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Sortir du nucléaire n°44



Automne 2009

Dossier Colmar

De "dangereux antinucléaires" témoignent...

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°44 - Automne 2009

 Luttes et actions  Fessenheim
Article publié le : 1er novembre 2009


Nous étions près de 10 000 à Colmar, le 3 octobre, pour exiger la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim. Nous avons reçu de nombreux témoignages, en réaction à l’imposant dispositif policier qui visait à criminaliser et réduire au silence le mouvement antinucléaire. En voici quelques-uns…



Dignes face au déferlement policier

Merci pour cette formidable démonstration de résistance pacifiste face à un État policier qui n’a même plus le souci d’une posture démocratique. Les Colmarien-nes rencontré-e-s étaient tou-te-s choqué-e-s. Si nous n’avons pas gagné la fermeture des 2 réacteurs de Fessenheim, nous avons de toute évidence gagné en crédibilité : des militants honnêtes, non violents, capables non seulement de résister sans violence aux provocations, mais aussi de porter assistance aux Colmarien-nes qui ne pouvaient rejoindre leur domicile. En 35 ans d’action antinucléaire (et antimilitariste), y compris à Plogoff, je n’ai jamais rencontré un tel déferlement de forces policières ! […]

Alain R. (56)

“C’est la guerre, Papa ?”

[…] Vers 11h, samedi matin, en traversant une rue bordée d’une de ces "herses" anti-émeute pour me rendre à la gare, j’ai entendu un enfant de 2 ans et demi environ dire à son père "C’est la guerre, Papa ?"... A méditer : l’absurdité des autorités qui voulaient nous "diaboliser". […]

Devant la préfecture, il y avait 8 splendides chevaux, montés par des gendarmes prêts à intervenir ! Et bien sûr, interdiction de les caresser parce que "après, ils ne bousculeront plus les gens" dixit une gendarme répondant à des quidam […] et tout ce monde a pris l’air ensoleillé pour rien, puisque nous avons été pacifiques : et ça, c’est notre victoire ! […]

Sylvie


Scoop : le terroriste était armé d’un ballon !

Température très douce, ambiance très bon enfant : clowns, musiciens de rue, jongleurs, beaucoup de couleurs (notamment de jaune qui était la couleur de ralliement), des enfants se baignent nus dans la fontaine de la gare devant une foule qui remplit la place et le long boulevard d’accès à la gare. […Plus tard…] Des CRS Robocop bloquent le passage sans pouvoir préciser combien de temps cela durera. Un peu plus tard, nous pouvons passer, mais en enlevant toute trace de jaune sur soi (veste, chemise... sans signes distinctifs pourtant). Le ballon de baudruche de mon gamin (3 ans 1/2) est confisqué. Pensez bien, il est jaune ! […] Nul doute par ailleurs que de nombreux autres manifestants et parents ne se sont pas rendus sur les lieux par crainte de débordements ou violences.

Stéphane J.

A qui des signes inoffensifs font-ils tellement peur ?

Après la manifestation antinucléaire de samedi, j’ai recueilli les témoignages spontanés de personnes âgées de 55 à 65 ans et qui ont fait des expériences similaires à la mienne. En quittant la manifestation, individuellement ou en couple, autour de 17h, chacun s’est trouvé confronté, à des endroits différents, au même scénario : barrage filtrant consistant en des barrières insurmontables et un étroit passage gardé par des policiers avec, à proximité immédiate, de nombreux collègues cuirassés. On ne passait qu’une fois dépouillé de tous les signes et symboles avec une connotation antinucléaire plus ou moins forte.

Même un gilet de sécurité neutre (de couleur jaune-soleil !) ne passait pas. Les macarons, autocollants et badges ont été pris de force à leurs propriétaires. Un CRS a arraché l’autocollant "Nucléaire, non merci" de la poitrine de l’un d’entre nous. Après avoir manifesté, dans le camp retranché qu’était la place de la Gare, pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, nous ne pouvions rentrer chez nous qu’après avoir été humiliés. A qui des signes inoffensifs font-ils tellement peur pour qu’on suspende le droit de la liberté d’opinion ? "Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions". (Déclaration universelle des droits de l’Homme, art.19)

Hans Schwab (Widensolen – 68)
Dernières nouvelles d’Alsace (07/10/2009)


Théorème nucléaire n°1 : Allemands = délinquants ?

D’outre-Rhin, nous étions environ 1500 Allemands qui sommes parvenus avec des difficultés, que j’ai peine à exprimer ici, à Colmar. Les fouilles et blocages à la frontière (qui n’existe plus depuis Schengen !) ont été humiliantes pour les familles et les citoyens allemands venus dénoncer la politique nucléaire européenne, française et allemande. Plus d’une centaine de policiers ont contrôlé la traversée du Rhin durant toute la journée du 3 octobre, effectuant des fouilles systématiques des voitures et des bus en direction de la France. En tant que citoyens allemands et franco-allemands nous avons été très choqués par les propos du Maire de Colmar et du Préfet, justifiant ce dispositif par la présence de "citoyens germaniques habitués à des violences extrêmes dans leur pays... " (sic), rappelant au passage les événements du sommet de l’OTAN à Strasbourg où des autonomes infiltrés par la police ont saccagé les postes frontière.

Guy Collin
(Assoconseil / Membre du BUND Offenburg Ortenau)


A Monsieur le maire de Colmar

Dès mon retour de Colmar, je tenais à vous faire ce courrier pour vous dire merci pour votre accueil dans votre ville.
Merci pour les cars de CRS, de gendarmerie, de police qui ont commencé à sillonner la ville dès le vendredi soir 2 octobre.
Merci pour les herses qui barraient les rues, merci pour les centaines, même les milliers d’uniformes qui nous empêchaient de passer.
Merci pour l’image que vous avez voulu donner de nous, les antinucléaires.
Merci pour l’accueil des commerçants qui nous ont pris pour des casseurs.
Merci pour les barrages qui nous ont empêchés de circuler librement, les policiers allant jusqu’à nous proposer d’uriner à leurs pieds, à défaut de pouvoir rejoindre des toilettes !
Merci pour cette femme à vélo, obligée d’arracher un autocollant antinucléaire sur sa sacoche de vélo pour pouvoir rentrer chez elle.
Monsieur le maire, je suis mère et grand-mère et je suis venue depuis l’Ardèche dire non à la réouverture de Fessenheim parce que je ne veux pas que mes petits-enfants puissent un jour me reprocher de n’avoir rien fait pour lutter contre le maintien de centrales obsolètes, dangereuses et qui génèrent des milliers de tonnes de déchets nucléaires dont personne ne sait quoi faire.
Monsieur le maire, s’il vous plait, ayez au moins la décence d’enlever du fronton de votre mairie ces mots qui vous vont si mal :
Liberté ? Vous avez si bien bafoué notre liberté d’expression, notre liberté de mouvement ce samedi, dans votre ville.
Égalité ? Ou est-elle quand c’est le droit du plus fort qui est en action ?
Fraternité ? Quel respect avez-vous eu pour tous ces hommes, femmes, jeunes venus de toute la France simplement pour tirer une sonnette d’alarme, dire non à des décisions politiques qui ne tiennent pas compte de l’opinion publique, mais qui servent des intérêts privés ou l’argent est roi ? […]

Anne-Marie V. (07)


Se battre… pour nos enfants !

Après tout ce qui avait été dit à l’avance sur cette manifestation, beaucoup de familles sont venues... sans leurs enfants. Moi, j’ai décidé d’y aller avec tous mes enfants, dont un qui a seulement un an. Car c’est pour eux qu’il faut se battre aujourd’hui ! L’ambiance sur place était tout à fait bonne, aucun problème pour les enfants. […] J’espère de tout mon coeur que l’EUROPE arrivera à prendre des décisions fermes CONTRE le nucléaire, et arrivera à les imposer à la France, qui est - comme si souvent- en retard.

Eva S. (Allemande "immigrée" en France)


Les fortifications de Colmar : une reconstitution à grands frais

Voilà, la manifestation de Colmar est passée. Pacifiquement, dans la bonne humeur, mais aussi avec force et conscience, nous avons manifesté tous ensemble au-delà de la frontière. […] La performance artistique réalisée par la ville de Colmar était particulièrement impressionnante. L’enceinte fortifiée de la vieille ville qui enserrait le magnifique centre "historique" de Colmar avait disparu depuis bien longtemps. Avec de grands moyens techniques et force mobilisation de personnel, grâce à des engins modernes et à des techniques de pointe, le maire de Colmar a réussi à reconstituer l’espace d’une journée les anciennes murailles. La présence de 3000 figurants déguisés en chevaliers armés modernes était également particulièrement impressionnante. L’État français n’a lésiné ni sur les coûts ni sur les efforts pour la réalisation de cette performance artistique magistrale. (Mention particulière pour les deux petits enfants qui ont dû retirer leurs autocollants antinucléaires pour rejoindre le vieux centre historique avec leur mère). Merci à tous ceux qui se sont impliqués, de part et d’autre du Rhin, et sans qui cette mobilisation n’aurait pu voir le jour.

Axel Mayer (Représentant du BUND, la grande fédération écologiste allemande)

La peur comme arme : “Papa, ils sont où les émeutes ?”

Monsieur le Préfet, […] Nous sommes arrivés dans une ville en état de siège avec un nombre extraordinaire de forces de l’ordre déployées. Nous avons été sidérés, choqués et révoltés par ce dispositif. Nous avons constaté que de nombreuses atteintes à la démocratie et au droit de manifester ont été exécutées par des forces de l’ordre pratiquant avec zèle l’ordre et le contre-ordre : “Passez-là !” Nous nous y rendons pour nous entendre dire : “Vous ne passerez pas ici !”. […] Certains d’entre nous ont été contraints, lors de la fin de la manifestation, d’enlever leurs badges (étaient-ils insultant envers les CRS ?) sur lesquels était inscrit "nucléaire, non merci !". Nous avons bien compris que vous aviez manié la peur en nous déguisant en émeutiers. Phrase entendue dans la rue à la fin de la manifestation par un enfant demandant à son père : “Papa, ils sont où les émeutes ?”. […]

Bernadette et Pierre (Alès)


Théorème nucléaire n°2 : opposants = déments ?

Un CRS qui devait avoir 25 ans s’est adressé à nous, vénérables cinquantenaires, en disant "On va être gentil, on va pas faire de bêtises". Le "On", c’était nous, ces pauvres déficients mentaux qui pensent qu’on pourrait se passer de nucléaire.

Guy L. (éducateur spécialisé)


Deux poids, deux mesures...

Après avoir tenté d’ "effacer" du décor les dangereux manifestants anti-nucléaires le 3 octobre, la démocratie est revenue à Colmar. 500 tracteurs y ont défilé le 16 octobre. Visiblement, on a - cette fois - pas eu peur des débordements ou de la gêne que les manifestants auraient pu causer aux commerçants et aux promeneurs. Il est connu que contrairement aux anti-nucléaires, les paysans en colère n’ont jamais fait preuve de violence dans leurs manifs…

Selon le journal L’Alsace du 17 octobre, "Les rues de Colmar ont été sillonnées hier par 500 tracteurs venus de tout le département ". Visiblement pas de barrage pour les embêter ou les empêcher d’arriver au but. Ils ont même pu déverser de la paille, du maïs et des pommes de terre devant la préfecture...

Norbert J.

Les Colmariens ne sont pas dupes

Je n’avais jamais vu Colmar ainsi auparavant.
Ce matin quand j’ai vu tous ces policiers... je ne comprends pas, c’est disproportionné... et puis d’habitude ce genre de manifestation est toujours pacifique. La démocratie comme ça, ça ressemble à de la dictature !

Un gardien de l’Auberge de Jeunesse de Colmar

Le soir, un restaurateur colmarien me faisait part que depuis 16 ans qu’il habitait là, jamais il n’avait vu un déploiement de sécurité aussi renforcé, que c’était démesuré et que même lors de la venue de Sarko, il n’y en avait pas eu autant. Le nucléaire ne mourra pas tout seul, aidons-le !

Eric

Le dimanche matin, on va dans une boulangerie ouverte et donc bondée, et nous causons avec les gens qui attendent. Ils nous ont repérés comme "manifestants pas d’ici." Donc ça parle : "Ils avaient dit que vous étiez des violents, qu’il y avait des risques, ils se sont foutus de nous." […] Deux types disent "Ben, restez manifester chez vous ! Vous avez pourri notre week-end, Fessenheim, c’est du boulot ici et il y en a déjà pas tellement". Mais les autres Colmariens sont plutôt de notre côté, pas vraiment pour fermer Fessenheim, mais pour trouver le dispositif policier inutile et coûteux.

Sophie

[…] On m’a laissé passer exceptionnellement pour retirer de l’argent à l’intérieur de la Caisse d’Épargne, en m’interdisant de traverser pour aller au Boulevard du Champ de Mars. […] J’ai dû montrer l’enveloppe à déposer à la CPAM pour que l’un des policiers tolère que j’y accède. Les personnes portant un T-shirt jaune en ville ont été sommées de l’enlever. Tout a été fait pour provoquer l’isolement, pour que l’information ne passe pas, pour minimiser le nombre de manifestants.

Eliane S. (Colmarienne)


Blocus routier et état de siège

La bretelle "Colmar Sud" était fermée (nous sommes venus via Belfort et Mulhouse). A priori pas de travaux sur cette bretelle, mais un panneau orange de travaux annonçant seulement "Fermée le 3/10" ! […] Ce qui s’est passé à Colmar est loin d’être un fait unique. Quelques exemples : un rassemblement à Flamanville (avec une petite marche) s’est retrouvé totalement encadré par les forces de l’ordre. Depuis des mois, sur le site de Notre Dame des Landes (44) (projet d’aéroport), des centaines de CRS avec gilet pare-balle, coquilles et véhicules radio, bloquent les routes et les chemins d’exploitation et même de randonnée ! Le coup de l’hélicoptère devient un classique…

Bernard N.
(SDN-Pays de Rennes / IndependentWHO)

De toutes les manifestations anti-nucléaires auxquelles j’ai participé, celle-ci est à classer dans le livre des records, en terme d’obstruction et de ridicule venant des autorités. L’accès à la bretelle "Colmar Centre", en arrivant de Neuf-Brisach, était interdite, ce 3 octobre. Obligeant ainsi à contourner la ville par le nord... Lorsque nous demandions à un CRS gradé pourquoi les rues adjacentes étaient interdites d’accès pour sortir de la manif, et non pas pour rentrer, tout en lui expliquant que c’était difficilement compréhensible, celui-ci nous répondait d’emblée qu’il ne comprenait pas non plus (!) et que hélas la décision ne leur appartenait pas. Réponse toute prête ou sincère ? Elle avait le mérite d’être spontanée.

Marcelin G.

Notre bus a été arrêté à quelques kilomètres de
l’entrée de Colmar. Sur tous les axes, des gendarmes contrôlaient tous les véhicules. Nous avons dû nous garer en attendant qu’ils nous envoient des motards. Nous étions 2 autocars et avons été accompagnés par 4 motards ! Gyrophare et sirènes, nous passions tout droit aux feux rouges. C’était réussi pour les autorités : "Braves gens, ne vous inquiétez pas, nous contrôlons ces dangereux manifestants qui sont venus mettre votre ville à sac."

Jérémy H. (Ingénieur)

L’État de droit… ou le droit de l’État ?

Un délit de sale gueule évident : un policier m’a interpellé avec deux militantes, nous interdisant de passer. Je rappelle aux flics que l’arrêté n’interdit pas de circuler à pied (il se trouve affiché à 2 mètres d’eux), ce dernier me dit qu’il a reçu des ordres. Je l’interpelle en lui disant qu’il laisse passer d’autres personnes, il me répond qu’eux ont le droit ! Ah bon ? Et pourquoi ? Eux ne ressemblent pas à des militants, me dit-il...

Cédric L. (38)


Colmar, essai de dictature le temps d’un week-end !

[…] Au bout d’un petit kilomètre, nous tombons sur une première barricade anti-émeute et toutes les options disponibles : les robocop au grand complet avec tous leurs gadgets qui font mal, les véhicules sortis de Mad Max avec grilles de protection, lance incendie et tout le toutim. […]

Nous sommes en Europe lorsque nous sommes à Colmar, et nos voisins allemands ont été volontairement "ralentis" à la frontière sous le prétexte fallacieux de "contrôles". Pour voyager beaucoup (trop ?), ça fait des années que je n’ai pas vu un douanier […]

Pendant ce temps, une équipe de France 3 apprenant la chose veut aller vérifier de visu. On leur interdit la sortie de Colmar... Étonnant, non ? Deux hélicoptères se relaient pour faire du vol stationnaire [au-dessus de la sono] chaque fois qu’il y a une prise de parole […] Les prises de parole se font malgré tout, une américaine vient même expliquer comment elle est surprise de voir autant de monde à ce rassemblement alors qu’EDF et Areva, au travers de leurs nombreuses filiales, racontent sur tout le territoire américain que tout va bien dans la France nucléaire. Elle est "scotchée", et ça se sent au micro. […]

Nous sommes entourés de barricades anti-émeutes nous interdisant l’accès au centre-ville. Les bleus canalisent toutes les entrées et interdisent les sorties, sauf à leur remettre tous signes distinctifs tels T-shirts, badges et autres matériels auxquels chaque militant attache un peu de son histoire personnelle. Deux d’entre nous se feront arracher des feuilles au message clair : "nucléaire = démocratie bafouée". […]

Mais nous avons gagné, nous les avons ridiculisés et il faut le dire, le score est sans appel : 3000 policiers à 0 incident. […] Alors ne lâchons rien, luttons sans compter, notre énergie est renouvelable et sans CO2, luttons pour que nos enfants puissent faire des enfants !

François Mativet (89)
Yonne Lautre, 6 octobre 2009


Théorème nucléaire n°3 : journaliste = terroriste ?

Je me trouvais place de la gare à côté de la scène avec des journalistes de TF1 qui essayaient de parlementer avec les policiers pour se rendre dix mètres plus loin dans un appartement qu’on leur avait prêté afin d’y filmer la manif en hauteur. Refus catégorique, discussion, carte de presse, rien n’y fait. Je fais remarquer au policier (chef) que l’arrêté du maire interdisant la circulation des piétons a été levé et que par conséquent les journalistes devraient pouvoir passer. Ce monsieur me rétorque que je l’agresse et que si ça continue... Écœurés, nous faisons demi-tour.

Isabelle T. (13)


Énergie propre : des succès à copier !

Je vous remercie pour ce rassemblement réussi. La manifestation de Colmar a été un succès malgré les menaces qui planaient sur les participants et l’hostilité exprimée par des élus, bien que chacun sache que ce collectif manifeste sans violence. […] En parallèle, le Réseau organisait des journées de conférences les 1er et 2 octobre au Parlement Européen. [...] À 50 km de Mulhouse, la ville de Fribourg et de très nombreuses communes d’Allemagne sont parvenues, en réponse à l’explosion du réacteur de Tchernobyl en 1986, à produire plus d’énergie renouvelable, non nucléaire, ce qui permet de couvrir la totalité des besoins en électricité de cette ville moderne et des communes qui l’entourent, soit près de 300 000 habitants. Cette production d’énergie propre en excès, repose sur des dizaines de milliers d’emplois intéressants. Plus près de Strasbourg, le canton autour de Schönau est devenu producteur propre de l’énergie au-delà de ses besoins. […]

Michel Fernex

Du partage et des rencontres

Bravo à tous pour la réussite du week-end, pour le beau travail partagé avant et pendant notre rassemblement. J’ai beaucoup apprécié les bonnes rencontres et les témoignages, échanges et débats, pendant ce temps de ressourcement collectif. Merci à Jocelyn pour son énergie, sa patience et sa bonne humeur !

Alison

Ouvrir les yeux

Si cette manifestation a pu ouvrir les yeux à seulement certains, et prouver par tout cet attirail qu’on ne veut pas nous laisser parler, que le nucléaire est intouchable en France ; pour moi c’est déjà une grande victoire.

Séverine (infirmière)


Secouer le joug nucléaire, ensemble

Des anciens militants de la première heure m’ont dit être déçus de ne pas avoir retrouvé l’ambiance d’antan... Lui s’est battu à Wyhl (Allemagne), emblème de la lutte antinucléaire, et qui a porté ses fruits qui plus est, je comprends son amertume. Mais pour moi qui suis née avec le nucléaire, qui l’ai accepté comme acquis, normal, intégré à notre quotidien, je suis fière de m’être réveillée et d’avoir apporté ma toute petite pierre à l’édifice, à l’instar de vous tous. Malgré la muraille antidémocratique, je veux rester positive, ce 3 octobre fut un beau moment de solidarité militante.

Aline (secrétaire de Stop Fessenheim)

Voir l’ensemble des témoignages, photos, vidéos, bilan financier... sur : https://www.fermons.fessenheim.org

Dignes face au déferlement policier

Merci pour cette formidable démonstration de résistance pacifiste face à un État policier qui n’a même plus le souci d’une posture démocratique. Les Colmarien-nes rencontré-e-s étaient tou-te-s choqué-e-s. Si nous n’avons pas gagné la fermeture des 2 réacteurs de Fessenheim, nous avons de toute évidence gagné en crédibilité : des militants honnêtes, non violents, capables non seulement de résister sans violence aux provocations, mais aussi de porter assistance aux Colmarien-nes qui ne pouvaient rejoindre leur domicile. En 35 ans d’action antinucléaire (et antimilitariste), y compris à Plogoff, je n’ai jamais rencontré un tel déferlement de forces policières ! […]

Alain R. (56)

“C’est la guerre, Papa ?”

[…] Vers 11h, samedi matin, en traversant une rue bordée d’une de ces "herses" anti-émeute pour me rendre à la gare, j’ai entendu un enfant de 2 ans et demi environ dire à son père "C’est la guerre, Papa ?"... A méditer : l’absurdité des autorités qui voulaient nous "diaboliser". […]

Devant la préfecture, il y avait 8 splendides chevaux, montés par des gendarmes prêts à intervenir ! Et bien sûr, interdiction de les caresser parce que "après, ils ne bousculeront plus les gens" dixit une gendarme répondant à des quidam […] et tout ce monde a pris l’air ensoleillé pour rien, puisque nous avons été pacifiques : et ça, c’est notre victoire ! […]

Sylvie


Scoop : le terroriste était armé d’un ballon !

Température très douce, ambiance très bon enfant : clowns, musiciens de rue, jongleurs, beaucoup de couleurs (notamment de jaune qui était la couleur de ralliement), des enfants se baignent nus dans la fontaine de la gare devant une foule qui remplit la place et le long boulevard d’accès à la gare. […Plus tard…] Des CRS Robocop bloquent le passage sans pouvoir préciser combien de temps cela durera. Un peu plus tard, nous pouvons passer, mais en enlevant toute trace de jaune sur soi (veste, chemise... sans signes distinctifs pourtant). Le ballon de baudruche de mon gamin (3 ans 1/2) est confisqué. Pensez bien, il est jaune ! […] Nul doute par ailleurs que de nombreux autres manifestants et parents ne se sont pas rendus sur les lieux par crainte de débordements ou violences.

Stéphane J.

A qui des signes inoffensifs font-ils tellement peur ?

Après la manifestation antinucléaire de samedi, j’ai recueilli les témoignages spontanés de personnes âgées de 55 à 65 ans et qui ont fait des expériences similaires à la mienne. En quittant la manifestation, individuellement ou en couple, autour de 17h, chacun s’est trouvé confronté, à des endroits différents, au même scénario : barrage filtrant consistant en des barrières insurmontables et un étroit passage gardé par des policiers avec, à proximité immédiate, de nombreux collègues cuirassés. On ne passait qu’une fois dépouillé de tous les signes et symboles avec une connotation antinucléaire plus ou moins forte.

Même un gilet de sécurité neutre (de couleur jaune-soleil !) ne passait pas. Les macarons, autocollants et badges ont été pris de force à leurs propriétaires. Un CRS a arraché l’autocollant "Nucléaire, non merci" de la poitrine de l’un d’entre nous. Après avoir manifesté, dans le camp retranché qu’était la place de la Gare, pour la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, nous ne pouvions rentrer chez nous qu’après avoir été humiliés. A qui des signes inoffensifs font-ils tellement peur pour qu’on suspende le droit de la liberté d’opinion ? "Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions". (Déclaration universelle des droits de l’Homme, art.19)

Hans Schwab (Widensolen – 68)
Dernières nouvelles d’Alsace (07/10/2009)


Théorème nucléaire n°1 : Allemands = délinquants ?

D’outre-Rhin, nous étions environ 1500 Allemands qui sommes parvenus avec des difficultés, que j’ai peine à exprimer ici, à Colmar. Les fouilles et blocages à la frontière (qui n’existe plus depuis Schengen !) ont été humiliantes pour les familles et les citoyens allemands venus dénoncer la politique nucléaire européenne, française et allemande. Plus d’une centaine de policiers ont contrôlé la traversée du Rhin durant toute la journée du 3 octobre, effectuant des fouilles systématiques des voitures et des bus en direction de la France. En tant que citoyens allemands et franco-allemands nous avons été très choqués par les propos du Maire de Colmar et du Préfet, justifiant ce dispositif par la présence de "citoyens germaniques habitués à des violences extrêmes dans leur pays... " (sic), rappelant au passage les événements du sommet de l’OTAN à Strasbourg où des autonomes infiltrés par la police ont saccagé les postes frontière.

Guy Collin
(Assoconseil / Membre du BUND Offenburg Ortenau)


A Monsieur le maire de Colmar

Dès mon retour de Colmar, je tenais à vous faire ce courrier pour vous dire merci pour votre accueil dans votre ville.
Merci pour les cars de CRS, de gendarmerie, de police qui ont commencé à sillonner la ville dès le vendredi soir 2 octobre.
Merci pour les herses qui barraient les rues, merci pour les centaines, même les milliers d’uniformes qui nous empêchaient de passer.
Merci pour l’image que vous avez voulu donner de nous, les antinucléaires.
Merci pour l’accueil des commerçants qui nous ont pris pour des casseurs.
Merci pour les barrages qui nous ont empêchés de circuler librement, les policiers allant jusqu’à nous proposer d’uriner à leurs pieds, à défaut de pouvoir rejoindre des toilettes !
Merci pour cette femme à vélo, obligée d’arracher un autocollant antinucléaire sur sa sacoche de vélo pour pouvoir rentrer chez elle.
Monsieur le maire, je suis mère et grand-mère et je suis venue depuis l’Ardèche dire non à la réouverture de Fessenheim parce que je ne veux pas que mes petits-enfants puissent un jour me reprocher de n’avoir rien fait pour lutter contre le maintien de centrales obsolètes, dangereuses et qui génèrent des milliers de tonnes de déchets nucléaires dont personne ne sait quoi faire.
Monsieur le maire, s’il vous plait, ayez au moins la décence d’enlever du fronton de votre mairie ces mots qui vous vont si mal :
Liberté ? Vous avez si bien bafoué notre liberté d’expression, notre liberté de mouvement ce samedi, dans votre ville.
Égalité ? Ou est-elle quand c’est le droit du plus fort qui est en action ?
Fraternité ? Quel respect avez-vous eu pour tous ces hommes, femmes, jeunes venus de toute la France simplement pour tirer une sonnette d’alarme, dire non à des décisions politiques qui ne tiennent pas compte de l’opinion publique, mais qui servent des intérêts privés ou l’argent est roi ? […]

Anne-Marie V. (07)


Se battre… pour nos enfants !

Après tout ce qui avait été dit à l’avance sur cette manifestation, beaucoup de familles sont venues... sans leurs enfants. Moi, j’ai décidé d’y aller avec tous mes enfants, dont un qui a seulement un an. Car c’est pour eux qu’il faut se battre aujourd’hui ! L’ambiance sur place était tout à fait bonne, aucun problème pour les enfants. […] J’espère de tout mon coeur que l’EUROPE arrivera à prendre des décisions fermes CONTRE le nucléaire, et arrivera à les imposer à la France, qui est - comme si souvent- en retard.

Eva S. (Allemande "immigrée" en France)


Les fortifications de Colmar : une reconstitution à grands frais

Voilà, la manifestation de Colmar est passée. Pacifiquement, dans la bonne humeur, mais aussi avec force et conscience, nous avons manifesté tous ensemble au-delà de la frontière. […] La performance artistique réalisée par la ville de Colmar était particulièrement impressionnante. L’enceinte fortifiée de la vieille ville qui enserrait le magnifique centre "historique" de Colmar avait disparu depuis bien longtemps. Avec de grands moyens techniques et force mobilisation de personnel, grâce à des engins modernes et à des techniques de pointe, le maire de Colmar a réussi à reconstituer l’espace d’une journée les anciennes murailles. La présence de 3000 figurants déguisés en chevaliers armés modernes était également particulièrement impressionnante. L’État français n’a lésiné ni sur les coûts ni sur les efforts pour la réalisation de cette performance artistique magistrale. (Mention particulière pour les deux petits enfants qui ont dû retirer leurs autocollants antinucléaires pour rejoindre le vieux centre historique avec leur mère). Merci à tous ceux qui se sont impliqués, de part et d’autre du Rhin, et sans qui cette mobilisation n’aurait pu voir le jour.

Axel Mayer (Représentant du BUND, la grande fédération écologiste allemande)

La peur comme arme : “Papa, ils sont où les émeutes ?”

Monsieur le Préfet, […] Nous sommes arrivés dans une ville en état de siège avec un nombre extraordinaire de forces de l’ordre déployées. Nous avons été sidérés, choqués et révoltés par ce dispositif. Nous avons constaté que de nombreuses atteintes à la démocratie et au droit de manifester ont été exécutées par des forces de l’ordre pratiquant avec zèle l’ordre et le contre-ordre : “Passez-là !” Nous nous y rendons pour nous entendre dire : “Vous ne passerez pas ici !”. […] Certains d’entre nous ont été contraints, lors de la fin de la manifestation, d’enlever leurs badges (étaient-ils insultant envers les CRS ?) sur lesquels était inscrit "nucléaire, non merci !". Nous avons bien compris que vous aviez manié la peur en nous déguisant en émeutiers. Phrase entendue dans la rue à la fin de la manifestation par un enfant demandant à son père : “Papa, ils sont où les émeutes ?”. […]

Bernadette et Pierre (Alès)


Théorème nucléaire n°2 : opposants = déments ?

Un CRS qui devait avoir 25 ans s’est adressé à nous, vénérables cinquantenaires, en disant "On va être gentil, on va pas faire de bêtises". Le "On", c’était nous, ces pauvres déficients mentaux qui pensent qu’on pourrait se passer de nucléaire.

Guy L. (éducateur spécialisé)


Deux poids, deux mesures...

Après avoir tenté d’ "effacer" du décor les dangereux manifestants anti-nucléaires le 3 octobre, la démocratie est revenue à Colmar. 500 tracteurs y ont défilé le 16 octobre. Visiblement, on a - cette fois - pas eu peur des débordements ou de la gêne que les manifestants auraient pu causer aux commerçants et aux promeneurs. Il est connu que contrairement aux anti-nucléaires, les paysans en colère n’ont jamais fait preuve de violence dans leurs manifs…

Selon le journal L’Alsace du 17 octobre, "Les rues de Colmar ont été sillonnées hier par 500 tracteurs venus de tout le département ". Visiblement pas de barrage pour les embêter ou les empêcher d’arriver au but. Ils ont même pu déverser de la paille, du maïs et des pommes de terre devant la préfecture...

Norbert J.

Les Colmariens ne sont pas dupes

Je n’avais jamais vu Colmar ainsi auparavant.
Ce matin quand j’ai vu tous ces policiers... je ne comprends pas, c’est disproportionné... et puis d’habitude ce genre de manifestation est toujours pacifique. La démocratie comme ça, ça ressemble à de la dictature !

Un gardien de l’Auberge de Jeunesse de Colmar

Le soir, un restaurateur colmarien me faisait part que depuis 16 ans qu’il habitait là, jamais il n’avait vu un déploiement de sécurité aussi renforcé, que c’était démesuré et que même lors de la venue de Sarko, il n’y en avait pas eu autant. Le nucléaire ne mourra pas tout seul, aidons-le !

Eric

Le dimanche matin, on va dans une boulangerie ouverte et donc bondée, et nous causons avec les gens qui attendent. Ils nous ont repérés comme "manifestants pas d’ici." Donc ça parle : "Ils avaient dit que vous étiez des violents, qu’il y avait des risques, ils se sont foutus de nous." […] Deux types disent "Ben, restez manifester chez vous ! Vous avez pourri notre week-end, Fessenheim, c’est du boulot ici et il y en a déjà pas tellement". Mais les autres Colmariens sont plutôt de notre côté, pas vraiment pour fermer Fessenheim, mais pour trouver le dispositif policier inutile et coûteux.

Sophie

[…] On m’a laissé passer exceptionnellement pour retirer de l’argent à l’intérieur de la Caisse d’Épargne, en m’interdisant de traverser pour aller au Boulevard du Champ de Mars. […] J’ai dû montrer l’enveloppe à déposer à la CPAM pour que l’un des policiers tolère que j’y accède. Les personnes portant un T-shirt jaune en ville ont été sommées de l’enlever. Tout a été fait pour provoquer l’isolement, pour que l’information ne passe pas, pour minimiser le nombre de manifestants.

Eliane S. (Colmarienne)


Blocus routier et état de siège

La bretelle "Colmar Sud" était fermée (nous sommes venus via Belfort et Mulhouse). A priori pas de travaux sur cette bretelle, mais un panneau orange de travaux annonçant seulement "Fermée le 3/10" ! […] Ce qui s’est passé à Colmar est loin d’être un fait unique. Quelques exemples : un rassemblement à Flamanville (avec une petite marche) s’est retrouvé totalement encadré par les forces de l’ordre. Depuis des mois, sur le site de Notre Dame des Landes (44) (projet d’aéroport), des centaines de CRS avec gilet pare-balle, coquilles et véhicules radio, bloquent les routes et les chemins d’exploitation et même de randonnée ! Le coup de l’hélicoptère devient un classique…

Bernard N.
(SDN-Pays de Rennes / IndependentWHO)

De toutes les manifestations anti-nucléaires auxquelles j’ai participé, celle-ci est à classer dans le livre des records, en terme d’obstruction et de ridicule venant des autorités. L’accès à la bretelle "Colmar Centre", en arrivant de Neuf-Brisach, était interdite, ce 3 octobre. Obligeant ainsi à contourner la ville par le nord... Lorsque nous demandions à un CRS gradé pourquoi les rues adjacentes étaient interdites d’accès pour sortir de la manif, et non pas pour rentrer, tout en lui expliquant que c’était difficilement compréhensible, celui-ci nous répondait d’emblée qu’il ne comprenait pas non plus (!) et que hélas la décision ne leur appartenait pas. Réponse toute prête ou sincère ? Elle avait le mérite d’être spontanée.

Marcelin G.

Notre bus a été arrêté à quelques kilomètres de
l’entrée de Colmar. Sur tous les axes, des gendarmes contrôlaient tous les véhicules. Nous avons dû nous garer en attendant qu’ils nous envoient des motards. Nous étions 2 autocars et avons été accompagnés par 4 motards ! Gyrophare et sirènes, nous passions tout droit aux feux rouges. C’était réussi pour les autorités : "Braves gens, ne vous inquiétez pas, nous contrôlons ces dangereux manifestants qui sont venus mettre votre ville à sac."

Jérémy H. (Ingénieur)

L’État de droit… ou le droit de l’État ?

Un délit de sale gueule évident : un policier m’a interpellé avec deux militantes, nous interdisant de passer. Je rappelle aux flics que l’arrêté n’interdit pas de circuler à pied (il se trouve affiché à 2 mètres d’eux), ce dernier me dit qu’il a reçu des ordres. Je l’interpelle en lui disant qu’il laisse passer d’autres personnes, il me répond qu’eux ont le droit ! Ah bon ? Et pourquoi ? Eux ne ressemblent pas à des militants, me dit-il...

Cédric L. (38)


Colmar, essai de dictature le temps d’un week-end !

[…] Au bout d’un petit kilomètre, nous tombons sur une première barricade anti-émeute et toutes les options disponibles : les robocop au grand complet avec tous leurs gadgets qui font mal, les véhicules sortis de Mad Max avec grilles de protection, lance incendie et tout le toutim. […]

Nous sommes en Europe lorsque nous sommes à Colmar, et nos voisins allemands ont été volontairement "ralentis" à la frontière sous le prétexte fallacieux de "contrôles". Pour voyager beaucoup (trop ?), ça fait des années que je n’ai pas vu un douanier […]

Pendant ce temps, une équipe de France 3 apprenant la chose veut aller vérifier de visu. On leur interdit la sortie de Colmar... Étonnant, non ? Deux hélicoptères se relaient pour faire du vol stationnaire [au-dessus de la sono] chaque fois qu’il y a une prise de parole […] Les prises de parole se font malgré tout, une américaine vient même expliquer comment elle est surprise de voir autant de monde à ce rassemblement alors qu’EDF et Areva, au travers de leurs nombreuses filiales, racontent sur tout le territoire américain que tout va bien dans la France nucléaire. Elle est "scotchée", et ça se sent au micro. […]

Nous sommes entourés de barricades anti-émeutes nous interdisant l’accès au centre-ville. Les bleus canalisent toutes les entrées et interdisent les sorties, sauf à leur remettre tous signes distinctifs tels T-shirts, badges et autres matériels auxquels chaque militant attache un peu de son histoire personnelle. Deux d’entre nous se feront arracher des feuilles au message clair : "nucléaire = démocratie bafouée". […]

Mais nous avons gagné, nous les avons ridiculisés et il faut le dire, le score est sans appel : 3000 policiers à 0 incident. […] Alors ne lâchons rien, luttons sans compter, notre énergie est renouvelable et sans CO2, luttons pour que nos enfants puissent faire des enfants !

François Mativet (89)
Yonne Lautre, 6 octobre 2009


Théorème nucléaire n°3 : journaliste = terroriste ?

Je me trouvais place de la gare à côté de la scène avec des journalistes de TF1 qui essayaient de parlementer avec les policiers pour se rendre dix mètres plus loin dans un appartement qu’on leur avait prêté afin d’y filmer la manif en hauteur. Refus catégorique, discussion, carte de presse, rien n’y fait. Je fais remarquer au policier (chef) que l’arrêté du maire interdisant la circulation des piétons a été levé et que par conséquent les journalistes devraient pouvoir passer. Ce monsieur me rétorque que je l’agresse et que si ça continue... Écœurés, nous faisons demi-tour.

Isabelle T. (13)


Énergie propre : des succès à copier !

Je vous remercie pour ce rassemblement réussi. La manifestation de Colmar a été un succès malgré les menaces qui planaient sur les participants et l’hostilité exprimée par des élus, bien que chacun sache que ce collectif manifeste sans violence. […] En parallèle, le Réseau organisait des journées de conférences les 1er et 2 octobre au Parlement Européen. [...] À 50 km de Mulhouse, la ville de Fribourg et de très nombreuses communes d’Allemagne sont parvenues, en réponse à l’explosion du réacteur de Tchernobyl en 1986, à produire plus d’énergie renouvelable, non nucléaire, ce qui permet de couvrir la totalité des besoins en électricité de cette ville moderne et des communes qui l’entourent, soit près de 300 000 habitants. Cette production d’énergie propre en excès, repose sur des dizaines de milliers d’emplois intéressants. Plus près de Strasbourg, le canton autour de Schönau est devenu producteur propre de l’énergie au-delà de ses besoins. […]

Michel Fernex

Du partage et des rencontres

Bravo à tous pour la réussite du week-end, pour le beau travail partagé avant et pendant notre rassemblement. J’ai beaucoup apprécié les bonnes rencontres et les témoignages, échanges et débats, pendant ce temps de ressourcement collectif. Merci à Jocelyn pour son énergie, sa patience et sa bonne humeur !

Alison

Ouvrir les yeux

Si cette manifestation a pu ouvrir les yeux à seulement certains, et prouver par tout cet attirail qu’on ne veut pas nous laisser parler, que le nucléaire est intouchable en France ; pour moi c’est déjà une grande victoire.

Séverine (infirmière)


Secouer le joug nucléaire, ensemble

Des anciens militants de la première heure m’ont dit être déçus de ne pas avoir retrouvé l’ambiance d’antan... Lui s’est battu à Wyhl (Allemagne), emblème de la lutte antinucléaire, et qui a porté ses fruits qui plus est, je comprends son amertume. Mais pour moi qui suis née avec le nucléaire, qui l’ai accepté comme acquis, normal, intégré à notre quotidien, je suis fière de m’être réveillée et d’avoir apporté ma toute petite pierre à l’édifice, à l’instar de vous tous. Malgré la muraille antidémocratique, je veux rester positive, ce 3 octobre fut un beau moment de solidarité militante.

Aline (secrétaire de Stop Fessenheim)

Voir l’ensemble des témoignages, photos, vidéos, bilan financier... sur : https://www.fermons.fessenheim.org



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