Centre nucléaire de Marcoule (Gard) le 28 juin 1974 : le tout fraîchement élu Président de la République française, un certain Valéry Giscard dEstaing, et son premier ministre Jacques Chirac reçoivent le Shah, souverain du richissime Iran.
Quelque temps plus tard, un accord est conclu pour financer la construction dEurodif, usine denrichissement duranium, absolument indispensable pour alimenter les 58 réacteurs nucléaires que la France va construire !
LIran prend 10% des parts de lusine et prête un milliard de dollars au Commissariat à lénergie atomique. En échange, la France sengage à fournir à lIran 10% de la production duranium enrichi. Jamais avares dune bonne plaisanterie, Valéry et Jacques prétendent quil ny a là que commerce de technologie civile. Le Shah dIran ne cache pas, lui, que laccord prévoit aussi une aide pour lui permettre dacquérir la bombe atomique et simultanément le statut de grande puissance régionale. Patatras ! Les USA, bienveillants jusque-là, changent davis et aident la révolution islamique à renverser le régime.
Les événements senchaînent alors :
- 5 février 1979 : layatollah Khomeyni arrive à Téhéran grâce à un avion affrété par la France, où il vivait depuis des années.
- avril 1979 : le premier ministre français, Raymond Barre, inaugure Eurodif.
- septembre 1980 : lIrak de Saddam Hussein envahit lIran.
Or, la France ne veut plus respecter ses engagements et livrer de luranium enrichi à Khomeyni. Simultanément, elle fournit massivement lIrak en armes conventionnelles. Pire : depuis 1974, la France aide Saddam Hussein à acquérir larme atomique. Dès septembre 1974, un certain Jacques Chirac, premier ministre, rencontre Saddam Hussein. Ce dernier vient en septembre 1975 à Paris pour une visite officielle qui comprend la visite du site nucléaire de Cadarache. Un accord franco-irakien est signé le 18 novembre 1975. Si Saddam Hussein na pas réussi à fabriquer de bombes atomiques, ce nest pas à cause de la France, qui na pas ménagé ses efforts pour aider le dictateur ! Mais, au début des années 80, personne ne sait si Saddam va réussir ou échouer. En pleine guerre contre lIrak, cest insupportable pour lIran qui, logiquement, exige de la France quelle respecte ses engagements : fourniture duranium enrichi et remboursement dun milliard de dollars.
De 1983 à 1986, des bombes explosent dans de grands magasins parisiens. Des journalistes sont enlevés au Liban. Aux citoyens, on explique que de méchants islamistes veulent du mal à la civilisation occidentale, et on cache la responsabilité écrasante du lobby nucléaire.
Le 17 septembre 1986, la France verse 330 millions de francs à lIran et, simultanément, le journaliste Marcel Carton est libéré. Mais, toujours le même jour (oui, vous lisez bien : le même jour ! Quel hasard !), le PDG de Renault, Georges Besse, est assassiné par Action directe. Certes, il sagissait certainement de la part de cette organisation de punir un grand patron. Mais, semble-t-il, Action directe était manipulée : lIran exigeait de la France lapplication de la partie nucléaire de laccord passé du temps du Shah. Or Georges Besse nétait PDG de Renault que depuis quelque temps. Auparavant, il était tout simplement...lhomme qui avait dirigé la construction et les premières années de fonctionnement de lusine Eurodif ! Est-il besoin den rajouter ?
6 mai 1988 : entre les deux tours de lélection présidentielle, le premier ministre Jacques Chirac assure lIran de garanties politiques sur loctroi sans restrictions par le gouvernement français de licences dexportation duranium enrichi. Les otages français au Liban sont miraculeusement libérés. Mitterrand, Chirac, Giscard, Barre personne na dit la vérité aux français ; les petites aventures du lobby nucléaire français nous coûtent cher. En argent, et en sang.
Mme Lauvergeon nen a cure. Avec le plus grand des mépris, elle a décidé de faire construire une nouvelle usine denrichissement duranium, et de lappeler... Georges Besse 2. Il faudrait savoir ce quen pensent les survivants des attentats des années 80 à Paris et les familles des victimes. Mais la PDG dAreva se veut rassurante : lIran ne sera pas actionnaire de cette nouvelle usine. On oublie tout et on repart pour cent ans de nucléaire ?
Stéphane Lhomme
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