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Sortir du nucléaire n°37



Déc - janv 2008

Histoire

Il y a 20 ans au Brésil : plus de 1000 victimes lors de la contamination radioactive à Goiânia

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°37 - Déc - janv 2008

 Nucléaire et santé
Article publié le : 1er janvier 2008


Le 10-13 septembre 1987 à Goiânia (Brésil), la dispersion d’une source médicale de chlorure de césium 137, abandonnée en 1985 dans une clinique désaffectée, a eu des conséquences très graves.



Le barillet de l’appareil d’irradiation, contenant la source radioactive, a été récupéré par deux ferrailleurs pères de famille qui l’ont rapporté chez eux. Les premiers signes d’irradiation globale et localisée, vomissements et diarrhées, sont apparus dès le lendemain chez ces deux ferrailleurs, suivis rapidement d’érythème des mains, d’autres membres des deux familles ont aussi souffert de troubles identiques. Ces ennuis de santé n’ont pas empêché les “bricoleurs” de cisailler le barillet, ce qui a entraîné la libération de la poudre de césium. Les troubles présentés par les deux chefs de famille ne faisant qu’empirer, ces derniers ont consulté un médecin qui a diagnostiqué une pathologie tropicale.

Cinq jours après la “récupération” de la source, les premiers
fragments ont été vendus à des ferrailleurs. La dispersion de
la source de césium 137 dans l’environnement immédiat des habitations a entraîné des troubles digestifs chez les membres de nombreuses familles. Les enfants ont été particulièrement atteints, car, après avoir constaté la luminescence du produit, ils l’ont utilisé pour leurs jeux et pour baliser les allées.

Le 23 septembre, une personne a été hospitalisée pour brûlures. L’origine radiologique de l’accident a alors été évoquée, mais réfutée par le médecin, qui a maintenu son diagnostic d’origine. Ce n’est que quinze jours après l’arrivée de la source au foyer familial que des mesures de débit de dose ont été pratiquées, par un prospecteur de pétrole qui possédait le matériel nécessaire. Le technicien a d’abord cru à une défaillance de son matériel quand l’aiguille de son appareil s’est immédiatement bloquée en butée, dès qu’il a été à proximité des maisons ou des personnes... un deuxième appareil a confirmé la fiabilité de la première mesure.

L’alerte a finalement été donnée dans la nuit du 29 au 30 septembre, deux semaines après la “récupération” de la source. Le stade de football de la ville (un million d’habitants) a été réquisitionné afin de procéder au tri des personnes.

Six personnes ont été immédiatement évacués sur Rio de Janeiro, suivis par quatre autres le 3 octobre. A la mi-octobre, vingt personnes étaient hospitalisées, dont quatorze à Rio de Janeiro et six à Goiânia. Parmi ces vingt personnes, dix avaient reçu des doses comprises entre 300 et 700 rad et huit présentaient des signes
graves d’un syndrome aigu d’irradiation (ce sont des doses “du genre” Hiroshima !). Les traitements n’ont pas pu empêcher le décès de quatre personnes, pour lesquelles les doses reçues ont été évaluées entre 450
et 600 rad.
En outre, vingt-huit personnes ont souffert de brûlures, avec des lésions graves pour une dizaine d’entre eux, nécessitant des greffes et des amputations.

La dispersion considérable de la poudre de césium a causé des contaminations internes (voies d’entrée cutanée et digestive) dont certaines correspondent à des doses très élevées. Pour effectuer les mesures des quantités de césium incorporées par chaque personne, il a fallu construire un appareillage spécial, à cause de la saturation des appareils classiques destinés à la mesure de faibles quantités de radionucléides. Cette construction a pris un mois entier. En avril 1988, six cents personnes avaient été mesurées, parmi lesquelles quatre-vingt-sept avaient des charges corporelles de césium 137 correspondant chez trente adultes à des doses comprises entre 1 et 100 rad, et chez les enfants à des doses souvent supérieures (un enfant de six ans avait une dose engagée de 400 rad).

Une première décontamination de l’environnement, qui a nécessité
la destruction de maisons, n’a été achevée qu’après trois semaines de travaux, elle a nécessité le contrôle des maisons à un kilomètre à la ronde des lieux de l’accident et de 2 000 km de routes. D’octobre à décembre 1987, le bilan global a montré que quatre-vingt-cinq maisons
étaient aussi contaminées, nécessitant l’évacuation de deux cents personnes. La ville et ses environs n’ont été considérés assainis "de façon acceptable" qu’en mars 1988. Les travaux d’assainissement ont généré d’énormes quantités de déchets, plus ou moins radioactifs, en raison d’un tri insuffisant. Un site d’entreposage a été créé à une trentaine de kilomètres de la ville, dans lequel 3 500 m3 de déchets ont été déposés, constitués de 12 500 fûts et 1 500 conteneurs. L’activité totale récupérée a été estimée à environ 85 % de la source.

Plus de dix ans ont été nécessaires pour que les autorités puissent trouver une solution de stockage définitif acceptable par les populations locales et régionales. L’impact de l’accident fut très lourd, et l’économie de toute la région a été affectée.

Aux 4 décès rapides combien doit-on rajouter au bout de 20 ans de morts par leucémies ou par cancers chez ces plus de 1000 victimes contaminées ?

Source : https://www.dissident-media.org/infonucleaire

Le barillet de l’appareil d’irradiation, contenant la source radioactive, a été récupéré par deux ferrailleurs pères de famille qui l’ont rapporté chez eux. Les premiers signes d’irradiation globale et localisée, vomissements et diarrhées, sont apparus dès le lendemain chez ces deux ferrailleurs, suivis rapidement d’érythème des mains, d’autres membres des deux familles ont aussi souffert de troubles identiques. Ces ennuis de santé n’ont pas empêché les “bricoleurs” de cisailler le barillet, ce qui a entraîné la libération de la poudre de césium. Les troubles présentés par les deux chefs de famille ne faisant qu’empirer, ces derniers ont consulté un médecin qui a diagnostiqué une pathologie tropicale.

Cinq jours après la “récupération” de la source, les premiers
fragments ont été vendus à des ferrailleurs. La dispersion de
la source de césium 137 dans l’environnement immédiat des habitations a entraîné des troubles digestifs chez les membres de nombreuses familles. Les enfants ont été particulièrement atteints, car, après avoir constaté la luminescence du produit, ils l’ont utilisé pour leurs jeux et pour baliser les allées.

Le 23 septembre, une personne a été hospitalisée pour brûlures. L’origine radiologique de l’accident a alors été évoquée, mais réfutée par le médecin, qui a maintenu son diagnostic d’origine. Ce n’est que quinze jours après l’arrivée de la source au foyer familial que des mesures de débit de dose ont été pratiquées, par un prospecteur de pétrole qui possédait le matériel nécessaire. Le technicien a d’abord cru à une défaillance de son matériel quand l’aiguille de son appareil s’est immédiatement bloquée en butée, dès qu’il a été à proximité des maisons ou des personnes... un deuxième appareil a confirmé la fiabilité de la première mesure.

L’alerte a finalement été donnée dans la nuit du 29 au 30 septembre, deux semaines après la “récupération” de la source. Le stade de football de la ville (un million d’habitants) a été réquisitionné afin de procéder au tri des personnes.

Six personnes ont été immédiatement évacués sur Rio de Janeiro, suivis par quatre autres le 3 octobre. A la mi-octobre, vingt personnes étaient hospitalisées, dont quatorze à Rio de Janeiro et six à Goiânia. Parmi ces vingt personnes, dix avaient reçu des doses comprises entre 300 et 700 rad et huit présentaient des signes
graves d’un syndrome aigu d’irradiation (ce sont des doses “du genre” Hiroshima !). Les traitements n’ont pas pu empêcher le décès de quatre personnes, pour lesquelles les doses reçues ont été évaluées entre 450
et 600 rad.
En outre, vingt-huit personnes ont souffert de brûlures, avec des lésions graves pour une dizaine d’entre eux, nécessitant des greffes et des amputations.

La dispersion considérable de la poudre de césium a causé des contaminations internes (voies d’entrée cutanée et digestive) dont certaines correspondent à des doses très élevées. Pour effectuer les mesures des quantités de césium incorporées par chaque personne, il a fallu construire un appareillage spécial, à cause de la saturation des appareils classiques destinés à la mesure de faibles quantités de radionucléides. Cette construction a pris un mois entier. En avril 1988, six cents personnes avaient été mesurées, parmi lesquelles quatre-vingt-sept avaient des charges corporelles de césium 137 correspondant chez trente adultes à des doses comprises entre 1 et 100 rad, et chez les enfants à des doses souvent supérieures (un enfant de six ans avait une dose engagée de 400 rad).

Une première décontamination de l’environnement, qui a nécessité
la destruction de maisons, n’a été achevée qu’après trois semaines de travaux, elle a nécessité le contrôle des maisons à un kilomètre à la ronde des lieux de l’accident et de 2 000 km de routes. D’octobre à décembre 1987, le bilan global a montré que quatre-vingt-cinq maisons
étaient aussi contaminées, nécessitant l’évacuation de deux cents personnes. La ville et ses environs n’ont été considérés assainis "de façon acceptable" qu’en mars 1988. Les travaux d’assainissement ont généré d’énormes quantités de déchets, plus ou moins radioactifs, en raison d’un tri insuffisant. Un site d’entreposage a été créé à une trentaine de kilomètres de la ville, dans lequel 3 500 m3 de déchets ont été déposés, constitués de 12 500 fûts et 1 500 conteneurs. L’activité totale récupérée a été estimée à environ 85 % de la source.

Plus de dix ans ont été nécessaires pour que les autorités puissent trouver une solution de stockage définitif acceptable par les populations locales et régionales. L’impact de l’accident fut très lourd, et l’économie de toute la région a été affectée.

Aux 4 décès rapides combien doit-on rajouter au bout de 20 ans de morts par leucémies ou par cancers chez ces plus de 1000 victimes contaminées ?

Source : https://www.dissident-media.org/infonucleaire



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