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Sortir du nucléaire n°55



Automne 2012

Notes de lecture

À livres ouverts...

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°55 - Automne 2012



Comme à chaque numéro, nous partageons avec vous nos impressions sur quelques-uns des livres que nous avons reçus ces derniers mois.



Les éoliennes en mer


Questions - Réponses

P. Gouverneur, F. Jouet, Éd. du Cherche midi, 2012, 95 pages, à commander au prix de 9,50 € (frais de port en sus) sur : https://boutique.sortirdunucleaire.org ou en retournant le coupon-réponse ci-joint.

L’éolien en mer est un sujet nouveau et très controversé : il ne serait pas rentable, il détruirait la faune sous-marine et casserait la ligne d’horizon. Pourtant cinq grands projets ont été retenus par le gouvernement et les gros groupes industriels se battent pour obtenir les marchés.
Philippe Gouverneur, ancien industriel fervent défenseur des énergies renouvelables, répond à un certain nombre de questions. Des études sont menées depuis des années pour connaître l’impact sur la faune et la flore de ces géantes. Des techniques sont mises en place, notamment pendant la phase de construction, afin de minimiser les dégâts qui peuvent être causés sur les cétacés (par exemple).

D’un point de vue économique, les éoliennes en mer représentent un fort potentiel de création d’emploi local. Le coût de cette énergie reste élevé, toutefois les énergies fossiles augmentent sans cesse et l’écart devrait se réduire au fils des ans.

On peut critiquer l’éolien en mer parce qu’il est issu de l’industrie, mais il est, en complément des économies d’énergies, une production d’énergie alternative pour sortir du nucléaire.

Delphine Boutonnet

Après l’Accident Atomique Guide pratique d’une radioprotection efficace

Vladimir Babenko, Éd. Tatamis, 2012, 74 pages.

Procurez-vous ce livre au prix de 10€ port compris, auprès de l’association Enfants de Tchernobyl-Bélarus (65 quai Mayaud, 49400 Saumur ; https://enfants-tchernobyl-belarus.org). 50 % de votre paiement seront reversés à l’Institut Belrad qui aide les populations contaminées par Tchernobyl.

Voilà un petit livre de base pour toutes les associations écologistes et anti-nucléaires. Chaque citoyen soucieux de l’avenir devrait l’avoir lu. Car le Japon a offert l’exemple d’une situation favorisant le pire : l’ignorance généralisée des questions touchant aux conséquences d’un accident atomique, aussi bien au sein des cercles dirigeants, dans la plupart des associations écologistes et anti-nucléaires que parmi la population en général. Tchernobyl n’a pas servi de leçon. La protection de la population n’a pas été mieux assurée, tant s’en faut.

On apprend dans ce livre ce que sont les différents types de rayonnements ionisants, quels sont les radio-éléments rejetés par les accidents atomiques qui vont rester dans l’environnement et contaminer durablement sols, eaux, plantes et animaux.

Puis le lecteur découvre les voies par lesquelles cette contamination peut entrer dans la nourriture de tous les jours, les plantes du potager, les fruits de la nature et où elle tend à s’accumuler. Il se rend compte que le danger, bien compris, peut être dans sa plus grande part évité, par la mesure de la contamination des aliments, par le choix des moins risqués sinon, et, si cette contamination reste en-dessous d’un certain seuil, par une préparation qui en élimine la plus grande part. Il découvre qu’il est possible de mesurer la radioactivité incorporée et comment en accélérer l’élimination grâce à un additif alimentaire éprouvé, un mélange de pectine de pomme, d’anti-oxydants et d’oligo-éléments.

Mais il se rend compte que la situation d’après l’accident atomique impose une attention de tous les jours, que toute imprudence se paye, que la nature recèle une menace diffuse longtemps après que la situation sur le site de l’accident a été maîtrisée. Voilà l’enseignement de l’Institut Belrad après plus de vingt-deux ans d’assistance aux enfants de Biélorussie touchés par Tchernobyl.

Il se persuade alors qu’il vaut mieux tout faire pour ne pas continuer de risquer d’obérer ainsi son avenir et celui de ses enfants, de leurs enfants et des générations à venir. Il vaut mieux une bonne vie sans nuage de cette sorte que de l’électricité atomique, serait-elle surabondante et, par "miracle", moins coûteuse – ce qui n’est pas le cas.

Yves Lenoir

L’isolation par l’extérieur

T. Gallauziaux, D. Fedullo, Éd. Eyrolles, 2009, 84 pages, 9 €, disponible en librairie.

D’une lecture claire et très abondamment illustré, ce livre fait le point sur un sujet capital.

L’isolation par l’extérieur (IPE) met à profit l’inertie thermique des murs et les protège des intempéries. Vous comprendrez en lisant cet ouvrage les raisons qui font de l’IPE la plus efficace des solutions, car il commence par rappeler, avec pédagogie, les principes et l’importance d’une bonne isolation.

En effet, comme le disent les auteurs, la chaleur se comporte comme un fluide : le moindre pont thermique aura le même effet qu’un trou dans une bassine ; pouvant provoquer jusqu’à 40 % de pertes de chaleur.

De même qu’il est inutile de sur-isoler si c’est fait partiellement. Des coûteux travaux donneront un très mauvais résultat sans un traitement global de l’habitation. Isoler la moitié des murs ne revient pas à faire la moitié du chantier, mais à n’en faire pratiquement rien.

La deuxième partie est très descriptive : elle présente méthodes et matériaux, donnant un panorama indispensable pour un choix majeur de son chantier ou pour discuter avec artisans ou architectes, souvent ignares en la matière.

Claudio Rumolino

Yucca Mountain

John D’Agata, Zones sensibles, 2012, 159 pages, 16 €, disponible en librairie.

Retour au point de départ, ce Sud-Ouest américain où le président Truman a cru bon de faire procéder aux premiers essais nucléaires... et aux suivants, jusque dans les années 1990. Aujourd’hui, la montagne Yucca, dans le Nevada, doit servir de dépotoir à des décennies de production de déchets états-uniens (le projet a été "gelé" par Obama après que le livre a été écrit). Pendant des années, une cargaison toutes les trois heures passerait par le nœud autoroutier de Las Vegas, et les risques sont bien connus, mais qu’à cela ne tienne. La montagne est poreuse et constituée à 9 % d’eau, une matière très corrosive, mais qu’à cela ne tienne. On n’imagine pas pouvoir signaler pendant ne serait-ce que les 10 000 ans qui servent d’objectif politique la dangerosité de la montagne à des populations dont la langue n’aura plus qu’un rapport lointain avec l’anglais, mais qu’à cela ne tienne. Elles resteront, on l’espère, émues comme nous par le "Cri", ce tableau de Munch que l’auteur propose de dessiner sur la montagne, comme il se dessine sur la couverture de ce livre surprenant. Ni essai, ni autobiographie, mais déambulation personnelle et poétique dans une société mortifère. Les digressions nombreuses et très documentées (sur le plus grand building – inutile – de Las Vegas, sur le taux de suicide dans cette ville, sur la sémiologie, etc.) sont des ramifications indispensables pour décrire au plus juste la folie nucléaire.

Aude Vidal

Oublier Fukushima

Arkadi Filine, Éd. Les bouts de la ville, 240 pages, 2012, 10 €, disponible en librairie.

Sous un pseudonyme (Arkadi Filine est un liquidateur de Tchernobyl cité par Svetlana Alexievitch dans La Supplication), un collectif d’antinucléaires présente une analyse de la manière dont au Japon, vingt-cinq ans après Tchernobyl, on suit scrupuleusement les indications de la mafia nucléocrate pour essayer de minimiser, oublier et nier les conséquences de l’accident de Fukushima. En publiant des documents d’aujourd’hui en parallèle avec ceux de l’époque Tchernobyl, le résultat est saisissant. On appréciera aussi la reprise de nombreux témoignages de Japonais, de victimes, de salariés ou de militants. On sera plus réservé sur le pessimisme des auteurs. Si ceux-ci avancent avec justesse que le nucléaire impose un modèle de société, contrairement à eux, nous ne croyons pas que cela soit irréversible. Ils avancent le maintien des constructions de nouveaux réacteurs. Si c’est réel, il s’en ferme maintenant plus qu’il ne s’en ouvre et le mouvement de repli s’accélère. Restent les déchets que nous aurons à surveiller pour les siècles des siècles.

Michel Bernard

Le nucléaire, une névrose française. Après Fukushima, à quand la sortie ?

Patrick Piro, Éd. Les Petits Matins, 248 p. 2012, 14,2 €, disponible en librairie.

Dans cet essai, Patrick Piro identifie les symptômes de ce qu’il appelle une névrose française...

Ainsi, au fil de ses chapitres détaillés et étayés de nombreuses références, l’auteur nous fait la démonstration de ce qui constitue une bien affligeante addiction. Avec un brin d’ironie, on découvre ou redécouvre les ramifications de cette tradition française, un court historique permet de refaire le chemin et l’histoire de France qui mène à Fukushima, dans le déni total et les mensonges faits à la population. Constat fouillé de la catastrophe nucléaire de 2011, cet essai n’est pas pour autant qu’une suite d’éléments journalistiques, l’après Fukushima et les conséquences directes pour cette industrie sont également largement abordés par Patrick Piro.

L’après Fukushima est selon l’auteur, le "cygne noir" du nucléaire, cette catastrophe qu’on nous disait impossible, et qui pourtant, un jour, survient, avec son terrible cortège de conséquences.

Si la démonstration est assez classique, elle ne s’en appuie pas mois de façon solide sur différents scénarios de sortie. L’auteur vulgarise des données parfois difficilement compréhensibles, et permet de retrouver des ordres de grandeur simples, d’illustrer clairement que la fin du nucléaire n’a rien d’utopique, qu’une gestion de l’énergie rationnelle couplée avec des efforts massifs dans le domaine des consommations, permet d’envisager sereinement et sérieusement la voie salutaire.

Comprendre la politique nucléaire française, en savoir plus sur le pourquoi de Fukushima, y voir plus clair dans la démonstration des scénarios de sortie, sans excès d’optimisme, ce livre permet une bonne entrée en matière. Il permettra également aux militants déjà bien au fait, de synthétiser nombre de notions et d’élargir la base de leurs connaissances.

Baptiste Coll

Les sanctuaires de l’abîme. Chronique du désastre de Fukushima

Nadine et Thierry Ribault, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2012, 15 €, disponible en librairie.

Un an après Fukushima, il est temps d’en tirer des bilans circonstanciés et approfondis. Celui que proposent Nadine et Thierry Ribault s’appuie sur plusieurs types de sources, officielles ou militantes, en français ou en japonais, sur leurs propres connaissances du Japon, pays où ils résidaient en 2011, et sur le travail remarquable d’un de leurs amis japonais, Wataru Iwata. Celui-ci habitait Tokyo et se réfugia chez eux, à Kyoto, au moment de la catastrophe, avant de décider de partir dans la zone de Fukushima pour y aider les habitants en détresse, les informer, mesurer la radioactivité, etc.

Ce livre n’est cependant pas qu’un témoignage. Il analyse la terreur nucléaire sous tous ses aspects, depuis l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre des mesures d’aide minimales jusqu’à ses mensonges pour cacher son impéritie. Le rôle des mafias japonaises, les yakuzas, des simples citoyens, des menteurs officiels d’État, tout cela est passé au crible de la critique et nous donne une vision du Japon qui n’a rien à voir avec la version officielle propagée ici par l’IRSN ou l’État. Comme le serait tout pays touché par une catastrophe d’une telle ampleur, le Japon n’est pas en mesure de l’affronter.

En dernière analyse, le livre est un formidable plaidoyer pour une sortie immédiate du nucléaire. Il n’y a pas d’autre solution, à moins d’espérer que, jamais, un autre Fukushima ne se produise… Ce que le lobby nucléaire tentait déjà de dire après Tchernobyl, tout en reconnaissant que c’était possible mais que les conséquences de Tchernobyl n’étaient telles qu’à cause de l’incompétence des Soviétiques. Ce livre montre que même dans LE pays du monde le plus organisé, le nucléaire ne peut pas être dominé.

Philippe Godard (en partenariat avec la nouvelle revue écologiste L’An 02, www.lan02.org )

Les éoliennes en mer


Questions - Réponses

P. Gouverneur, F. Jouet, Éd. du Cherche midi, 2012, 95 pages, à commander au prix de 9,50 € (frais de port en sus) sur : https://boutique.sortirdunucleaire.org ou en retournant le coupon-réponse ci-joint.

L’éolien en mer est un sujet nouveau et très controversé : il ne serait pas rentable, il détruirait la faune sous-marine et casserait la ligne d’horizon. Pourtant cinq grands projets ont été retenus par le gouvernement et les gros groupes industriels se battent pour obtenir les marchés.
Philippe Gouverneur, ancien industriel fervent défenseur des énergies renouvelables, répond à un certain nombre de questions. Des études sont menées depuis des années pour connaître l’impact sur la faune et la flore de ces géantes. Des techniques sont mises en place, notamment pendant la phase de construction, afin de minimiser les dégâts qui peuvent être causés sur les cétacés (par exemple).

D’un point de vue économique, les éoliennes en mer représentent un fort potentiel de création d’emploi local. Le coût de cette énergie reste élevé, toutefois les énergies fossiles augmentent sans cesse et l’écart devrait se réduire au fils des ans.

On peut critiquer l’éolien en mer parce qu’il est issu de l’industrie, mais il est, en complément des économies d’énergies, une production d’énergie alternative pour sortir du nucléaire.

Delphine Boutonnet

Après l’Accident Atomique Guide pratique d’une radioprotection efficace

Vladimir Babenko, Éd. Tatamis, 2012, 74 pages.

Procurez-vous ce livre au prix de 10€ port compris, auprès de l’association Enfants de Tchernobyl-Bélarus (65 quai Mayaud, 49400 Saumur ; https://enfants-tchernobyl-belarus.org). 50 % de votre paiement seront reversés à l’Institut Belrad qui aide les populations contaminées par Tchernobyl.

Voilà un petit livre de base pour toutes les associations écologistes et anti-nucléaires. Chaque citoyen soucieux de l’avenir devrait l’avoir lu. Car le Japon a offert l’exemple d’une situation favorisant le pire : l’ignorance généralisée des questions touchant aux conséquences d’un accident atomique, aussi bien au sein des cercles dirigeants, dans la plupart des associations écologistes et anti-nucléaires que parmi la population en général. Tchernobyl n’a pas servi de leçon. La protection de la population n’a pas été mieux assurée, tant s’en faut.

On apprend dans ce livre ce que sont les différents types de rayonnements ionisants, quels sont les radio-éléments rejetés par les accidents atomiques qui vont rester dans l’environnement et contaminer durablement sols, eaux, plantes et animaux.

Puis le lecteur découvre les voies par lesquelles cette contamination peut entrer dans la nourriture de tous les jours, les plantes du potager, les fruits de la nature et où elle tend à s’accumuler. Il se rend compte que le danger, bien compris, peut être dans sa plus grande part évité, par la mesure de la contamination des aliments, par le choix des moins risqués sinon, et, si cette contamination reste en-dessous d’un certain seuil, par une préparation qui en élimine la plus grande part. Il découvre qu’il est possible de mesurer la radioactivité incorporée et comment en accélérer l’élimination grâce à un additif alimentaire éprouvé, un mélange de pectine de pomme, d’anti-oxydants et d’oligo-éléments.

Mais il se rend compte que la situation d’après l’accident atomique impose une attention de tous les jours, que toute imprudence se paye, que la nature recèle une menace diffuse longtemps après que la situation sur le site de l’accident a été maîtrisée. Voilà l’enseignement de l’Institut Belrad après plus de vingt-deux ans d’assistance aux enfants de Biélorussie touchés par Tchernobyl.

Il se persuade alors qu’il vaut mieux tout faire pour ne pas continuer de risquer d’obérer ainsi son avenir et celui de ses enfants, de leurs enfants et des générations à venir. Il vaut mieux une bonne vie sans nuage de cette sorte que de l’électricité atomique, serait-elle surabondante et, par "miracle", moins coûteuse – ce qui n’est pas le cas.

Yves Lenoir

L’isolation par l’extérieur

T. Gallauziaux, D. Fedullo, Éd. Eyrolles, 2009, 84 pages, 9 €, disponible en librairie.

D’une lecture claire et très abondamment illustré, ce livre fait le point sur un sujet capital.

L’isolation par l’extérieur (IPE) met à profit l’inertie thermique des murs et les protège des intempéries. Vous comprendrez en lisant cet ouvrage les raisons qui font de l’IPE la plus efficace des solutions, car il commence par rappeler, avec pédagogie, les principes et l’importance d’une bonne isolation.

En effet, comme le disent les auteurs, la chaleur se comporte comme un fluide : le moindre pont thermique aura le même effet qu’un trou dans une bassine ; pouvant provoquer jusqu’à 40 % de pertes de chaleur.

De même qu’il est inutile de sur-isoler si c’est fait partiellement. Des coûteux travaux donneront un très mauvais résultat sans un traitement global de l’habitation. Isoler la moitié des murs ne revient pas à faire la moitié du chantier, mais à n’en faire pratiquement rien.

La deuxième partie est très descriptive : elle présente méthodes et matériaux, donnant un panorama indispensable pour un choix majeur de son chantier ou pour discuter avec artisans ou architectes, souvent ignares en la matière.

Claudio Rumolino

Yucca Mountain

John D’Agata, Zones sensibles, 2012, 159 pages, 16 €, disponible en librairie.

Retour au point de départ, ce Sud-Ouest américain où le président Truman a cru bon de faire procéder aux premiers essais nucléaires... et aux suivants, jusque dans les années 1990. Aujourd’hui, la montagne Yucca, dans le Nevada, doit servir de dépotoir à des décennies de production de déchets états-uniens (le projet a été "gelé" par Obama après que le livre a été écrit). Pendant des années, une cargaison toutes les trois heures passerait par le nœud autoroutier de Las Vegas, et les risques sont bien connus, mais qu’à cela ne tienne. La montagne est poreuse et constituée à 9 % d’eau, une matière très corrosive, mais qu’à cela ne tienne. On n’imagine pas pouvoir signaler pendant ne serait-ce que les 10 000 ans qui servent d’objectif politique la dangerosité de la montagne à des populations dont la langue n’aura plus qu’un rapport lointain avec l’anglais, mais qu’à cela ne tienne. Elles resteront, on l’espère, émues comme nous par le "Cri", ce tableau de Munch que l’auteur propose de dessiner sur la montagne, comme il se dessine sur la couverture de ce livre surprenant. Ni essai, ni autobiographie, mais déambulation personnelle et poétique dans une société mortifère. Les digressions nombreuses et très documentées (sur le plus grand building – inutile – de Las Vegas, sur le taux de suicide dans cette ville, sur la sémiologie, etc.) sont des ramifications indispensables pour décrire au plus juste la folie nucléaire.

Aude Vidal

Oublier Fukushima

Arkadi Filine, Éd. Les bouts de la ville, 240 pages, 2012, 10 €, disponible en librairie.

Sous un pseudonyme (Arkadi Filine est un liquidateur de Tchernobyl cité par Svetlana Alexievitch dans La Supplication), un collectif d’antinucléaires présente une analyse de la manière dont au Japon, vingt-cinq ans après Tchernobyl, on suit scrupuleusement les indications de la mafia nucléocrate pour essayer de minimiser, oublier et nier les conséquences de l’accident de Fukushima. En publiant des documents d’aujourd’hui en parallèle avec ceux de l’époque Tchernobyl, le résultat est saisissant. On appréciera aussi la reprise de nombreux témoignages de Japonais, de victimes, de salariés ou de militants. On sera plus réservé sur le pessimisme des auteurs. Si ceux-ci avancent avec justesse que le nucléaire impose un modèle de société, contrairement à eux, nous ne croyons pas que cela soit irréversible. Ils avancent le maintien des constructions de nouveaux réacteurs. Si c’est réel, il s’en ferme maintenant plus qu’il ne s’en ouvre et le mouvement de repli s’accélère. Restent les déchets que nous aurons à surveiller pour les siècles des siècles.

Michel Bernard

Le nucléaire, une névrose française. Après Fukushima, à quand la sortie ?

Patrick Piro, Éd. Les Petits Matins, 248 p. 2012, 14,2 €, disponible en librairie.

Dans cet essai, Patrick Piro identifie les symptômes de ce qu’il appelle une névrose française...

Ainsi, au fil de ses chapitres détaillés et étayés de nombreuses références, l’auteur nous fait la démonstration de ce qui constitue une bien affligeante addiction. Avec un brin d’ironie, on découvre ou redécouvre les ramifications de cette tradition française, un court historique permet de refaire le chemin et l’histoire de France qui mène à Fukushima, dans le déni total et les mensonges faits à la population. Constat fouillé de la catastrophe nucléaire de 2011, cet essai n’est pas pour autant qu’une suite d’éléments journalistiques, l’après Fukushima et les conséquences directes pour cette industrie sont également largement abordés par Patrick Piro.

L’après Fukushima est selon l’auteur, le "cygne noir" du nucléaire, cette catastrophe qu’on nous disait impossible, et qui pourtant, un jour, survient, avec son terrible cortège de conséquences.

Si la démonstration est assez classique, elle ne s’en appuie pas mois de façon solide sur différents scénarios de sortie. L’auteur vulgarise des données parfois difficilement compréhensibles, et permet de retrouver des ordres de grandeur simples, d’illustrer clairement que la fin du nucléaire n’a rien d’utopique, qu’une gestion de l’énergie rationnelle couplée avec des efforts massifs dans le domaine des consommations, permet d’envisager sereinement et sérieusement la voie salutaire.

Comprendre la politique nucléaire française, en savoir plus sur le pourquoi de Fukushima, y voir plus clair dans la démonstration des scénarios de sortie, sans excès d’optimisme, ce livre permet une bonne entrée en matière. Il permettra également aux militants déjà bien au fait, de synthétiser nombre de notions et d’élargir la base de leurs connaissances.

Baptiste Coll

Les sanctuaires de l’abîme. Chronique du désastre de Fukushima

Nadine et Thierry Ribault, Éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2012, 15 €, disponible en librairie.

Un an après Fukushima, il est temps d’en tirer des bilans circonstanciés et approfondis. Celui que proposent Nadine et Thierry Ribault s’appuie sur plusieurs types de sources, officielles ou militantes, en français ou en japonais, sur leurs propres connaissances du Japon, pays où ils résidaient en 2011, et sur le travail remarquable d’un de leurs amis japonais, Wataru Iwata. Celui-ci habitait Tokyo et se réfugia chez eux, à Kyoto, au moment de la catastrophe, avant de décider de partir dans la zone de Fukushima pour y aider les habitants en détresse, les informer, mesurer la radioactivité, etc.

Ce livre n’est cependant pas qu’un témoignage. Il analyse la terreur nucléaire sous tous ses aspects, depuis l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre des mesures d’aide minimales jusqu’à ses mensonges pour cacher son impéritie. Le rôle des mafias japonaises, les yakuzas, des simples citoyens, des menteurs officiels d’État, tout cela est passé au crible de la critique et nous donne une vision du Japon qui n’a rien à voir avec la version officielle propagée ici par l’IRSN ou l’État. Comme le serait tout pays touché par une catastrophe d’une telle ampleur, le Japon n’est pas en mesure de l’affronter.

En dernière analyse, le livre est un formidable plaidoyer pour une sortie immédiate du nucléaire. Il n’y a pas d’autre solution, à moins d’espérer que, jamais, un autre Fukushima ne se produise… Ce que le lobby nucléaire tentait déjà de dire après Tchernobyl, tout en reconnaissant que c’était possible mais que les conséquences de Tchernobyl n’étaient telles qu’à cause de l’incompétence des Soviétiques. Ce livre montre que même dans LE pays du monde le plus organisé, le nucléaire ne peut pas être dominé.

Philippe Godard (en partenariat avec la nouvelle revue écologiste L’An 02, www.lan02.org )



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