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Sortir du nucléaire n°54



Eté 2012

À livres ouverts...

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°54 - Eté 2012



Comme à chaque numéro, nous partageons avec vous nos impressions sur quelques-uns des livres que nous avons reçus ces derniers mois.



Retour d’Iwaki

Christophe Fiat, Ed. L’Arpenteur, 2011, 122 p., 13,50 €, à commander en librairie.

Fukushima, récit d’un désastre

Michaël Ferrier, Ed. Gallimard, 2012, 264 p., 18,50 €, à commander en librairie.

Ces deux livres sont des témoignages de Français, le premier qui s’est rendu pour son travail d’acteur à Iwaki, une ville en limite de la zone évacuée, dans le mois qui a suivi l’accident. Le second est enseignant de français à l’Institut franco-japonais de Tokyo et vit, avec sa compagne japonaise, sur place.

Christophe Fiat est un des premiers Occidentaux à ne pas annuler son voyage après l’accident de Fukushima. Dans Retour d’Iwaki, il raconte d’abord sa rencontre, en avril 2011, avec des jeunes filles qui ont repris l’école après avoir été brièvement évacuées et qui vivent dans la peur des radiations… Mais le récit dérive dans une fiction autour du mythe de Godzilla. Ce choix narratif rend le texte plus littéraire, mais, en cherchant à nous faire entrer dans la mythologie japonaise, ne nous éclaire guère sur ce qui est réel (l’accident nucléaire et ses suites) et ce qui relève de l’imaginaire.

Michaël Ferrier est à Tokyo quand arrive le tremblement de terre du 11 mars 2011. Après l’annonce de l’explosion des réacteurs nucléaires de Fukushima, il choisit de se réfugier un temps à Kyoto puis revient à Tokyo. Là, avec sa compagne, ils participent à la livraison de vivres dans les centres d’accueil des réfugiés, l’occasion d’un voyage jusqu’aux limites de la zone interdite. De retour à Tokyo, il explique ce qui a changé quand on vit dans un monde où il faut se méfier de la pluie radioactive et des aliments contaminés. Écrit comme un vaste reportage pour les deux premiers tiers du livre, il conclut l’ouvrage par une analyse percutante de ce qu’est le monde nucléaire en faisant un parallèle entre la demi-vie des éléments radioactifs et la demi-vie que vont avoir maintenant les Japonais. Riche en citations littéraires, poésie, musique, témoignages, l’ouvrage d’une grande finesse d’écriture, monte progressivement en puissance pour finalement dénoncer avec virulence le mensonge qui seul permet d’envisager l’énergie nucléaire comme un progrès. Remarquable.

Michel Bernard


Travailler dans le nucléaire Enquête au coeur d’un site à risques

Pierre Fournier, Ed. Armand Colin, 2012, 232 p., 23,50 €, à commander en librairie.

Cet ouvrage de sociologie nous invite à partager le quotidien d’ouvriers sédentaires du nucléaire qui interviennent en continu à l’intérieur des centrales. Se lisant comme un témoignage humain palpitant, ce retour d’expériences in situ nous plonge dans un univers technologique et technique en compagnie des intervenants les plus exposés à la radioactivité : ceux qui assurent les travaux au jour le jour et sont sujets aux faibles doses de cette maintenance.

L’auteur s’attache à nous guider dans le cœur de ces hommes et femmes accoutumés à gérer les risques, à suivre des règles strictes en sachant s’adapter selon les situations.

Des rapports entre individus aux ajustements in vivo et improvisations professionnelles, le monde du travail dans lequel nous pénétrons est audacieux, fort en personnalités, et dépeint avec talent un univers des plus particuliers, sous constante pression nerveuse !

Jocelyn Peyret


Brève histoire de l’arme nucléaire - Entre prolifération et désarmement

Jean-Paul Chagnollaud, Ed. Ellipses, 2011, 128 p., 14 €, à commander en librairie.

L’arme nucléaire est quasi absente des débats publics, "alors qu’elle concerne des problèmes touchant à l’existence même de nos sociétés". Le nucléaire civil est devenu - l’accident de Fukushima oblige - un enjeu important de la campagne électorale 2012. Mais pas le nucléaire militaire qui reste inaudible dans les médias. L’intérêt de cet ouvrage est de présenter les différentes étapes de cette course entre prolifération et désarmement, ainsi que les principaux arguments justifiant la nécessité d’un "monde sans armes nucléaires". Une invitation à "penser autrement la sécurité" car "les risques d’un conflit nucléaire sont sans doute encore plus grands aujourd’hui". L’auteur a réussi avec cet ouvrage une synthèse à la fois courte et pédagogique à mettre entre toutes les mains.

Patrice Bouveret


Éoliennes en 52 questions/réponses

dir. Yves-Bruno Civel, Observ’ER, 5e édition, 2010, 64 p., 16 €, à commander en librairie.

L’énergie éolienne est utilisée depuis l’Antiquité par l’homme, que ce soit pour avancer ou pour faire tourner des machines. Cette source d’énergie est aujourd’hui en pleine expansion. Toutefois, depuis que les éoliennes servent à produire de l’électricité, elles suscitent des débats passionnés. Face à leurs détracteurs, qui colportent parfois de fausses rumeurs pour leur donner mauvaise réputation, la seule parade est de s’informer pour se faire sa propre idée sur le sujet. Loin de ces polémiques, Observ’ER nous propose, dans la 5ème édition de son petit guide, des réponses simples et claires pour mieux comprendre les intérêts et les enjeux de l’éolien : fonctionnement, réglementation, coûts économiques et écologiques. Cette première lecture sur le sujet vous donnera envie d’en savoir plus sur ces géantes héritières de nos vieux moulins à vent.

Delphine Boutonnet


Un homme jetable

Aude Walker, Les Editions du moteur, 2012, 96 p., 12,50 €, à commander en librairie.

Jules, jeune chômeur désoeuvré, se retrouve à travailler en sous-traitant comme nomade du nucléaire pour l’entretien des réacteurs lors des arrêts périodiques pour maintenance. Jeune, inconscient des risques, se croyant invulnérable, il va au fil du temps et des déplacements ouvrir les yeux et se lier d’amitiés avec un syndicaliste sur la fin de vie. Ce roman est percutant d’humanité et le rythme de l’histoire, de centrale en centrale, de camping en chambre d’hôtel, de rencontres en connaissances, permet de saisir le quotidien des intérimaires du nucléaire et le peu de marge de manœuvre que leur accordent leurs employeurs.

D’un tout autre style que le roman La Centrale paru il y a quelques mois, plus proche du polar et plus vivant, Un homme jetable nous présente sans équivoque la situation psychologique des travailleurs du nucléaire.

Jocelyn Peyret


Exigez ! Un désarmement nucléaire total

Stéphane Hessel, Albert Jacquard, Observatoire des armements Éd. Stock, 2012, 68 pages, 5 €, à commander en librairie.

L’existence et la prolifération des armes nucléaires représentent un danger extrême, dont les politiques et les médias se gardent bien de parler. Et de fait, la plupart des Français en sont peu conscients. Qui sait combien d’armes ou de sous-marins nucléaires la France possède ? Ce petit livre vient fort à propos lever le voile sur les arsenaux atomiques et les risques extrêmes qu’ils font peser sur l’humanité et la biosphère. Stéphane Hessel et Albert Jacquard introduisent l’ouvrage avec souffle et conviction. "Que la décision d’utiliser [l’armement nucléaire] soit prise à Washington ou au Kremlin, à Jérusalem ou à Téhéran, à l’Élysée ou à Pékin, il ne restera que des ruines de l’humanité évoluée si nous nous en servons dans un quelconque conflit." S’ensuit un panorama d’ensemble - précis, concis et complet, mais qui se lit très vite et avec une facilité déconcertante. Clairement, c’est le livre à offrir autour de vous pour sensibiliser vos proches à l’impératif du désarmement nucléaire

Xavier Rabilloud


Jean Rostand Un biologiste contre le nucléaire

Textes choisis et commentés par Alain Dubois, préface de Jacques Testart, Berg international, 2012, 208 p., 19 €, à commander en librairie.

Alain Dubois souhaite réactualiser le combat sans concession mené par Jean Rostand contre la bombe au nom de l’éthique, en tant que citoyen mais aussi comme biologiste. Distinguant l’irradiation nucléaire de toutes les autres sortes de pollutions et accidents industriels, Jean Rostand voyait dans l’accumulation de mutations qu’elle pouvait provoquer dans le patrimoine génétique de l’humanité un danger majeur. Co-fondateur, au début des années 1960, du Mouvement contre l’armement atomique (MCAA devenu ensuite le MDPL), c’était un tribun hors pair pour fustiger la course aux armements et appeler à "une objection collective de conscience" : "Je crois d’ailleurs que c’est en insistant sur les dangers de l’atome militaire qu’on peut le mieux sensibiliser l’opinion aux dangers de l’atome de paix."

Patrice Bouveret


La troisième révolution industrielle Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde

Jeremy Rifkin, Ed. Les Liens qui Libèrent, 2012, 414 p., 24 €, à commander en librairie.

En lisant ce livre vous vous demanderez souvent si ses prédictions ne sont pas le produit d’un esprit candide. Il y a de la rêverie dans ses propos, dont l’enthousiasme déborde de ce que nous avons pour habitude de considérer comme réaliste.

On se trouve pourtant séduit par la pertinence et la simplicité des analyses de Rifkin, auteur fameux du best-seller La fin du travail et prospectiviste internationalement connu, avec une dimension humaniste inhabituelle pour les énergéticiens.

La transition énergétique, inéluctables selon l’auteur, sera sociétale : il décline ses cinq conditions et les conséquences d’une telle transition, parmi lesquelles le bouleversement des rapports sociaux qu’une telle (r)évolution induirait.

Quel entrain à décrire la vie après cette transition ! Enfin, quelle pertinente analyse historique pour étayer ses projections : par une vision "thermodynamique" de l’économie, dont les économistes demeurent incapables dans leur immense majorité.

Mot clé ? La "latéralité", qu’il oppose à la centralisation et à l’organisation pyramidale. Vrai en matière d’énergie, mais comme souvent, reflet d’un modèle de société.

Claudio Rumolino


Je vous dis au revoir, Vanessa mon amour - La fin du nucléaire

Pierre-Emmanuel Desanges, Ed. L’Harmattan, 2012, 338 p., 25 €, à commander en librairie.

Une société secrète, des conflits d’intérêts jusque dans les plus hautes strates politiques, des journalistes et des ingénieurs qui s’affrontent quant à l’avenir du nucléaire, avec ce roman nous plongeons dans les méandres du pouvoir politique et des manigances mafieuses.

De l’ingénue de service, qui tombe de haut quand elle comprend les mensonges associés au développement du nucléaire, jusqu’à un adolescent des plus dégourdis, l’auteur nous présente les enjeux de pouvoir et le dédain des puissants quant à la population.

Une enquête menée tambour battant à travers le monde du nucléaire français où la réalité des positions de chaque personnage est malheureusement trop proche de notre quotidien. Si ce n’est quelques scènes trop irréalistes, concernant certains meurtres, l’histoire et le rythme de ce roman se lisent comme un document interne, un témoignage romancé. Est-ce un hasard si l’auteur, un ancien haut fonctionnaire, a choisi un pseudonyme ? Ou est-ce pour se protéger des vérités qu’il assène tout au long de ce polar ? Quoiqu’il en soit nous frôlons la réalité tout au long de ce roman.

Jocelyn Peyret


La vérité scientifique sur le nucléaire

Chantal Bourry, Ed. Rue de l’échiquier, 2012, 204 p., 14,2 €, à commander en librairie.

Suite à la catastrophe de Fukushima l’auteur recherche un ouvrage qui soit une synthèse sur l’énergie nucléaire. Ce livre qu’elle n’a pas trouvé, elle décide de l’écrire, le voulant accessible à tous. Elle choisit d’aborder ce sujet complexe en dix questions successives qui permettent au lecteur de construire sa réflexion sur le nucléaire par étape. Chantal Bourry commence par définir le concept de radioactivité puis explique la manière dont s’est développée la filière nucléaire afin de pouvoir aborder ses enjeux par la suite. Il s’agira entre autres d’estimer les implications sanitaires et les risques du nucléaire, de situer les acteurs institutionnels en charge de la filière française, d’apprécier la sûreté des installations, d’évaluer les dépenses liées au développement du secteur et à son démantèlement.

À la fin de sa lecture, n’importe quel non spécialiste peut tout à fait appréhender ce phénomène physique complexe et se confronter aux adversaires de l’arrêt des centrales. Il s’agit donc d’un livre pédagogique, extrêmement bien documenté et fourni en données scientifiques, proclamant que la voix de la raison se trouve dans une voie de sortie du nucléaire.

Un ouvrage à partager sans modération !

Mathias Schlosser


Retour d’Iwaki

Christophe Fiat, Ed. L’Arpenteur, 2011, 122 p., 13,50 €, à commander en librairie.

Fukushima, récit d’un désastre

Michaël Ferrier, Ed. Gallimard, 2012, 264 p., 18,50 €, à commander en librairie.

Ces deux livres sont des témoignages de Français, le premier qui s’est rendu pour son travail d’acteur à Iwaki, une ville en limite de la zone évacuée, dans le mois qui a suivi l’accident. Le second est enseignant de français à l’Institut franco-japonais de Tokyo et vit, avec sa compagne japonaise, sur place.

Christophe Fiat est un des premiers Occidentaux à ne pas annuler son voyage après l’accident de Fukushima. Dans Retour d’Iwaki, il raconte d’abord sa rencontre, en avril 2011, avec des jeunes filles qui ont repris l’école après avoir été brièvement évacuées et qui vivent dans la peur des radiations… Mais le récit dérive dans une fiction autour du mythe de Godzilla. Ce choix narratif rend le texte plus littéraire, mais, en cherchant à nous faire entrer dans la mythologie japonaise, ne nous éclaire guère sur ce qui est réel (l’accident nucléaire et ses suites) et ce qui relève de l’imaginaire.

Michaël Ferrier est à Tokyo quand arrive le tremblement de terre du 11 mars 2011. Après l’annonce de l’explosion des réacteurs nucléaires de Fukushima, il choisit de se réfugier un temps à Kyoto puis revient à Tokyo. Là, avec sa compagne, ils participent à la livraison de vivres dans les centres d’accueil des réfugiés, l’occasion d’un voyage jusqu’aux limites de la zone interdite. De retour à Tokyo, il explique ce qui a changé quand on vit dans un monde où il faut se méfier de la pluie radioactive et des aliments contaminés. Écrit comme un vaste reportage pour les deux premiers tiers du livre, il conclut l’ouvrage par une analyse percutante de ce qu’est le monde nucléaire en faisant un parallèle entre la demi-vie des éléments radioactifs et la demi-vie que vont avoir maintenant les Japonais. Riche en citations littéraires, poésie, musique, témoignages, l’ouvrage d’une grande finesse d’écriture, monte progressivement en puissance pour finalement dénoncer avec virulence le mensonge qui seul permet d’envisager l’énergie nucléaire comme un progrès. Remarquable.

Michel Bernard


Travailler dans le nucléaire Enquête au coeur d’un site à risques

Pierre Fournier, Ed. Armand Colin, 2012, 232 p., 23,50 €, à commander en librairie.

Cet ouvrage de sociologie nous invite à partager le quotidien d’ouvriers sédentaires du nucléaire qui interviennent en continu à l’intérieur des centrales. Se lisant comme un témoignage humain palpitant, ce retour d’expériences in situ nous plonge dans un univers technologique et technique en compagnie des intervenants les plus exposés à la radioactivité : ceux qui assurent les travaux au jour le jour et sont sujets aux faibles doses de cette maintenance.

L’auteur s’attache à nous guider dans le cœur de ces hommes et femmes accoutumés à gérer les risques, à suivre des règles strictes en sachant s’adapter selon les situations.

Des rapports entre individus aux ajustements in vivo et improvisations professionnelles, le monde du travail dans lequel nous pénétrons est audacieux, fort en personnalités, et dépeint avec talent un univers des plus particuliers, sous constante pression nerveuse !

Jocelyn Peyret


Brève histoire de l’arme nucléaire - Entre prolifération et désarmement

Jean-Paul Chagnollaud, Ed. Ellipses, 2011, 128 p., 14 €, à commander en librairie.

L’arme nucléaire est quasi absente des débats publics, "alors qu’elle concerne des problèmes touchant à l’existence même de nos sociétés". Le nucléaire civil est devenu - l’accident de Fukushima oblige - un enjeu important de la campagne électorale 2012. Mais pas le nucléaire militaire qui reste inaudible dans les médias. L’intérêt de cet ouvrage est de présenter les différentes étapes de cette course entre prolifération et désarmement, ainsi que les principaux arguments justifiant la nécessité d’un "monde sans armes nucléaires". Une invitation à "penser autrement la sécurité" car "les risques d’un conflit nucléaire sont sans doute encore plus grands aujourd’hui". L’auteur a réussi avec cet ouvrage une synthèse à la fois courte et pédagogique à mettre entre toutes les mains.

Patrice Bouveret


Éoliennes en 52 questions/réponses

dir. Yves-Bruno Civel, Observ’ER, 5e édition, 2010, 64 p., 16 €, à commander en librairie.

L’énergie éolienne est utilisée depuis l’Antiquité par l’homme, que ce soit pour avancer ou pour faire tourner des machines. Cette source d’énergie est aujourd’hui en pleine expansion. Toutefois, depuis que les éoliennes servent à produire de l’électricité, elles suscitent des débats passionnés. Face à leurs détracteurs, qui colportent parfois de fausses rumeurs pour leur donner mauvaise réputation, la seule parade est de s’informer pour se faire sa propre idée sur le sujet. Loin de ces polémiques, Observ’ER nous propose, dans la 5ème édition de son petit guide, des réponses simples et claires pour mieux comprendre les intérêts et les enjeux de l’éolien : fonctionnement, réglementation, coûts économiques et écologiques. Cette première lecture sur le sujet vous donnera envie d’en savoir plus sur ces géantes héritières de nos vieux moulins à vent.

Delphine Boutonnet


Un homme jetable

Aude Walker, Les Editions du moteur, 2012, 96 p., 12,50 €, à commander en librairie.

Jules, jeune chômeur désoeuvré, se retrouve à travailler en sous-traitant comme nomade du nucléaire pour l’entretien des réacteurs lors des arrêts périodiques pour maintenance. Jeune, inconscient des risques, se croyant invulnérable, il va au fil du temps et des déplacements ouvrir les yeux et se lier d’amitiés avec un syndicaliste sur la fin de vie. Ce roman est percutant d’humanité et le rythme de l’histoire, de centrale en centrale, de camping en chambre d’hôtel, de rencontres en connaissances, permet de saisir le quotidien des intérimaires du nucléaire et le peu de marge de manœuvre que leur accordent leurs employeurs.

D’un tout autre style que le roman La Centrale paru il y a quelques mois, plus proche du polar et plus vivant, Un homme jetable nous présente sans équivoque la situation psychologique des travailleurs du nucléaire.

Jocelyn Peyret


Exigez ! Un désarmement nucléaire total

Stéphane Hessel, Albert Jacquard, Observatoire des armements Éd. Stock, 2012, 68 pages, 5 €, à commander en librairie.

L’existence et la prolifération des armes nucléaires représentent un danger extrême, dont les politiques et les médias se gardent bien de parler. Et de fait, la plupart des Français en sont peu conscients. Qui sait combien d’armes ou de sous-marins nucléaires la France possède ? Ce petit livre vient fort à propos lever le voile sur les arsenaux atomiques et les risques extrêmes qu’ils font peser sur l’humanité et la biosphère. Stéphane Hessel et Albert Jacquard introduisent l’ouvrage avec souffle et conviction. "Que la décision d’utiliser [l’armement nucléaire] soit prise à Washington ou au Kremlin, à Jérusalem ou à Téhéran, à l’Élysée ou à Pékin, il ne restera que des ruines de l’humanité évoluée si nous nous en servons dans un quelconque conflit." S’ensuit un panorama d’ensemble - précis, concis et complet, mais qui se lit très vite et avec une facilité déconcertante. Clairement, c’est le livre à offrir autour de vous pour sensibiliser vos proches à l’impératif du désarmement nucléaire

Xavier Rabilloud


Jean Rostand Un biologiste contre le nucléaire

Textes choisis et commentés par Alain Dubois, préface de Jacques Testart, Berg international, 2012, 208 p., 19 €, à commander en librairie.

Alain Dubois souhaite réactualiser le combat sans concession mené par Jean Rostand contre la bombe au nom de l’éthique, en tant que citoyen mais aussi comme biologiste. Distinguant l’irradiation nucléaire de toutes les autres sortes de pollutions et accidents industriels, Jean Rostand voyait dans l’accumulation de mutations qu’elle pouvait provoquer dans le patrimoine génétique de l’humanité un danger majeur. Co-fondateur, au début des années 1960, du Mouvement contre l’armement atomique (MCAA devenu ensuite le MDPL), c’était un tribun hors pair pour fustiger la course aux armements et appeler à "une objection collective de conscience" : "Je crois d’ailleurs que c’est en insistant sur les dangers de l’atome militaire qu’on peut le mieux sensibiliser l’opinion aux dangers de l’atome de paix."

Patrice Bouveret


La troisième révolution industrielle Comment le pouvoir latéral va transformer l’énergie, l’économie et le monde

Jeremy Rifkin, Ed. Les Liens qui Libèrent, 2012, 414 p., 24 €, à commander en librairie.

En lisant ce livre vous vous demanderez souvent si ses prédictions ne sont pas le produit d’un esprit candide. Il y a de la rêverie dans ses propos, dont l’enthousiasme déborde de ce que nous avons pour habitude de considérer comme réaliste.

On se trouve pourtant séduit par la pertinence et la simplicité des analyses de Rifkin, auteur fameux du best-seller La fin du travail et prospectiviste internationalement connu, avec une dimension humaniste inhabituelle pour les énergéticiens.

La transition énergétique, inéluctables selon l’auteur, sera sociétale : il décline ses cinq conditions et les conséquences d’une telle transition, parmi lesquelles le bouleversement des rapports sociaux qu’une telle (r)évolution induirait.

Quel entrain à décrire la vie après cette transition ! Enfin, quelle pertinente analyse historique pour étayer ses projections : par une vision "thermodynamique" de l’économie, dont les économistes demeurent incapables dans leur immense majorité.

Mot clé ? La "latéralité", qu’il oppose à la centralisation et à l’organisation pyramidale. Vrai en matière d’énergie, mais comme souvent, reflet d’un modèle de société.

Claudio Rumolino


Je vous dis au revoir, Vanessa mon amour - La fin du nucléaire

Pierre-Emmanuel Desanges, Ed. L’Harmattan, 2012, 338 p., 25 €, à commander en librairie.

Une société secrète, des conflits d’intérêts jusque dans les plus hautes strates politiques, des journalistes et des ingénieurs qui s’affrontent quant à l’avenir du nucléaire, avec ce roman nous plongeons dans les méandres du pouvoir politique et des manigances mafieuses.

De l’ingénue de service, qui tombe de haut quand elle comprend les mensonges associés au développement du nucléaire, jusqu’à un adolescent des plus dégourdis, l’auteur nous présente les enjeux de pouvoir et le dédain des puissants quant à la population.

Une enquête menée tambour battant à travers le monde du nucléaire français où la réalité des positions de chaque personnage est malheureusement trop proche de notre quotidien. Si ce n’est quelques scènes trop irréalistes, concernant certains meurtres, l’histoire et le rythme de ce roman se lisent comme un document interne, un témoignage romancé. Est-ce un hasard si l’auteur, un ancien haut fonctionnaire, a choisi un pseudonyme ? Ou est-ce pour se protéger des vérités qu’il assène tout au long de ce polar ? Quoiqu’il en soit nous frôlons la réalité tout au long de ce roman.

Jocelyn Peyret


La vérité scientifique sur le nucléaire

Chantal Bourry, Ed. Rue de l’échiquier, 2012, 204 p., 14,2 €, à commander en librairie.

Suite à la catastrophe de Fukushima l’auteur recherche un ouvrage qui soit une synthèse sur l’énergie nucléaire. Ce livre qu’elle n’a pas trouvé, elle décide de l’écrire, le voulant accessible à tous. Elle choisit d’aborder ce sujet complexe en dix questions successives qui permettent au lecteur de construire sa réflexion sur le nucléaire par étape. Chantal Bourry commence par définir le concept de radioactivité puis explique la manière dont s’est développée la filière nucléaire afin de pouvoir aborder ses enjeux par la suite. Il s’agira entre autres d’estimer les implications sanitaires et les risques du nucléaire, de situer les acteurs institutionnels en charge de la filière française, d’apprécier la sûreté des installations, d’évaluer les dépenses liées au développement du secteur et à son démantèlement.

À la fin de sa lecture, n’importe quel non spécialiste peut tout à fait appréhender ce phénomène physique complexe et se confronter aux adversaires de l’arrêt des centrales. Il s’agit donc d’un livre pédagogique, extrêmement bien documenté et fourni en données scientifiques, proclamant que la voix de la raison se trouve dans une voie de sortie du nucléaire.

Un ouvrage à partager sans modération !

Mathias Schlosser




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