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Sortir du nucléaire n°45



Avril 2010

A lire

La Centrale, un roman à lire d’urgence !

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°45 - Avril 2010


Article publié le : 1er avril 2010


Une plongée dans l’univers des travailleurs du nucléaire



Ce sont les ouvriers de l’invisible. Ils se glissent au cœur des centrales nucléaires, vivant au rythme des embauches saisonnières et des trois-huit quotidiens, faisant le sale boulot pour de maigres salaires, côtoyant en permanence le risque et la précarité. […] Ils sont soudeurs, robinetiers, mécaniciens, électriciens ou ouvriers non qualifiés. Ils vivent le plus souvent entre camarades dans des caravanes, mais aussi parfois en famille. Ils se déplacent de site en site (la France compte dix-neuf centrales), au gré des "arrêts de tranche", ces interruptions régulières du fonctionnement des réacteurs, pour permettre l’accès aux zones normalement confinées, le remplacement du combustible usé, les inspections de contrôle et les travaux de maintenance. “Quels sont vos projets ? Je lui dis, en avril le Blayais, et en mai Tricastin.”

[…] Le personnage, dont le meilleur ami, Loïc, a jeté l’éponge un an plus tôt, vient d’être victime d’un incident. Il attend le diagnostic ; pour lui, le couperet est-il plutôt celui de la santé ou de l’arrêt de travail forcé ? “Chair à neutrons. Viande à rem. On double l’effectif pour les trois semaines que dure un arrêt de tranche. Le rem, c’est l’ancienne unité, dans l’ancien système. Aujourd’hui le sievert. Ce que chacun vient vendre c’est ça, vingt millisieverts, la dose maximale d’irradiation autorisée sur douze mois glissants. Et les corps peuvent s’empiler en première ligne, il semble que la réserve soit inépuisable. J’ai eu mon heure. J’ai été celui qu’on entraîne à l’arrière du front.” Cette guerre se mène en silence, dans l’illusion de liberté que donne l’imprévu de la route et les agences d’intérim. “Nomade, ce n’est pas l’exploration continue de nouvelles terres, c’est une façon d’être en boucle, mais alors sur un territoire suffisamment vaste.”

[…] Que viennent-ils chercher là, ces hommes ? Quelle est leur vie personnelle, quelles sont leurs motivations ? Où puisent-ils la force de cet engagement total que le poste requiert ? “Vous connaissez les gestes. Des gestes simples que vous refaites mentalement, on vous l’a dit, la difficulté n’est pas dans le geste.” Et derrière tout cela le spectre de l’accident, toujours possible malgré les normes strictes, comme celui de 1986 près de Tchernobyl, en Ukraine, dont l’auteur fait le récit bref et glaçant, minute par minute.

Sabine Audrerie
La Croix, 7 janvier 2010

[…] Extrême précision documentaire et narration très incarnée : Elisabeth Filhol tient ces deux fils, les suit l’un et l’autre, les croise et les tisse, pour former un tissu romanesque extrêmement original et convaincant. La minutie froide, radicale, presque envoûtante des développements techniques et scientifiques, qui sont comme autant de plongées hyperréalistes dans le monde de l’industrie nucléaire ou dans celui, infiniment petit et anxiogène, de l’atome et de la fission, participe pleinement du dispositif narratif de La Centrale. Confrontant la fragilité des hommes à la froideur, la complexité, l’inaccessibilité, mais aussi la séduction puissante de la technologie. Interrogeant, sans militantisme mais avec beaucoup d’humanité, la validité du sacrifice que le monde moderne exige de l’homme.

Nathalie Crom
Télérama n° 3130, 9 janvier 2010
La centrale

Elisabeth Filhol, Ed. P.O.L., roman de 144 pages, 2010.

A commander au prix de 18€ port compris, au Réseau "Sortir du nucléaire", 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 (chèque à l’ordre de "Sortir du nucléaire") ou dans notre boutique en ligne.

Ce sont les ouvriers de l’invisible. Ils se glissent au cœur des centrales nucléaires, vivant au rythme des embauches saisonnières et des trois-huit quotidiens, faisant le sale boulot pour de maigres salaires, côtoyant en permanence le risque et la précarité. […] Ils sont soudeurs, robinetiers, mécaniciens, électriciens ou ouvriers non qualifiés. Ils vivent le plus souvent entre camarades dans des caravanes, mais aussi parfois en famille. Ils se déplacent de site en site (la France compte dix-neuf centrales), au gré des "arrêts de tranche", ces interruptions régulières du fonctionnement des réacteurs, pour permettre l’accès aux zones normalement confinées, le remplacement du combustible usé, les inspections de contrôle et les travaux de maintenance. “Quels sont vos projets ? Je lui dis, en avril le Blayais, et en mai Tricastin.”

[…] Le personnage, dont le meilleur ami, Loïc, a jeté l’éponge un an plus tôt, vient d’être victime d’un incident. Il attend le diagnostic ; pour lui, le couperet est-il plutôt celui de la santé ou de l’arrêt de travail forcé ? “Chair à neutrons. Viande à rem. On double l’effectif pour les trois semaines que dure un arrêt de tranche. Le rem, c’est l’ancienne unité, dans l’ancien système. Aujourd’hui le sievert. Ce que chacun vient vendre c’est ça, vingt millisieverts, la dose maximale d’irradiation autorisée sur douze mois glissants. Et les corps peuvent s’empiler en première ligne, il semble que la réserve soit inépuisable. J’ai eu mon heure. J’ai été celui qu’on entraîne à l’arrière du front.” Cette guerre se mène en silence, dans l’illusion de liberté que donne l’imprévu de la route et les agences d’intérim. “Nomade, ce n’est pas l’exploration continue de nouvelles terres, c’est une façon d’être en boucle, mais alors sur un territoire suffisamment vaste.”

[…] Que viennent-ils chercher là, ces hommes ? Quelle est leur vie personnelle, quelles sont leurs motivations ? Où puisent-ils la force de cet engagement total que le poste requiert ? “Vous connaissez les gestes. Des gestes simples que vous refaites mentalement, on vous l’a dit, la difficulté n’est pas dans le geste.” Et derrière tout cela le spectre de l’accident, toujours possible malgré les normes strictes, comme celui de 1986 près de Tchernobyl, en Ukraine, dont l’auteur fait le récit bref et glaçant, minute par minute.

Sabine Audrerie
La Croix, 7 janvier 2010

[…] Extrême précision documentaire et narration très incarnée : Elisabeth Filhol tient ces deux fils, les suit l’un et l’autre, les croise et les tisse, pour former un tissu romanesque extrêmement original et convaincant. La minutie froide, radicale, presque envoûtante des développements techniques et scientifiques, qui sont comme autant de plongées hyperréalistes dans le monde de l’industrie nucléaire ou dans celui, infiniment petit et anxiogène, de l’atome et de la fission, participe pleinement du dispositif narratif de La Centrale. Confrontant la fragilité des hommes à la froideur, la complexité, l’inaccessibilité, mais aussi la séduction puissante de la technologie. Interrogeant, sans militantisme mais avec beaucoup d’humanité, la validité du sacrifice que le monde moderne exige de l’homme.

Nathalie Crom
Télérama n° 3130, 9 janvier 2010
La centrale

Elisabeth Filhol, Ed. P.O.L., roman de 144 pages, 2010.

A commander au prix de 18€ port compris, au Réseau "Sortir du nucléaire", 9 rue Dumenge 69317 Lyon Cedex 04 (chèque à l’ordre de "Sortir du nucléaire") ou dans notre boutique en ligne.



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