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Sortir du nucléaire n°26



Février 2005

Derrière les centrales, la bombe atomique (p. 101)

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°26 - Février 2005

 Nucléaire militaire
Article publié le : 1er février 2005


Selon l’opinion courante, l’arme nucléaire aurait permis à l’humanité d’échapper à la guerre tandis que l’énergie nucléaire promettait un avenir radieux dans un monde sans pollution. La propagande est bien huilée, orchestrée par un lobby industriel et militaire solidement installé au cœur de nos sociétés modernes. En 2005, soixante ans après les explosions des bombres nucléaires à Hiroshima et à Nagasaki, la paix du monde reste une utopie. Plus, cette éneragie nucléaire, source de bien-être, devient même l’enjeu de conflits et de guerres. Si nous avons échappé à la conflagration nucléaire qui aurait pulvérisé la planète, nous assistons aujourd’hui au début des guerres du nucléaire civil.



La formidable découverte de l’atome a mobilisé les scientifiques qui entrevoyaient enfin leur « nouvelle pierre philosophale ». Elle a enthousiasmé les industriels au vu des immenses profits qu’ils n’ont pas manqué d’en tirer. Elle a attisé les ambitions des militaires qui allaient enfin gagner les guerres… sans faire la guerre. Elle a conféré un pouvoir exorbitant à quelques grandes puissances, maîtres du destin de toute la planète.

En 1968, une fois le complexe industriel, politique, militaire bien établi, les grandes puissances ont partagé la planète en deux catégories : les États qui ont le droit de posséder l’arme nucléaire et ceux pour lesquels c’est interdit. Raison officielle : la non-prolifération nucléaire pour la paix du monde. En contrepartie, l’énergie nucléaire civile fut promise à tous. Hypocrisie ! En effet, chacun savait, à l’époque, que le passage du civil à l’arme nucléaire n’est affaire seulement que de technique et de moyens financiers. Aujourd’hui, le Traité de non-prolifération (TNP) est devenu une coquille vide de sens puisqu’il n’est respecté ni par les puissances nucléaires qui se refusent au désarmement nucléaire comme promis dans l’article 6 du traité, ni par un certain nombre d’États dits « non dotés d’armes nucléaires » qui, au prétexte de développements civils, tentent de se constituer secrètement un arsenal nucléaire.

Les grandes puissances commencent aujourd’hui à admettre publiquement ces liens congénitaux entre les nucléaires civil et militaire qu’ils étaient loin d’ignorer. Au prétexte qu’on ne pourra pas « désinventer l’atome », ils proposent contrôle, coercition, renforcement du secret, bref, la « militarisation » du complexe. Le discours habituel sur la non-prolifération se proclame « responsable » au regard de la sécurité internationale, mais il entend, par cet artifice, maintenir les immenses intérêts économiques, industriels, financiers et politiques qui sont à la base du complexe nucléaire. Ce discours sert de paravent à la poursuite de programmes d’armes nucléaires dites de « nouvelle génération » et au développement de nouveaux types de réacteurs « baptisés », selon le goût du jour de « non proliférants ».

Nombreux sont aujourd’hui les citoyens et organisations qui prônent la « sortie du nucléaire » tout en proposant des alternatives crédibles soutenues par une communauté scientifique de plus en plus consciente de ses responsabilités vis-à-vis de l’avenir de la planète.

Le mouvement citoyen n’est cependant pas unanime. En grande majorité, on condamne l’armement nucléaire. Pourtant, nombreux sont ceux qui estiment qu’avec la fin de la guerre froide, l’arme nucléaire reste un « vestige » du passé qui deviendra bientôt désuet… comme si, naïvement, on croyait que ce qui assure le cœur de la puissance des Grands de ce monde allait se dissiper comme par enchantement !

D’autres, impressionnés par l’ampleur économique du complexe, se refusent à abandonner la proie pour l’ombre tout en feignant d’ignorer les liens étroits entre le nucléaire civil et militaire.

La propagande du complexe, les caricatures de débats publics et les divergences militantes, en France notamment, ont empêché les citoyens d’avoir une opinion.

Un regard lucide sur les deux faces du Janus nucléaire permettrait sans doute d’éclaircir le débat et de constituer un solide mouvement d’opinion pour la « sortie du nucléaire ». Aujourd’hui où l’individualisme prime sur les projets collectifs, les questions de santé interpellent chaque citoyen. Les relations entre le nucléaire (civil et militaire) et l’avenir biologique de l’humanité ont commencé à frapper sérieusement l’opinion avec l’accident de Tchernobyl. En quarante ans, on avait déjà oublié Hiroshima, exterminant d’un seul coup plus de

100 000 victimes, puis sa cohorte de milliers de morts et de malades étalée jusqu’à nos jours. En quarante ans, on s’est refusé à admettre les effets ignominieux des essais nucléaires sur de lointaines populations ignorantes du danger. Il aura fallu cet accident, dans notre voisinage, pour ouvrir les yeux sur la réalité nucléaire.

La santé n’est cependant nullement un prétexte ou un argument « émotionnel » pour faire valoir la sortie du nucléaire. La question a été volontairement occultée — ou camouflée sous l’appellation faussement positive de « radioprotection » — pour éviter un sursaut négatif des peuples. La vie sur terre, depuis des millions d’années, au fil des temps géologiques, s’est confrontée et adaptée à la radioactivité naturelle de la terre comme au bombardement nocif des rayons cosmiques. Comment imaginer que les cinquante et quelques années de développements nucléaires tant militaires (plus de deux mille essais nucléaires) que civils n’aient pas contribué au bouleversement biologique de notre planète dont nous n’entrevoyons aujourd’hui que les prémisses ? Comment ne pas réagir devant des évidences si énormes qui devraient réveiller les consciences ? Pourquoi ces liens inéluctables entre la radioactivité et la santé sont-ils passés sous silence ? Les premiers « découvreurs » de l’atome — Marie Curie et tant d’autres — n’ont-ils pas payé de leur vie leur fréquentation de la radioactivité ?

Il ne s’agit pas d’élaborer une « stratégie de la peur » ou de céder au catastrophisme mais plutôt d’être lucide sur la réalité du nucléaire : la menace de

« destruction massive » n’est pas dans la seule éventualité d’une guerre nucléaire ou d’un accident nucléaire, elle s’exerce au voisinage d’une installation nucléaire, d’une centrale, d’un site d’entreposage de déchets. Et de plus, elle se transmet aux générations successives…

Le monde bipolaire de la guerre froide a échappé à la conflagration nucléaire. Cependant, à l’avenir, rien n’est assuré avec le nombre croissant d’acteurs possédant l’arme atomique. De plus, la (mauvaise) gestion du « désarmement » nucléaire comporte le risque de laisser entre des mains indésirables d’acteurs non étatiques ou de groupes « terroristes » des armes mal comptabilisées ou mal surveillées, des matières nucléaires issues du démantèlement des armes mal gérées ou mal entreposées. Aujourd’hui, de nouveaux pays accèdent (heureusement) à un haut niveau économique et scientifique. Les dispositions du traité de non-prolifération avaient autorisé leur accès au nucléaire civil. On comprend donc que ces États, jusqu’à présent dépendants de quelques pays industrialisés pour leurs fournitures de centrales nucléaires, aient la volonté politique de maîtriser l’ensemble du cycle du combustible nucléaire, y compris de hautes technologies comme l’enrichissement de l’uranium. Irak, Corée du Nord, Iran et bientôt d’autres États sont devenus sources de tensions internationales et de conflits ouverts. Les militaires qui ont, jusqu’à présent, renoncé au déclenchement d’une conflagration nucléaire, nous introduisent depuis deux décennies aux préludes des guerres du nucléaire civil.
De leurs épées, ils forgeront des charrues !

Au début des années 1950, les premières expériences nucléaires souterraines excitèrent l’imagination des ingénieurs du génie civil. Conseillés par les concepteurs de la bombe, ils considérèrent l’énergie nucléaire comme un explosif plus puissant que le trinitrotoluène habituellement employé. On parlait même à l’époque de révolution pacifique qui « conduirait à un remaniement profond des données de l’économie mondiale en matière de ressources énergétiques ou minières et de percement de canaux, d’isthmes et de ports 1 ». Enfin, la bombe pourrait être utile à l’humanité, se rachetant ainsi de son « péché originel » des 6 et 9 août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki.

Les États-Unis programmèrent donc l’opération « Plowshare » (soc de charrue) dont le nom fait référence au texte du prophète Isaïe : « De leurs épées, ils forgeront des socs de charrues. » Sous de telles auspices « religieuses », une quarantaine d’explosions « civiles » ont eu lieu aux États-Unis à partir de 1957. Ainsi, un tir souterrain effectué à Gasbuggy le 10 décembre 1967 a permis de montrer qu’il était possible de « stimuler » l’extraction de gaz naturel. Cette opération a été payée pour un tiers par une société privée El Paso Natural Gaz. Cette dernière compagnie s’est associée au groupe Nobel français pour former la société « Geonuclear Nobel Paso » qui se propose d’organiser des essais nucléaires à des fins industrielles hors des États-Unis 2.

De son côté, la Russie aurait effectué 108 essais nucléaires souterrains « pacifiques » sur plus de vingt ans entre 1965 et 1987. Selon les relevés de tirs souterrains, 77 de ces explosions nucléaires « pacifiques » ont été effectuées en dehors des sites d’essais sur l’ensemble du territoire de l’Union soviétique. L’objectif de ces tirs était le percement de canaux, la création de réserves souterraines de gaz, l’optimisation de l’exploitation pétrolière…

Les ingénieurs français ne furent pas en peine de projets. Au cours des années 1960, le projet « Lambrec » du nom d’un ingénieur civil, prévoyait le creusement du canal des deux mers (Méditerranée-Atlantique) par des moyens nucléaires. Ce « nouveau canal de Panama » serait creusé à grand renfort d’explosions atomiques souterraines (260 bombes suffiraient !) au prix d’un devis moitié moindre que celui qui aurait utilisé des explosifs conventionnels 3. Fort heureusement, le projet Lambrec est resté dans ses cartons.

B. B.

1) Jacques Gaussens, « Paisibles explosions nucléaires à vendre », Bulletin Dam, 1968.

2) Idem, p. 9.

3) Idem, p. 9.
Bruno Barrillot
« Derrière des murailles de mystères,

on perfectionne avec une hâte fébrile les moyens de destruction collective. »

Albert Einstein

La formidable découverte de l’atome a mobilisé les scientifiques qui entrevoyaient enfin leur « nouvelle pierre philosophale ». Elle a enthousiasmé les industriels au vu des immenses profits qu’ils n’ont pas manqué d’en tirer. Elle a attisé les ambitions des militaires qui allaient enfin gagner les guerres… sans faire la guerre. Elle a conféré un pouvoir exorbitant à quelques grandes puissances, maîtres du destin de toute la planète.

En 1968, une fois le complexe industriel, politique, militaire bien établi, les grandes puissances ont partagé la planète en deux catégories : les États qui ont le droit de posséder l’arme nucléaire et ceux pour lesquels c’est interdit. Raison officielle : la non-prolifération nucléaire pour la paix du monde. En contrepartie, l’énergie nucléaire civile fut promise à tous. Hypocrisie ! En effet, chacun savait, à l’époque, que le passage du civil à l’arme nucléaire n’est affaire seulement que de technique et de moyens financiers. Aujourd’hui, le Traité de non-prolifération (TNP) est devenu une coquille vide de sens puisqu’il n’est respecté ni par les puissances nucléaires qui se refusent au désarmement nucléaire comme promis dans l’article 6 du traité, ni par un certain nombre d’États dits « non dotés d’armes nucléaires » qui, au prétexte de développements civils, tentent de se constituer secrètement un arsenal nucléaire.

Les grandes puissances commencent aujourd’hui à admettre publiquement ces liens congénitaux entre les nucléaires civil et militaire qu’ils étaient loin d’ignorer. Au prétexte qu’on ne pourra pas « désinventer l’atome », ils proposent contrôle, coercition, renforcement du secret, bref, la « militarisation » du complexe. Le discours habituel sur la non-prolifération se proclame « responsable » au regard de la sécurité internationale, mais il entend, par cet artifice, maintenir les immenses intérêts économiques, industriels, financiers et politiques qui sont à la base du complexe nucléaire. Ce discours sert de paravent à la poursuite de programmes d’armes nucléaires dites de « nouvelle génération » et au développement de nouveaux types de réacteurs « baptisés », selon le goût du jour de « non proliférants ».

Nombreux sont aujourd’hui les citoyens et organisations qui prônent la « sortie du nucléaire » tout en proposant des alternatives crédibles soutenues par une communauté scientifique de plus en plus consciente de ses responsabilités vis-à-vis de l’avenir de la planète.

Le mouvement citoyen n’est cependant pas unanime. En grande majorité, on condamne l’armement nucléaire. Pourtant, nombreux sont ceux qui estiment qu’avec la fin de la guerre froide, l’arme nucléaire reste un « vestige » du passé qui deviendra bientôt désuet… comme si, naïvement, on croyait que ce qui assure le cœur de la puissance des Grands de ce monde allait se dissiper comme par enchantement !

D’autres, impressionnés par l’ampleur économique du complexe, se refusent à abandonner la proie pour l’ombre tout en feignant d’ignorer les liens étroits entre le nucléaire civil et militaire.

La propagande du complexe, les caricatures de débats publics et les divergences militantes, en France notamment, ont empêché les citoyens d’avoir une opinion.

Un regard lucide sur les deux faces du Janus nucléaire permettrait sans doute d’éclaircir le débat et de constituer un solide mouvement d’opinion pour la « sortie du nucléaire ». Aujourd’hui où l’individualisme prime sur les projets collectifs, les questions de santé interpellent chaque citoyen. Les relations entre le nucléaire (civil et militaire) et l’avenir biologique de l’humanité ont commencé à frapper sérieusement l’opinion avec l’accident de Tchernobyl. En quarante ans, on avait déjà oublié Hiroshima, exterminant d’un seul coup plus de

100 000 victimes, puis sa cohorte de milliers de morts et de malades étalée jusqu’à nos jours. En quarante ans, on s’est refusé à admettre les effets ignominieux des essais nucléaires sur de lointaines populations ignorantes du danger. Il aura fallu cet accident, dans notre voisinage, pour ouvrir les yeux sur la réalité nucléaire.

La santé n’est cependant nullement un prétexte ou un argument « émotionnel » pour faire valoir la sortie du nucléaire. La question a été volontairement occultée — ou camouflée sous l’appellation faussement positive de « radioprotection » — pour éviter un sursaut négatif des peuples. La vie sur terre, depuis des millions d’années, au fil des temps géologiques, s’est confrontée et adaptée à la radioactivité naturelle de la terre comme au bombardement nocif des rayons cosmiques. Comment imaginer que les cinquante et quelques années de développements nucléaires tant militaires (plus de deux mille essais nucléaires) que civils n’aient pas contribué au bouleversement biologique de notre planète dont nous n’entrevoyons aujourd’hui que les prémisses ? Comment ne pas réagir devant des évidences si énormes qui devraient réveiller les consciences ? Pourquoi ces liens inéluctables entre la radioactivité et la santé sont-ils passés sous silence ? Les premiers « découvreurs » de l’atome — Marie Curie et tant d’autres — n’ont-ils pas payé de leur vie leur fréquentation de la radioactivité ?

Il ne s’agit pas d’élaborer une « stratégie de la peur » ou de céder au catastrophisme mais plutôt d’être lucide sur la réalité du nucléaire : la menace de

« destruction massive » n’est pas dans la seule éventualité d’une guerre nucléaire ou d’un accident nucléaire, elle s’exerce au voisinage d’une installation nucléaire, d’une centrale, d’un site d’entreposage de déchets. Et de plus, elle se transmet aux générations successives…

Le monde bipolaire de la guerre froide a échappé à la conflagration nucléaire. Cependant, à l’avenir, rien n’est assuré avec le nombre croissant d’acteurs possédant l’arme atomique. De plus, la (mauvaise) gestion du « désarmement » nucléaire comporte le risque de laisser entre des mains indésirables d’acteurs non étatiques ou de groupes « terroristes » des armes mal comptabilisées ou mal surveillées, des matières nucléaires issues du démantèlement des armes mal gérées ou mal entreposées. Aujourd’hui, de nouveaux pays accèdent (heureusement) à un haut niveau économique et scientifique. Les dispositions du traité de non-prolifération avaient autorisé leur accès au nucléaire civil. On comprend donc que ces États, jusqu’à présent dépendants de quelques pays industrialisés pour leurs fournitures de centrales nucléaires, aient la volonté politique de maîtriser l’ensemble du cycle du combustible nucléaire, y compris de hautes technologies comme l’enrichissement de l’uranium. Irak, Corée du Nord, Iran et bientôt d’autres États sont devenus sources de tensions internationales et de conflits ouverts. Les militaires qui ont, jusqu’à présent, renoncé au déclenchement d’une conflagration nucléaire, nous introduisent depuis deux décennies aux préludes des guerres du nucléaire civil.
De leurs épées, ils forgeront des charrues !

Au début des années 1950, les premières expériences nucléaires souterraines excitèrent l’imagination des ingénieurs du génie civil. Conseillés par les concepteurs de la bombe, ils considérèrent l’énergie nucléaire comme un explosif plus puissant que le trinitrotoluène habituellement employé. On parlait même à l’époque de révolution pacifique qui « conduirait à un remaniement profond des données de l’économie mondiale en matière de ressources énergétiques ou minières et de percement de canaux, d’isthmes et de ports 1 ». Enfin, la bombe pourrait être utile à l’humanité, se rachetant ainsi de son « péché originel » des 6 et 9 août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki.

Les États-Unis programmèrent donc l’opération « Plowshare » (soc de charrue) dont le nom fait référence au texte du prophète Isaïe : « De leurs épées, ils forgeront des socs de charrues. » Sous de telles auspices « religieuses », une quarantaine d’explosions « civiles » ont eu lieu aux États-Unis à partir de 1957. Ainsi, un tir souterrain effectué à Gasbuggy le 10 décembre 1967 a permis de montrer qu’il était possible de « stimuler » l’extraction de gaz naturel. Cette opération a été payée pour un tiers par une société privée El Paso Natural Gaz. Cette dernière compagnie s’est associée au groupe Nobel français pour former la société « Geonuclear Nobel Paso » qui se propose d’organiser des essais nucléaires à des fins industrielles hors des États-Unis 2.

De son côté, la Russie aurait effectué 108 essais nucléaires souterrains « pacifiques » sur plus de vingt ans entre 1965 et 1987. Selon les relevés de tirs souterrains, 77 de ces explosions nucléaires « pacifiques » ont été effectuées en dehors des sites d’essais sur l’ensemble du territoire de l’Union soviétique. L’objectif de ces tirs était le percement de canaux, la création de réserves souterraines de gaz, l’optimisation de l’exploitation pétrolière…

Les ingénieurs français ne furent pas en peine de projets. Au cours des années 1960, le projet « Lambrec » du nom d’un ingénieur civil, prévoyait le creusement du canal des deux mers (Méditerranée-Atlantique) par des moyens nucléaires. Ce « nouveau canal de Panama » serait creusé à grand renfort d’explosions atomiques souterraines (260 bombes suffiraient !) au prix d’un devis moitié moindre que celui qui aurait utilisé des explosifs conventionnels 3. Fort heureusement, le projet Lambrec est resté dans ses cartons.

B. B.

1) Jacques Gaussens, « Paisibles explosions nucléaires à vendre », Bulletin Dam, 1968.

2) Idem, p. 9.

3) Idem, p. 9.
Bruno Barrillot
« Derrière des murailles de mystères,

on perfectionne avec une hâte fébrile les moyens de destruction collective. »

Albert Einstein



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