’univers, mais uniquement celui de les camoufler.

Les déchets générés par une centrale nucléaire contiennent un large éventail d’éléments radioactifs, dont la demi-vie varie de quelques fractions de seconde à quelques milliards d’années. Lors de leur désintégration, les éléments radioactifs se transforment en d’autres substances qui sont souvent à leur tour radioactives. Les connaissances actuelles ne permettent d’envisager qu’une seule issue réaliste à cette spirale de création d’éléments radioactifs, et c’est d’attendre sagement la fin de l’existence de notre planète.

Les déchets nucléaires que nous avons produits jusqu’à maintenant feront donc partie pour toujours de l’histoire de l’homme et de toutes les autres espèces qui auront à vivre sur la Terre. Il est ridicule de prétendre qu’il est possible de gérer de manière sécuritaire des déchets radioactifs jusqu’à la fin de l’épopée terrestre. Ces substances toxiques seront donc inévitablement relâchées dans la nature un jour ou l’autre. D’une certaine manière, la récente catastrophe japonaise ne fait pas beaucoup plus qu’accélérer ce processus. Le vrai problème est que nous sommes personnellement confrontés à ce que nous souhaitons léguer hypocritement aux générations futures.

Qu’en est-il de la dangerosité de ces éléments radioactifs ? Encore une fois, il faut distinguer les discours rassurants de la réalité crue. Les autorités se plaisent à définir des seuils "sécuritaires"
au-dessous desquels elles annoncent que les doses de rayonnement absorbées ne comportent aucun risque pour la santé. Cette approche n’est toutefois pas basée sur les mécanismes réels d’interaction entre le rayonnement et les cellules vivantes. Elle repose plutôt sur l’idée qu’il est acceptable qu’un certain pourcentage de gens développe divers problèmes de santé après leur exposition à un rayonnement. Il s’agit en fait d’un risque bien réel, que l’on décide sciemment de faire assumer par la population.

Il faut comprendre que la nature se moque des lois et des normes édictées par l’homme. Les problèmes de santé liés à une exposition à un rayonnement résultent en fait de considérations probabilistes. À la limite, un seul photon gamma pourrait causer un cancer. Si on veut éliminer les risques, il faut donc tout simplement ne pas s’exposer à des rayonnements potentiellement dangereux.

Nous voilà donc en présence de déchets toxiques éternels qui causent préjudice à toutes les formes de vie. Ce constat n’est-il pas suffisant pour mettre un terme à la folie nucléaire humaine ? De toute évidence, non. Même les accidents de Three Mile Island, de Tchernobyl et de Fukushima Daiichi n’arrivent pas à nous ramener à la raison. Quelle est l’ampleur de la catastrophe qui fera remettre véritablement en question la filière nucléaire ? L’intelligence limitée de l’homme le condamne-t-il irrémédiablement à commettre les mêmes erreurs jusqu’à l’extinction définitive de sa propre espèce ?

Le barillet de notre revolver nucléaire compte encore plusieurs cartouches. Il reste à savoir qui sera devant le canon lors du prochain accident. Les autorités doivent déjà réfléchir aux justifications et aux paroles apaisantes qu’elles pourront resservir à la population après la catastrophe.

Arielle Deschênes
Source : La Presse, 22 mars 2011

Les accidents de Three Mile Island, de Tchernobyl et de Fukushima n’arrivent pas à ramener les humains à la raison. Quelle est l’ampleur de la catastrophe qui fera remettre véritablement en question la filière nucléaire ?

Les catastrophes récentes au Japon nous rappellent combien l’être humain est faible face aux forces de la nature et combien ses ambitions et ses illusions sont vaines lorsqu’elles sont confrontées au monde réel.

Maintenant que la poussière radioactive retombe, plusieurs souhaitent se vautrer dans le confort des explications rassurantes et des voeux pieux pour l’avenir. Malheureusement, les paroles humaines n’ont pas le pouvoir de modifier les lois de l’univers, mais uniquement celui de les camoufler.

Les déchets générés par une centrale nucléaire contiennent un large éventail d’éléments radioactifs, dont la demi-vie varie de quelques fractions de seconde à quelques milliards d’années. Lors de leur désintégration, les éléments radioactifs se transforment en d’autres substances qui sont souvent à leur tour radioactives. Les connaissances actuelles ne permettent d’envisager qu’une seule issue réaliste à cette spirale de création d’éléments radioactifs, et c’est d’attendre sagement la fin de l’existence de notre planète.

Les déchets nucléaires que nous avons produits jusqu’à maintenant feront donc partie pour toujours de l’histoire de l’homme et de toutes les autres espèces qui auront à vivre sur la Terre. Il est ridicule de prétendre qu’il est possible de gérer de manière sécuritaire des déchets radioactifs jusqu’à la fin de l’épopée terrestre. Ces substances toxiques seront donc inévitablement relâchées dans la nature un jour ou l’autre. D’une certaine manière, la récente catastrophe japonaise ne fait pas beaucoup plus qu’accélérer ce processus. Le vrai problème est que nous sommes personnellement confrontés à ce que nous souhaitons léguer hypocritement aux générations futures.

Qu’en est-il de la dangerosité de ces éléments radioactifs ? Encore une fois, il faut distinguer les discours rassurants de la réalité crue. Les autorités se plaisent à définir des seuils "sécuritaires"
au-dessous desquels elles annoncent que les doses de rayonnement absorbées ne comportent aucun risque pour la santé. Cette approche n’est toutefois pas basée sur les mécanismes réels d’interaction entre le rayonnement et les cellules vivantes. Elle repose plutôt sur l’idée qu’il est acceptable qu’un certain pourcentage de gens développe divers problèmes de santé après leur exposition à un rayonnement. Il s’agit en fait d’un risque bien réel, que l’on décide sciemment de faire assumer par la population.

Il faut comprendre que la nature se moque des lois et des normes édictées par l’homme. Les problèmes de santé liés à une exposition à un rayonnement résultent en fait de considérations probabilistes. À la limite, un seul photon gamma pourrait causer un cancer. Si on veut éliminer les risques, il faut donc tout simplement ne pas s’exposer à des rayonnements potentiellement dangereux.

Nous voilà donc en présence de déchets toxiques éternels qui causent préjudice à toutes les formes de vie. Ce constat n’est-il pas suffisant pour mettre un terme à la folie nucléaire humaine ? De toute évidence, non. Même les accidents de Three Mile Island, de Tchernobyl et de Fukushima Daiichi n’arrivent pas à nous ramener à la raison. Quelle est l’ampleur de la catastrophe qui fera remettre véritablement en question la filière nucléaire ? L’intelligence limitée de l’homme le condamne-t-il irrémédiablement à commettre les mêmes erreurs jusqu’à l’extinction définitive de sa propre espèce ?

Le barillet de notre revolver nucléaire compte encore plusieurs cartouches. Il reste à savoir qui sera devant le canon lors du prochain accident. Les autorités doivent déjà réfléchir aux justifications et aux paroles apaisantes qu’elles pourront resservir à la population après la catastrophe.

Arielle Deschênes
Source : La Presse, 22 mars 2011



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