30 juin 2023
Le site nucléaire de Paluel (Normandie) a annoncé fin juin avoir laissé s’évaporer dans la nature 100 kilos de liquides de refroidissement depuis le début de l’année. Ces substances deviennent de puissants gaz à effet de serre une fois à l’air libre. Le site nucléaire a atteint la limite annuelle en 6 mois, et ce n’est pas la première fois (et probablement pas la dernière).
En 2022, au fil de ses "pertes", la centrale nucléaire normande avait au total laissé fuiter plus de 1 000 kilos dans la nature. Sans jamais tenir ses comptes et sans jamais expliquer l’origine ni les causes de ces rejets polluants dans l’environnement.
Les liquides de refroidissement sont très prisés par les sites nucléaires. Ils sont nécessaires pour maintenir une ambiance supportable dans certains locaux, tant pour le personnel que pour les équipements. Il faut dire que la chaleur dégagée par le réaction nucléaire est telle que sans refroidissement, l’air serait irrespirable dans certaines zones et les équipements ne tiendraient pas. Certains matériels doivent aussi être refroidis car leur fonctionnement provoque leur échauffement et sans refroidissement, ils finiraient pas ne plus pouvoir fonctionner.
Les substances composant ces liquides de refroidissement peuvent sensiblement varier, mais elles sont toutes de la famille des hydrofluorocarbures (HFC), hautement délétères pour l’environnement. Et si elles sont sous forme liquide lorsqu’elles sont sous pression, elles deviennent des gaz lorsqu’elles sont à pression atmosphérique. Des gaz qui ont un fort pouvoir de réchauffement global de par les éléments qui les composent. Par exemple, un kilos de liquide de refroidissement R 125 (HFC-125) a le même pouvoir de réchauffement global (PRG) que plus de 6 000 kilos de CO2 sur 20 ans [1] . Et il lui faudra plus de 28 ans pour perdre la moitié de son pouvoir (le R125 a une demie-vie de 28,2 ans, la décroissance de son pouvoir de réchauffement global est donc assez lente).
Toute fuite de ces substances sont donc des émissions de puissants gaz à effet de serre qui vont se cumuler et rester dans l’atmosphère. Les liquides utilisés par EDF pour refroidir les locaux de ces centrales nucléaires réchauffent la planète entière lorsqu’ils se retrouvent dans la nature. Un comble ! Ou un parfait exemple de l’impact des industries sur notre monde.
On ne sait pas bien pourquoi ces liquides se retrouvent dans la nature en quantité si importante et si régulièrement. Si Paluel détient probablement la palme, ce n’est malheureusement pas la seule centrale à dégazer de la sorte. À titre d’exemple, en 2022, les centrales de Golfech, Belleville, du Bugey, du Tricastin, de Civaux, de Chooz et de Flamanville ont aussi dépassé la limite des 100 kilos de fuites. Pourtant, les groupes-froids qui utilisent ces liquides sont censés être surveillés et entretenus. D’ailleurs EDF annonce fièrement tout faire pour détecter les fuites et les éviter. Manifestement, c’est loin d’être assez.
La centrale de Paluel a déclaré mi juin 2023 un évènement significatif pour l’environnement du fait d’avoir déjà cumulé 100 kilos de fuites depuis le début de l’année [2] . La dernière en date, de 40 kilos, a été découverte le 9 juin et a fait passer la barre fixée à 100 par l’Autorité de sûreté, sans que EDF n’explique l’origine de la fuite, la dernière date d’entretien ou de vérification de l’équipement, ni le type de liquide utilisé. Sachant qu’il reste encore la moitié de l’année, il est fort probable que la direction de la centrale annonce d’autres dépassements d’ici la fin de l’année si EDF ne se donne pas les moyens de protéger effectivement l’environnement.
Événement significatif du domaine environnement concernant la centrale nucléaire de Paluel, déclaré en juin 2023
Publié le 30 juin 2023
Atteinte du seuil de déclaration pour le cumul annuel des émissions de fluides frigorigènes
Dans une installation industrielle, les fluides frigorigènes sont utilisés dans les systèmes de production de froid. Ils permettent le refroidissement et la climatisation de différents matériels et locaux. Les opérations de contrôle et de maintenance réalisées régulièrement sur les groupes frigorifiques permettent de contrôler leur bon fonctionnement et l’absence d’émission de fluides frigorigènes.
La règlementation en vigueur prévoit la déclaration d’un événement significatif pour l’environnement, lorsque le cumul annuel des émissions de fluides frigorigènes atteint 100kg.
Le 9 juin 2023, lors d’un contrôle, une émission de fluide frigorigène a été localisée au niveau d’un matériel type « groupe froid ». Les équipes de la centrale sont immédiatement intervenues pour mettre en sécurité le groupe et ainsi faire cesser l’émission. Cette perte de fluide de 40 kg, ajoutée aux précédentes émissions comptabilisées sur le site, a conduit à atteindre le seuil de déclaration pour le cumul annuel des émissions de fluides frigorigènes de la centrale de Paluel. Des actions ont été engagées pour réparer ce matériel.
Cet événement n’a eu aucune conséquence sur la sûreté des installations, ni sur la santé des salariés. Toutefois, le cumul de fluide frigorigène émis au titre de l’année 2023 étant égal à 100kg, un événement significatif environnement a été déclaré par la direction de la centrale nucléaire de Paluel à l’Autorité de Sûreté Nucléaire, le 12 juin 2023.
[1] Source : "Certains gaz à effet de serre des centrales nucléaires", Bernard Laponche, octobre 2020, Global Chance.
[2] Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif En dessous des évènements significatifs, il y a les évènements dits « intéressants », et encore en dessous les « signaux faibles ». Un évènement catégorisé « significatif » est donc déjà « en haut de l’échelle » d’importance des évènements
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