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2012 : Global Zero : un monde sans arme nucléaire, c’est possible !

Bilan du sommet de l’OTAN à Chicago

Article publié le 25 juin 2012



Le changement en matière de nucléaire militaire, c’est pas pour maintenant !

Le dernier sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) s’est tenu les 20 et 21 mai derniers à Chicago , en présence notamment du président Hollande. Voici un décryptage des décisions adoptées concernant le désarmement nucléaire.



Aujourd’hui, 20 ans après la fin de la guerre froide, il reste environ 200 armes nucléaires américaines tactiques sur le sol européen - selon les révélations de Wikileaks. Elles sont obsolètes puisqu’elles ont perdu leur prétendue nécessité stratégique. Guy Samore, le responsable officiel américain de l’armement, admet d’ailleurs qu’elles n’ont qu’un rôle « symbolique » [1]. En revanche, elles constituent un vrai danger pour les populations du continent. Le risque d’accident ou de détournement terroriste ne peut être écarté, quel que soit le niveau de sécurité supposé ou réel des équipements.

Le sommet de Chicago devait être l’occasion pour l’OTAN de poursuivre son engagement sur la voie du désarmement. Or il n’en a rien été et la situation ressemble à présent davantage à une course à l’armement sous pression américaine.

En février 2010, les 28 États membres de l’OTAN avaient écrit à son secrétaire général Andres Fogh Rasmussen pour réclamer un grand débat sur la politique nucléaire de l’Alliance et le retrait de 150 bombes atomiques américaines entreposées dans 5 pays alliés (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Norvège). L’Allemagne, encouragée par le discours prononcé par le président Obama en 2009 à Prague, « Un monde sans armes nucléaires » [2], avait formulé une demande de retrait des armes nucléaires de son territoire. Les autres États concernés souhaitaient également que ce retrait s’accompagne d’un accord bilatéral avec la Russie. Mais ces formulations vont à l’encontre des intérêts reconsidérés des Français et des Américains. À l’heure actuelle, Paris ne souhaite pas remettre en cause sa propre force de frappe non assujettie à l’OTAN, et Washington est bien déterminé à moderniser son arsenal nucléaire.

Aussi, afin de concilier les deux partis, un processus de réexamen des postures de dissuasion et de défense (DPPR) a été lancé il y a deux ans suite au sommet de Lisbonne. Il a été adopté à Chicago en mai dernier, et le début de la déclaration [3] semble encourageant pour le désarmement : « Nous restons profondément préoccupés par la prolifération des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive (ADM), ainsi que de leurs vecteurs. La prolifération menace notre vision commune qui est de créer les conditions nécessaires à un monde sans armes nucléaires, conformément aux objectifs énoncés dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). »

En réalité, cette déclaration de bonne intention ne semble pas modifier grandement la politique nucléaire de l’OTAN. En poursuivant la déclaration on peut lire « L’OTAN est déterminée à maintenir une combinaison appropriée de capacités nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile pour la dissuasion et la défense. »
Non seulement l’OTAN n’entend pas retirer ses missiles du sol européen mais elle impose en plus son projet de bouclier antimissile au vieux continent. « Au sommet de Lisbonne, nous avons décidé de développer une capacité de défense antimissile de l’OTAN […] La défense antimissile peut venir compléter le rôle des armes nucléaires dans la dissuasion mais elle ne peut pas s’y substituer. Cette capacité est purement défensive. » Le positionnement de l’OTAN est parfaitement clair « La garantie suprême de la sécurité des Alliés est apportée par les forces nucléaires stratégiques de l’Alliance ».

L’organisation n’entend pas modifier sa politique de dissuasion nucléaire. Le DDPR réaffirme : « Tant qu’il y aura des armes nucléaires dans le monde, l’OTAN restera une alliance nucléaire. »

L’imposition de ce bouclier à l’Europe par les États-Unis apparaît comme un compromis de la part de François Hollande en échange du retrait de la totalité des troupes françaises d’Afghanistan, une de ses promesses de campagne. Il avait fait part de ses réticences concernant un tel dispositif de défense, mais l’a finalement ratifié en se prononçant « de façon pragmatique pour le bouclier antimissile à condition que toutes les précautions soient respectées ». Pourtant le lancement d’un tel bouclier sera dangereux et coûteux - cet investissement est estimé à 1 milliard d’euros [3] - pour les Européens qui devront le financer. En revanche, il s’agit d’une décision avantageuse pour l’industrie américaine, qui dispose seule de la technologie nécessaire à son développement [4].

Dans l’article en faveur de Global Zero du 15 mai 2012, nous rappelions que l’État français s’obstine à conserver l’arme atomique en dépit de ses engagements internationaux. L’acceptation par le président Hollande du bouclier européen est d’autant plus dommageable qu’elle constitue un pas de plus dans la nucléarisation de la Défense nationale.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" souhaite que la France inverse la tendance et s’inscrive dans un processus de désarmement global. Comme le précise la charte du Réseau « Nous voulons […] l’abolition et l’élimination de toutes les armes nucléaires et radioactives ».

À titre de comparaison, le premier ministre belge Elio di Rupo a, lui, déclaré au sommet de Chicago « Nous sommes un pays qui continue à défendre la dénucléarisation, en particulier en Europe » et son chef de la diplomatie Didier Reyndens d’ajouter « Nous plaidons pour une réduction de l’armement nucléaire au niveau le plus bas possible ». [5]

Aujourd’hui, 20 ans après la fin de la guerre froide, il reste environ 200 armes nucléaires américaines tactiques sur le sol européen - selon les révélations de Wikileaks. Elles sont obsolètes puisqu’elles ont perdu leur prétendue nécessité stratégique. Guy Samore, le responsable officiel américain de l’armement, admet d’ailleurs qu’elles n’ont qu’un rôle « symbolique » [1]. En revanche, elles constituent un vrai danger pour les populations du continent. Le risque d’accident ou de détournement terroriste ne peut être écarté, quel que soit le niveau de sécurité supposé ou réel des équipements.

Le sommet de Chicago devait être l’occasion pour l’OTAN de poursuivre son engagement sur la voie du désarmement. Or il n’en a rien été et la situation ressemble à présent davantage à une course à l’armement sous pression américaine.

En février 2010, les 28 États membres de l’OTAN avaient écrit à son secrétaire général Andres Fogh Rasmussen pour réclamer un grand débat sur la politique nucléaire de l’Alliance et le retrait de 150 bombes atomiques américaines entreposées dans 5 pays alliés (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Norvège). L’Allemagne, encouragée par le discours prononcé par le président Obama en 2009 à Prague, « Un monde sans armes nucléaires » [2], avait formulé une demande de retrait des armes nucléaires de son territoire. Les autres États concernés souhaitaient également que ce retrait s’accompagne d’un accord bilatéral avec la Russie. Mais ces formulations vont à l’encontre des intérêts reconsidérés des Français et des Américains. À l’heure actuelle, Paris ne souhaite pas remettre en cause sa propre force de frappe non assujettie à l’OTAN, et Washington est bien déterminé à moderniser son arsenal nucléaire.

Aussi, afin de concilier les deux partis, un processus de réexamen des postures de dissuasion et de défense (DPPR) a été lancé il y a deux ans suite au sommet de Lisbonne. Il a été adopté à Chicago en mai dernier, et le début de la déclaration [3] semble encourageant pour le désarmement : « Nous restons profondément préoccupés par la prolifération des armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive (ADM), ainsi que de leurs vecteurs. La prolifération menace notre vision commune qui est de créer les conditions nécessaires à un monde sans armes nucléaires, conformément aux objectifs énoncés dans le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). »

En réalité, cette déclaration de bonne intention ne semble pas modifier grandement la politique nucléaire de l’OTAN. En poursuivant la déclaration on peut lire « L’OTAN est déterminée à maintenir une combinaison appropriée de capacités nucléaires, conventionnelles et de défense antimissile pour la dissuasion et la défense. »
Non seulement l’OTAN n’entend pas retirer ses missiles du sol européen mais elle impose en plus son projet de bouclier antimissile au vieux continent. « Au sommet de Lisbonne, nous avons décidé de développer une capacité de défense antimissile de l’OTAN […] La défense antimissile peut venir compléter le rôle des armes nucléaires dans la dissuasion mais elle ne peut pas s’y substituer. Cette capacité est purement défensive. » Le positionnement de l’OTAN est parfaitement clair « La garantie suprême de la sécurité des Alliés est apportée par les forces nucléaires stratégiques de l’Alliance ».

L’organisation n’entend pas modifier sa politique de dissuasion nucléaire. Le DDPR réaffirme : « Tant qu’il y aura des armes nucléaires dans le monde, l’OTAN restera une alliance nucléaire. »

L’imposition de ce bouclier à l’Europe par les États-Unis apparaît comme un compromis de la part de François Hollande en échange du retrait de la totalité des troupes françaises d’Afghanistan, une de ses promesses de campagne. Il avait fait part de ses réticences concernant un tel dispositif de défense, mais l’a finalement ratifié en se prononçant « de façon pragmatique pour le bouclier antimissile à condition que toutes les précautions soient respectées ». Pourtant le lancement d’un tel bouclier sera dangereux et coûteux - cet investissement est estimé à 1 milliard d’euros [3] - pour les Européens qui devront le financer. En revanche, il s’agit d’une décision avantageuse pour l’industrie américaine, qui dispose seule de la technologie nécessaire à son développement [4].

Dans l’article en faveur de Global Zero du 15 mai 2012, nous rappelions que l’État français s’obstine à conserver l’arme atomique en dépit de ses engagements internationaux. L’acceptation par le président Hollande du bouclier européen est d’autant plus dommageable qu’elle constitue un pas de plus dans la nucléarisation de la Défense nationale.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" souhaite que la France inverse la tendance et s’inscrive dans un processus de désarmement global. Comme le précise la charte du Réseau « Nous voulons […] l’abolition et l’élimination de toutes les armes nucléaires et radioactives ».

À titre de comparaison, le premier ministre belge Elio di Rupo a, lui, déclaré au sommet de Chicago « Nous sommes un pays qui continue à défendre la dénucléarisation, en particulier en Europe » et son chef de la diplomatie Didier Reyndens d’ajouter « Nous plaidons pour une réduction de l’armement nucléaire au niveau le plus bas possible ». [5]



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