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Sortir du nucléaire n°34



Mars à mai 2007

Education

Comment l’école parle-t-elle du nucléaire ?

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°34 - Mars à mai 2007

 Lobby nucléaire
Article publié le : 1er mai 2007


Le nucléaire omniprésent dans notre société pose la question de notre responsabilité individuelle, même si nous subissons une situation que nous n’avons pas choisie. Il nous plonge dans une tanatoculture, c’est-à-dire une culture de mort. Qui est coupable ?



" Peu importe que l’un ou l’autre ait été jusqu’ici innocent, il devient coupable s’il n’ouvre pas les yeux à ceux qui ne voient pas encore, et s’il ne hurle pas ce qu’il a compris à ceux qui ne comprennent pas encore. La faute n’est pas à rechercher dans le passé mais dans le présent et l’avenir. Les assassins potentiels ne sont pas les seuls coupables, nous aussi les morts en puissance nous le sommes." écrivait Gunther Anders, philosophe Allemand, en 1956, révulsé par le peu de réaction face à la course à l’armement nucléaire.

J’ai choisi le nucléaire comme sujet d’étude à un mémoire de maîtrise en science de l’éducation intitulé « Education à l’environnement, la question du nucléaire ». Ce mémoire s’appuie sur des auteurs tels que Gunther Anders, Hannah Arendt, Albert Jacquard... Il y a également huit entretiens avec des enseignants sur la place du nucléaire dans leur enseignement.

Voici la conclusion de ce mémoire :

Chaque fission c’est la voie vers la mort

Il aura fallu qu’on arrive à défaire l’œuvre de Dieu c’est-à-dire la matière.
Défaire le monde, défaire ce qui était là avant nous on ne l’a jamais fait. Qui nous a fait progresser au point de nous assassiner ?

citation de Marguerite Duras


La radioactivité est un phénomène naturel de décomposition qui, activé artificiellement fait peser une grave menace sur le vivant.

Son utilisation est le résultat d’une combinaison entre positivisme scientiste et volonté de puissance.

L’enthousiasme européen après les explosions des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki est retombé, cependant la menace n’a fait que progresser.

La brève histoire du nucléaire dément sans cesse les prédictions de ses débuts :
- En 1974, on prévoyait que pour l’an 2000, il faudrait 200 réacteurs et 50 surgénérateurs pour assurer les besoins d’électricité en France.
- En 1969, les normes de sécurité pour les sites de stockage étaient mille fois supérieures aux normes actuelles.

Il est désormais interdit de se débarrasser des fûts de déchets radioactifs en les jetant dans l’océan.

L’optimisme des promoteurs de l’atome est sans cesse démenti par la réalité.

L’expérimentation nucléaire dépasse les expérimentateurs et les expérimentés, mais est synonyme de pouvoir pour les expérimentateurs.

Par l’ampleur de la menace qu’elle fait peser sur tous, elle fait régner la terreur.

L’idéologie précède la terreur.

« Une des différences fondamentales entre les dictateurs modernes et toutes les autres tyrannies d’autrefois est que la terreur ne sert plus à exterminer et à épouvanter les adversaires mais à gouverner les masses dociles ».

Il est difficile de parler sereinement de cette technoscience car l’électricité est indispensable à nos activités et il y a amalgame entre électricité, nucléaire, indépendance de la France, élite scientifique et autorité de l’Etat.

« Poursuivre la recherche intense de la sécurité alors même que se multiplient les conditions technologiques et institutionnelles de son impossibilité, telle est la contradiction à laquelle sont confrontés les individus ».
La privatisation d’EDF, si elle est peu rassurante du point vue de la sécurité et de l’accès à l’énergie pour tous, permettra peut-être de relâcher le lien entre autorité de l’Etat et exploitation de l’atome pour produire de l’électricité, et permettre au débat de pénétrer dans les institutions.

« Le principe de précaution, clé de voûte du développement dit « durable » est étroitement lié à la perspective qu’auront les générations futures de pouvoir satisfaire leur besoin. Ainsi les risques de dégâts irréparables d’origine technoscientifiques dans l’écosystème relancent incessamment les exhortations à penser à l’avenir, à la précaution alors qu’à l’évidence les menaces en question n’appartiennent plus à l’avenir mais bien au passé. »

Il est temps que tous les Français arrivent à regarder la situation d’exception du tout nucléaire en face et que ce ne soit plus le champ réservé des scientifiques et des politiques.
L’école ne peut être ni responsable ni indifférente à cette technologie qui signe l’obsolescence de l’homme. Elle doit se situer entre les erreurs passées et les menaces présentes et futures.

Ne pas informer les jeunes constitue une forme de trahison, favorise la démission en laissant l’élite des experts décider à la place de tous, ce qui est contraire aux principes républicains et de formation du citoyen.

Ne pas parler du nucléaire dans les programmes et laisser les promoteurs de l’atome informer les élèves, c’est participer à la transmission d’une idéologie qui est contraire au principe de neutralité sur lequel s’appuie l’école. Celle-ci devrait permette à ceux qui condamnent l’atome de pénétrer dans l’école au même titre que ceux qui en font la promotion.

Il est temps de mener une réflexion sur la façon d’informer les jeunes. De montrer qu’il y a d’autres moyens de produire de l’électricité, de s’ouvrir aux expériences pédagogiques d’énergie propre qui existent dans les établissements scolaires européens. Ne plus laisser ce secteur dans l’ombre et donner de l’espoir aux jeunes en leur montrant qu’il est possible de construire un monde plus sûr pour demain.

Il y a urgence à entreprendre une telle démarche, mais on ne peut espérer une génération spontanée d’enseignants capables de synthétiser la question complexe de l’énergie et de l’écologie. Cette réflexion doit être d’abord menée à l’université et dans les instituts de formation des enseignants.

« Agir déclenche une série de conséquences. Celui qui agit se conduit en être responsable lorsqu’il accepte de supporter personnellement le poids de ces conséquences. Sa responsabilité est tout autant engagée lorsqu’il a laissé faire, sans agir directement : qu’on l’accepte ou non, et sauf cas pathologique, chacun sait en quoi consiste le geste qu’il fait et l’objectif de ce geste. En revanche, il n’est guère possible de savoir l’ensemble des événements qui seront, de proche en proche, déclenchés par ce geste. « Je n’ai pas voulu cela » disent souvent ceux qui ont provoqué des catastrophes par manque de lucidité. Mais c’est justement dans ce manque de lucidité que réside leur crime. » Albert Jacquard
(Petite philosophie à l’usage des non philosophes)

Vous pouvez commander le mémoire intégral « Education à l’environnement, la question du nucléaire » à :
Véronique Marchandier
7, rue de la Poultière - 35500 Vitré
Coût 10 euros pour frais de photocopie et d’envoi.
Chèque à l’ordre de “Véronique Marchandier”.
Véronique Marchandier
veronique.marchandier@sortirdunucleaire.fr

" Peu importe que l’un ou l’autre ait été jusqu’ici innocent, il devient coupable s’il n’ouvre pas les yeux à ceux qui ne voient pas encore, et s’il ne hurle pas ce qu’il a compris à ceux qui ne comprennent pas encore. La faute n’est pas à rechercher dans le passé mais dans le présent et l’avenir. Les assassins potentiels ne sont pas les seuls coupables, nous aussi les morts en puissance nous le sommes." écrivait Gunther Anders, philosophe Allemand, en 1956, révulsé par le peu de réaction face à la course à l’armement nucléaire.

J’ai choisi le nucléaire comme sujet d’étude à un mémoire de maîtrise en science de l’éducation intitulé « Education à l’environnement, la question du nucléaire ». Ce mémoire s’appuie sur des auteurs tels que Gunther Anders, Hannah Arendt, Albert Jacquard... Il y a également huit entretiens avec des enseignants sur la place du nucléaire dans leur enseignement.

Voici la conclusion de ce mémoire :

Chaque fission c’est la voie vers la mort

Il aura fallu qu’on arrive à défaire l’œuvre de Dieu c’est-à-dire la matière.
Défaire le monde, défaire ce qui était là avant nous on ne l’a jamais fait. Qui nous a fait progresser au point de nous assassiner ?

citation de Marguerite Duras


La radioactivité est un phénomène naturel de décomposition qui, activé artificiellement fait peser une grave menace sur le vivant.

Son utilisation est le résultat d’une combinaison entre positivisme scientiste et volonté de puissance.

L’enthousiasme européen après les explosions des bombes d’Hiroshima et de Nagasaki est retombé, cependant la menace n’a fait que progresser.

La brève histoire du nucléaire dément sans cesse les prédictions de ses débuts :
- En 1974, on prévoyait que pour l’an 2000, il faudrait 200 réacteurs et 50 surgénérateurs pour assurer les besoins d’électricité en France.
- En 1969, les normes de sécurité pour les sites de stockage étaient mille fois supérieures aux normes actuelles.

Il est désormais interdit de se débarrasser des fûts de déchets radioactifs en les jetant dans l’océan.

L’optimisme des promoteurs de l’atome est sans cesse démenti par la réalité.

L’expérimentation nucléaire dépasse les expérimentateurs et les expérimentés, mais est synonyme de pouvoir pour les expérimentateurs.

Par l’ampleur de la menace qu’elle fait peser sur tous, elle fait régner la terreur.

L’idéologie précède la terreur.

« Une des différences fondamentales entre les dictateurs modernes et toutes les autres tyrannies d’autrefois est que la terreur ne sert plus à exterminer et à épouvanter les adversaires mais à gouverner les masses dociles ».

Il est difficile de parler sereinement de cette technoscience car l’électricité est indispensable à nos activités et il y a amalgame entre électricité, nucléaire, indépendance de la France, élite scientifique et autorité de l’Etat.

« Poursuivre la recherche intense de la sécurité alors même que se multiplient les conditions technologiques et institutionnelles de son impossibilité, telle est la contradiction à laquelle sont confrontés les individus ».
La privatisation d’EDF, si elle est peu rassurante du point vue de la sécurité et de l’accès à l’énergie pour tous, permettra peut-être de relâcher le lien entre autorité de l’Etat et exploitation de l’atome pour produire de l’électricité, et permettre au débat de pénétrer dans les institutions.

« Le principe de précaution, clé de voûte du développement dit « durable » est étroitement lié à la perspective qu’auront les générations futures de pouvoir satisfaire leur besoin. Ainsi les risques de dégâts irréparables d’origine technoscientifiques dans l’écosystème relancent incessamment les exhortations à penser à l’avenir, à la précaution alors qu’à l’évidence les menaces en question n’appartiennent plus à l’avenir mais bien au passé. »

Il est temps que tous les Français arrivent à regarder la situation d’exception du tout nucléaire en face et que ce ne soit plus le champ réservé des scientifiques et des politiques.
L’école ne peut être ni responsable ni indifférente à cette technologie qui signe l’obsolescence de l’homme. Elle doit se situer entre les erreurs passées et les menaces présentes et futures.

Ne pas informer les jeunes constitue une forme de trahison, favorise la démission en laissant l’élite des experts décider à la place de tous, ce qui est contraire aux principes républicains et de formation du citoyen.

Ne pas parler du nucléaire dans les programmes et laisser les promoteurs de l’atome informer les élèves, c’est participer à la transmission d’une idéologie qui est contraire au principe de neutralité sur lequel s’appuie l’école. Celle-ci devrait permette à ceux qui condamnent l’atome de pénétrer dans l’école au même titre que ceux qui en font la promotion.

Il est temps de mener une réflexion sur la façon d’informer les jeunes. De montrer qu’il y a d’autres moyens de produire de l’électricité, de s’ouvrir aux expériences pédagogiques d’énergie propre qui existent dans les établissements scolaires européens. Ne plus laisser ce secteur dans l’ombre et donner de l’espoir aux jeunes en leur montrant qu’il est possible de construire un monde plus sûr pour demain.

Il y a urgence à entreprendre une telle démarche, mais on ne peut espérer une génération spontanée d’enseignants capables de synthétiser la question complexe de l’énergie et de l’écologie. Cette réflexion doit être d’abord menée à l’université et dans les instituts de formation des enseignants.

« Agir déclenche une série de conséquences. Celui qui agit se conduit en être responsable lorsqu’il accepte de supporter personnellement le poids de ces conséquences. Sa responsabilité est tout autant engagée lorsqu’il a laissé faire, sans agir directement : qu’on l’accepte ou non, et sauf cas pathologique, chacun sait en quoi consiste le geste qu’il fait et l’objectif de ce geste. En revanche, il n’est guère possible de savoir l’ensemble des événements qui seront, de proche en proche, déclenchés par ce geste. « Je n’ai pas voulu cela » disent souvent ceux qui ont provoqué des catastrophes par manque de lucidité. Mais c’est justement dans ce manque de lucidité que réside leur crime. » Albert Jacquard
(Petite philosophie à l’usage des non philosophes)

Vous pouvez commander le mémoire intégral « Education à l’environnement, la question du nucléaire » à :
Véronique Marchandier
7, rue de la Poultière - 35500 Vitré
Coût 10 euros pour frais de photocopie et d’envoi.
Chèque à l’ordre de “Véronique Marchandier”.
Véronique Marchandier
veronique.marchandier@sortirdunucleaire.fr



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