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Sortir du nucléaire n°51



Automne 2011

Focus

Déjà 450 paratonnerres radioactifs détectés !

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°51 - Automne 2011

 Pollution radioactive


Interdits de fabrication et de commercialisation, ce sont encore environ 40 000 paratonnerres radioactifs (parads) qui menacent la santé des organismes vivants depuis les toitures où ils sont perchés. Contenant du radium 226 ou de l’américium 241, ils étaient censés nous protéger plus efficacement des méfaits de la foudre.

Seulement voilà, ces appareils qui n’ont jamais été inventoriés se dégradent et leurs sources en principe scellées finissent trop souvent par se retrouver dans la nature. Les incidents sont de plus en plus fréquents sachant que les parads les plus anciens ont plus de 80 ans.

Depuis l’article paru dans le n°50 de Sortir du nucléaire, 70 "chasseurs" volontaires se sont spontanément mobilisés à travers la France pour contribuer à cet inventaire citoyen coordonné depuis la région toulousaine par l’Inventaire National des Paratonnerres Radioactifs (INAPARAD). Une mission que l’ANDRA croyait impossible... Résultat, 450 parads ont déjà été découverts en quelques mois, certains en très mauvais état.

Depuis 19 ans dans son salon

De sérieux incidents ont ainsi été évités de justesse. Ce fut notamment le cas quand nous avons découvert qu’un particulier du Calvados avait mis en vente sur internet un Hélita à l’américium 241. Il le manipulait à mains nues et le détenait en toute ignorance des risques... depuis 19 ans dans son salon ! Ce sont les sapeurs pompiers de la Cellule Mobile d’Intervention Radiologique (CMIR) de Caen qui ont neutralisé l’appareil à notre demande. Le débit d’équivalent de dose radioactive mesuré à son contact atteignait 60 microSv/h (avec un tel débit, la dose annuelle de radioactivité admissible pour le public est dépassée en moins de 20h d’exposition).

Laque au radium sur des HLM de Limoges

Mi-juillet, quatre paratonnerres suspects sont repérés sur des HLM de Limoges. Ces dispositifs ne figurant pas sur le catalogue de l’ANDRA. Nous lançons un avis de recherche qui aboutit en Belgique. La réponse vient d’Erick Verbeeck, un "chasseur" historique de parads depuis 1982. Il est à l’origine de la législation encadrant ces appareils dans son pays. Selon lui, nous serions en présence de Kaptons, des parads fabriqués par la société belge Hormans Souply qui seraient les plus dangereux jamais produits en Europe. Le radium qu’ils contiennent est mélangé à une laque recouvrant des disques disposés en mille-feuilles. Les disques rouillent et la laque finit par se disperser sur les toits et dans les eaux pluviales.

Sur place, en présence d’un responsable de l’Office Public des HLM nous avons réalisé une "levée de doutes". A cinq mètres des appareils, notre Radex indiquait déjà un débit de dose de 0,60 microSv/h, preuve que malgré les fortes pluies de la veille, les toitures étaient contaminées. À un mètre, le Radex saturait à 9,99 microSv/h. Les appareils seront très prochainement déposés par une entreprise dûment autorisée à le faire par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).

Parad baladeur à Nancy

Début août un redoutable volontaire sévissant dans le Grand-Nancy nous fait part de ses suspicions concernant un parad disparu sur le chantier de rénovation d’une résidence universitaire à Villiers-Lès-Nancy. Tout laissait penser qu’il avait été démonté sans précautions par un poseur d’antennes TV. Après une brève enquête, nous l’avons retrouvé au fond de l’entrepôt d’un ferrailleur. Fort heureusement ce dernier était équipé d’un portique de détection qui l’a alerté. Sachant que le maître d’œuvre et le bureau d’étude pilotant le chantier avaient été alertés des risques liés aux parads, l’ASN s’apprête a publier un "Avis d’incident".

Ces quelques exemples montrent l’utilité de cet inventaire citoyen mais aussi l’immensité de la tâche restant à accomplir. Avis aux volontaires, prêts à enquêter autour de chez eux !

Jean-Christian Tirat
Administrateur de l’INAPARAD
www.paratonnerres-radioactifs.fr
jc.tirat@orange.fr

Interdits de fabrication et de commercialisation, ce sont encore environ 40 000 paratonnerres radioactifs (parads) qui menacent la santé des organismes vivants depuis les toitures où ils sont perchés. Contenant du radium 226 ou de l’américium 241, ils étaient censés nous protéger plus efficacement des méfaits de la foudre.

Seulement voilà, ces appareils qui n’ont jamais été inventoriés se dégradent et leurs sources en principe scellées finissent trop souvent par se retrouver dans la nature. Les incidents sont de plus en plus fréquents sachant que les parads les plus anciens ont plus de 80 ans.

Depuis l’article paru dans le n°50 de Sortir du nucléaire, 70 "chasseurs" volontaires se sont spontanément mobilisés à travers la France pour contribuer à cet inventaire citoyen coordonné depuis la région toulousaine par l’Inventaire National des Paratonnerres Radioactifs (INAPARAD). Une mission que l’ANDRA croyait impossible... Résultat, 450 parads ont déjà été découverts en quelques mois, certains en très mauvais état.

Depuis 19 ans dans son salon

De sérieux incidents ont ainsi été évités de justesse. Ce fut notamment le cas quand nous avons découvert qu’un particulier du Calvados avait mis en vente sur internet un Hélita à l’américium 241. Il le manipulait à mains nues et le détenait en toute ignorance des risques... depuis 19 ans dans son salon ! Ce sont les sapeurs pompiers de la Cellule Mobile d’Intervention Radiologique (CMIR) de Caen qui ont neutralisé l’appareil à notre demande. Le débit d’équivalent de dose radioactive mesuré à son contact atteignait 60 microSv/h (avec un tel débit, la dose annuelle de radioactivité admissible pour le public est dépassée en moins de 20h d’exposition).

Laque au radium sur des HLM de Limoges

Mi-juillet, quatre paratonnerres suspects sont repérés sur des HLM de Limoges. Ces dispositifs ne figurant pas sur le catalogue de l’ANDRA. Nous lançons un avis de recherche qui aboutit en Belgique. La réponse vient d’Erick Verbeeck, un "chasseur" historique de parads depuis 1982. Il est à l’origine de la législation encadrant ces appareils dans son pays. Selon lui, nous serions en présence de Kaptons, des parads fabriqués par la société belge Hormans Souply qui seraient les plus dangereux jamais produits en Europe. Le radium qu’ils contiennent est mélangé à une laque recouvrant des disques disposés en mille-feuilles. Les disques rouillent et la laque finit par se disperser sur les toits et dans les eaux pluviales.

Sur place, en présence d’un responsable de l’Office Public des HLM nous avons réalisé une "levée de doutes". A cinq mètres des appareils, notre Radex indiquait déjà un débit de dose de 0,60 microSv/h, preuve que malgré les fortes pluies de la veille, les toitures étaient contaminées. À un mètre, le Radex saturait à 9,99 microSv/h. Les appareils seront très prochainement déposés par une entreprise dûment autorisée à le faire par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN).

Parad baladeur à Nancy

Début août un redoutable volontaire sévissant dans le Grand-Nancy nous fait part de ses suspicions concernant un parad disparu sur le chantier de rénovation d’une résidence universitaire à Villiers-Lès-Nancy. Tout laissait penser qu’il avait été démonté sans précautions par un poseur d’antennes TV. Après une brève enquête, nous l’avons retrouvé au fond de l’entrepôt d’un ferrailleur. Fort heureusement ce dernier était équipé d’un portique de détection qui l’a alerté. Sachant que le maître d’œuvre et le bureau d’étude pilotant le chantier avaient été alertés des risques liés aux parads, l’ASN s’apprête a publier un "Avis d’incident".

Ces quelques exemples montrent l’utilité de cet inventaire citoyen mais aussi l’immensité de la tâche restant à accomplir. Avis aux volontaires, prêts à enquêter autour de chez eux !

Jean-Christian Tirat
Administrateur de l’INAPARAD
www.paratonnerres-radioactifs.fr
jc.tirat@orange.fr



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