Alors là, bravo ! Toujours à la pointe de linnovation, la multinationale radioactive Areva vient de frapper un grand coup dans lart de faire de la propagande. Allons directement à la source avec le communiqué de presse dAreva qui précise : Plan média : la campagne sera diffusée simultanément en Europe (France, Allemagne, Angleterre...), aux Etats-Unis, en Amérique du Sud (Brésil, Mexique...) et en Asie (Chine, Japon). Le plan média combinera 3000 passages de spots TV sur 32 chaînes de télévision nationales et internationales, 300 parutions dans la presse nationale et internationale, 7 millions de passages sur internet, et la diffusion du film sur deux compagnies aériennes européennes.
Les observateurs des milieux économiques ne sy sont pas trompés. Ainsi, le 6 mars 2004, Le Figaro publiait un article intitulé Areva ou la pédagogie funky. Sur la forme, ça donne un dessin animé publicitaire de 45 secondes, soutenu par une musique sympa et entraînante : Funky town ! Sur le fond, cest quasiment... révolutionnaire : exit le concept galvaudé de développement durable, et pas plus de gouvernance ou de bonnes pratiques. Terminé les finasseries, Areva a décidé détaler ouvertement lensemble de ses activités. Mais - pas fous, les nucléocrates - en les magnifiant, et même carrément en les idéalisant. Ca, cest laspect pédagogie.
Idéaliser les activités nucléaires dAREVA
Ainsi, le spot démarre par lextraction de luranium au Canada. Puis tout senchaîne : transport, enrichissement de luranium, fabrication du combustible nucléaire, conception et fabrication des réacteurs nucléaires, retraitement des déchets, quelques éoliennes pour faire joli, et la mise en valeur des activités de transmission et distribution dénergie acquises en janvier dernier auprès dAlstom.
La boucle est bouclée, le cycle complet, cest beau, cest propre. Cest funky. Mais la réalité est bien différente. Il y aurait de quoi faire un contre-spot. Jugez un peu :
- Areva extrait luranium du Niger dans des conditions effroyables pour lenvironnement, les mineurs et la population locale, et ce afin de minimiser les coûts dexploitation.
- Areva enrichit luranium dans son usine de Pierrelatte (Drôme), dont lIran possède toujours à lheure actuelle 10%, ce qui lui a permis de recevoir des matières nucléaires pour tenter de fabriquer des bombes atomiques.
- Areva fait transporter à travers toute la France, par camion et par train, des matières nucléaires comme le plutonium (le plus dangereux des poisons).
- Areva contamine lenvironnement lors des incidents qui surviennent régulièrement dans ses installations.
- Areva est à lorigine de la mise en uvre par le gouvernement de larrêté secret défense, qui fait peser sur les militants la menace de lourdes sanctions financières.
- Areva, composante du lobby nucléaire, influe pour que la France décide la construction du réacteur nucléaire EPR... vendu par Areva ! Et le 25 mars, cerise sur le gâteau, la Chambre dinstruction de la cour dappel de Limoges a renvoyé la Cogéma devant le tribunal correctionnel pour pollution, abandon ou dépôts de déchets contenant des substances radioactives en Haute-Vienne. La Cogéma, faut-il le rappeler, appartient à Areva.
Le Réseau Sortir du nucléaire a édité (voir ci-contre) un petit pastiche de la publicité dAreva, celle qui passe dans les journaux.
Mais aucune chance quil ne soit publié par les médias, qui nont aucune envie dêtre privés des millions généreusement déversés par Areva. Il ne sagit pourtant que de quelques exemples dune liste sans fin qui fait que, pour lenvironnement et les populations, les activités dAreva sont loin dêtre funky...
Stéphane Lhomme
Tous les 3 mois, retrouvez 36 pages (en couleur) de brèves, interviews, articles, BD, alternatives concrètes, actions originales, luttes antinucléaires à l’étranger, décryptages, etc.