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Des accidents nucléaires partout

France : Chinon : Une fuite provoque des rejets radioactifs dans l’air

Dépressurisation, défaut d’étanchéité, rejets non programmé d’effluents : quand EDF annonce une fuite radioactive sans le dire




31 janvier 2024


Le 24 janvier 2024, un réservoir contenant des gaz radioactifs produits par deux réacteurs de la centrale nucléaire de Chinon (Centre - Val de Loire) se met à fuir. Le problème vient d’une vanne. Les gaz ont été rejetés dans l’atmosphère par la cheminée du bâtiment des auxiliaires nucléaires. Les systèmes de mesure de radioactivité dont est dotée cette cheminée n’ont pas détecté de dépassements des limites autorisées.


Crédit photo : André Paris

Le communiqué d’EDF mentionne "une baisse de pression sur un réservoir d’effluents radioactifs gazeux". Comprenez : fuite. "Un défaut d’étanchéité à l’origine de la dépressurisation est détecté sur une vanne du circuit des effluents gazeux, située en aval du réservoir". Comprenez : fuite.
Parce qu’une vanne, située après un réservoir de gaz radioactifs, n’était plus étanche - sans qu’on sache pourquoi - le réservoir a commencé à se vider. On ne sait pas quel volume de gaz radioactifs est parti dans l’atmosphère, ni combien de temps a duré la fuite, ni si EDF a pu la stopper ou si tout le contenu du réservoir s’est vidé. On ne sait pas non plus à quand remonte le dernier contrôle du bon fonctionnement de cette vanne. On sait seulement que les gaz radioactifs ont été rejetés par le circuit classiquement utilisé pour ces rejets : la cheminée du bâtiment des auxiliaires nucléaires.

Les rejets ont donc été faits par la "voie normale de rejet", et c’est d’ailleurs le titre du communiqué d’EDF. Cette cheminée est équipée de dispositifs qui mesurent les niveaux de radioactivité et des alarmes se déclenchent en cas de dépassement des limites fixées. Les alarmes ne se sont pas déclenchées - et c’est la seconde partie du titre d’EDF pour annoncer l’incident au public. EDF a effectivement le droit de polluer, de rejeter des substances chimiques et radioactives dans l’environnement, mais il doit respecter des limites fixées pour chaque substance et faire des rejets de manière bien précise.
Si ces rejets radioactifs dans l’air ont été faits par la voie autorisée et n’ont pas dépassé les limites légales, il n’ont en revanche par été contrôlés : ils n’ont pas été décidés, ils ont été faits par mégarde, par erreur, par une fuite. Sans que le contenu du réservoir n’ait été analysé avant pour vérifier si les limites de radioactivité étaient bien respectées.

EDF a eu de la chance que l’activité radiologique des gaz contenus dans son réservoir n’ait pas dépassée ses autorisations. Car de toute façon, l’industriel n’aurait pas pu les rattraper une fois dans l’atmosphère. La vraie question est : comment - et pourquoi - EDF a perdu la maîtrise de rejets radioactifs dans l’environnement ? Car malgré tout son art du discours et son choix d’une terminologie édulcorée, c’est bien d’une fuite radioactive dans l’environnement dont il s’agit. Ce qui n’est pas censé arriver. Les faits ont été déclarés à l’Autorité de sûreté nucléaire comme significatifs pour l’environnement le 29 janvier 2024.

Ce que dit EDF :

Dépressurisation d’un réservoir d’effluents radioactifs gazeux par la voie normale de rejet sans atteinte du seuil de pré-alerte

Publié le 31/01/2024

Le 24 janvier 2024, une baisse de la pression a été détectée sur un réservoir de collecte des effluents radioactifs gazeux commun aux réacteurs 3 et 4 de la centrale nucléaire de Chinon. 

Après investigation des équipes, un défaut d’étanchéité à l’origine de la dépressurisation est détecté sur une vanne du circuit des effluents gazeux, située en aval du réservoir.

Cette baisse de pression a conduit à un rejet non programmé d’effluents gazeux vers la cheminée du bâtiment des auxiliaires nucléaires (BAN)*, commun aux réacteurs 3 et 4, sans atteinte du seuil de pré-alerte, lui-même nettement inférieur à la limite réglementaire. 

La surveillance de la radioactivité réalisée dans l’environnement autour de la centrale nucléaire n’a mis en évidence aucune élévation de l’activité ambiante.

Cet évènement n’a pas eu d’impact réel sur la sûreté des installations ni sur l’environnement. En raison du non-respect des conditions de rejet des effluents radioactifs gazeux, la direction de la centrale de Chinon a déclaré à l’Autorité de Sûreté Nucléaire un événement significatif environnement le 29 janvier 2024.

* Les effluents gazeux radioactifs d’une centrale nucléaire sont rejetés par deux cheminées appelées « cheminées des bâtiments des auxiliaires nucléaires (BAN) », ils sont réalisés dans le respect de limites réglementaires.

https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-chinon/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-chinon/depressurisation-dun-reservoir-deffluents-radioactifs-gazeux-par-la-voie-normale-de-rejet-sans-atteinte-du-seuil-de-pre-alerte


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