Faire un don

Sortir du nucléaire n°53



Printemps 2012

International

À la rencontre des antinucléaires australiens

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°53 - Printemps 2012



Fin 2010, l’association Footprints for Peace invitait le Réseau à participer en août 2011 à la marche contre les mines d’uranium de Wiluna à Perth, soit 1 200 km environ dans le bush australien. La marche fut précédée de toute une série de rencontres, qui ont permis à André et François, administrateurs bénévoles, de tisser des liens avec le mouvement antinucléaire australien et de poser des bases pour de futures collaborations. Récit fragmentaire de cette "tournée" intense.



Jeudi 4 août : Nous arrivons à Sydney le 3 août au matin, la marche devant débuter le 18. Nat et Jalinyba, son fils de 14 mois, nous accueillent. Animatrice de Beyond Nuclear, Nat est connue de toute la militance australienne. Elle nous détaille le programme à venir qui débute l’après-midi même par une réunion à 18 heures.

En Australie, ce genre de réunions a toujours lieu de 18 à 20 heures afin de laisser la soirée libre. Est-ce le sujet qui passionnait, le verbe d’André ou le plaisir de voir des Français, mais, pendant tout notre séjour, aucune de nos prestations ne se terminera à l’heure. Le matériel à peine installé, les premiers participants arrivent. Une cinquantaine de personnes découvriront avec stupéfaction la France nucléaire. Nous partageons le micro avec un étudiant australien qui réalise une thèse sur la militance antinucléaire au Japon, dont il revient, dans le contexte post-Fukushima. Il a constaté sur place que beaucoup d’associations antinucléaires se sont réactivées ou ont été créées.

Vendredi 5 août : Direction le parlement pour une interview en compagnie de Lee Rhiannon, sénatrice verte, pour l’Australian Associated Press. La veille de l’Hiroshima Day, très important ici, cette interview sera bien reprise par les médias. Nous enchaînons avec la rencontre de plusieurs sénateurs Verts dans le parlement. Dans la discussion, nous prenons conscience qu’ils attendent beaucoup de nous pour communiquer internationalement et faire barrage autant que possible aux projets miniers et plus généralement au nucléaire mondial.

Samedi 6 août : 66e anniversaire d’Hiroshima. Le matin, nous filons vers une conférence-débat sur Hiroshima. Beaucoup de bons intervenants, mais comme souvent, très - voire trop - longs. Après un sandwich, nous partons au Rally quelques centaines de mètres plus loin. Musique, chants, danses japonaises, interventions et nous partons ensuite pour un défilé, encadré par la police. De retour sur le lieu du Rally, nous intervenons avec André. Pour la majorité du public, la découverte de la France nucléaire est une énorme surprise ; la motivation et l’action du Réseau nous valent un tonnerre d’applaudissements.

Dimanche 7 août : Journée de repos dont on avait bien besoin ; nous profitons du marché bio et bouclons nos sacs pour le lendemain. Soirée avec Nat, Paddy et la famille d’un Sri-lankais francophone et photographe. Les "Aussies" donnent l’impression de n’être jamais stressés, tout en étant d’une efficacité redoutable. Mais Nat est la personne qui nous a le plus impressionnés par son énergie et sa disponibilité. Elle nous a présenté beaucoup de gens en peu de jours et des liens forts se sont déjà créés.

Lundi 8 août : Melbourne. Nous visitons CERES, un lieu alternatif où nous avons la surprise de voir les panneaux photovoltaïques positionnés en direction du nord… hémisphère sud oblige. Réparateur de vélos, bar-resto bio local, écoles et potagers participatifs permettent à ce lieu d’être une référence à Melbourne.

Mardi 9 août : Nous rejoignons North Brighton, banlieue de Melbourne, pour rencontrer Kazuyo Matsu Preston, animatrice de Japanese for Peace, une association de Japonais vivant en Australie et militant pour l’abolition des armes nucléaires et la paix mondiale. Nous mesurons la puissance de l’engagement de Kazuyo non seulement contre le nucléaire militaire, mais aussi contre le nucléaire civil ; signe que ces thèmes convergent de plus en plus depuis Fukushima. Fin d’après-midi, forum à l’occasion du Nagasaki Day où notre présence est remarquée, ce qui nous permet d’approfondir la discussion avec les spectateurs. Même ici, nous percevons la prégnance du nucléaire civil.

Mercredi 10 août : Rapide rencontre avec Tim Wright, directeur de campagne de ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear weapons) à qui nous présentons la France nucléaire et le Réseau. Nous montons un étage plus haut, pour rencontrer Dave Sweeney, chargé de campagne de l’Australian Conservation Foundation, association très active pour l’environnement. Plus de deux heures d’entretiens nourris et riches nous permettent d’apprécier les qualités de cet homme. Premier à avoir mené des actions antinucléaires impliquant les Aborigènes, il est aussi le spécialiste des mines d’uranium. Une longue expérience lui permet de répondre à toutes nos questions, et d’alimenter le débat par des remarques d’une pertinence rare. Des bases sont posées pour travailler ensemble. À l’issue de la rencontre, Dave nous fait visiter son bâtiment qui héberge d’autres ONG australiennes et qui est unique en Australie sur les plans écologique et énergétique (www.60Lgreenbuilding.com).

Jeudi 11 août : Tôt le matin, courte manif au Trades Hall à l’initiative des syndicats pour l’énergie solaire. Le temps de dire bonjour, c’est terminé. En fait, il s’agissait juste de faire des photos pour les médias avant d’aller rencontrer les gens du ministère pour peser en faveur de l’énergie solaire pour la préservation des emplois. Le Trades Hall est un lieu mythique, d’où toutes les grandes luttes sociales ont démarré. Le gardien nous en fait faire la visite avec force explications et anecdotes.

Nous rejoignons Nancy, notre hôtesse, qui travaille dans ce bâtiment pour la Medical Association for Prevention of War qui est l’antenne australienne de IPPNW (l’Association Internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre Nucléaire). Suite à cette rencontre, nous sommes depuis en contact fréquent. À 13h, interview de 20 mn en français pour la Radio SBS qui est la branche internationale de la radio nationale australienne ABC. À 14h30, autre émission radio "The radioactive show" pour la radio communautaire la plus ancienne de Melbourne.

En attendant la réunion suivante, notre hôte Nic MacLellan nous fait un brillant exposé sur les flux migratoires de cette région du monde. Il la connaît particulièrement bien. Polynésie, Micronésie et Mélanésie n’ont presque plus de secrets pour nous… Il s’active depuis les années 70 entre autres dans le Nuclear-Free and Independent Pacific Movement (NFIP) qui rassemble de nombreux pays (malgré l’immensité de l’espace et les difficultés financières) sur les questions du nucléaire, de la décolonisation et des droits de l’Homme. Bonne réunion publique, avec 30 participants à l’invitation des Amis de la Terre Australie. Leur lieu est remarquable : au RDC, café convivial et épicerie bio, avec beaucoup d’aliments en vrac proposés. À l’étage, tous les bureaux et salles de réunions. Au milieu de la grande table de réunion trône un autocollant du Réseau en français…

Vendredi 12 août : Aujourd’hui, nous avons rendez- vous avec Kirsten Blair qui vient nous détailler les problèmes des mines d’uranium se trouvant dans le Parc National du Kakadu, dont la plus tristement célèbre est celle de Ranger, qui est aussi la plus grande d’Australie. Kirsten travaille depuis des années avec le clan aborigène des Mirrar, responsables traditionnels de ces terres. Cela nous concerne directement car Areva a des visées sur l’un des trois sites d’uranium concernés, Koongarra, mais a de grandes chances de perdre.

Dimanche 14 août : Arrivés à Canberra, nous nous rendons dans une ferme bio. Moments intenses avec le propriétaire qui après présentation et visite de sa ferme dont la cohérence est impressionnante, nous emmène voir nos premiers kangourous. Après en avoir aperçu quelques-uns de loin, au sommet d’une colline nous tombons sur un mob (pas mobylette, mais clan) de 25 ou 30 animaux sauvages. Nos hôtes Inge et Taka, deux Japonais militants et marcheurs antinucléaires très actifs, nous présentent Scott, le fils du propriétaire de la ferme. Personnage haut en couleurs et militant très impliqué dans les luttes environnementales.

Lundi 15 août : Nous partons visiter le Muséum national dont la partie aborigène est assez incroyable. Nous comprenons que la réconciliation officielle de 2008 entre gouvernement et Aborigènes, loin d’avoir tout réglé, n’est qu’un début sinon un leurre. Quelques jours plus tôt, nous avons eu la surprise d’apprendre que la séparation d’enfants aborigènes d’avec leurs parents se pratique toujours en 2011... L’objectif officieux étant que la culture se transmette le moins possible entre les générations.

Mardi 16 août : Nous prenons le bus direction le New Parliament of Canberra (parlement fédéral national), pour rencontrer le sénateur vert Scott Ludlam et son attachée parlementaire Felicity, militante très appréciée par beaucoup d’anti-nucléaires rencontrés. C’est Scott qui a réalisé l’excellent film antinucléaire "Climate of hope", traduit en français et diffusé par le Réseau ("Un climat d’espoir"). Après une bonne heure d’entretien, nous nous rendons à la conférence de presse prévue où 3 chaînes de télé nationales nous attendent. Surprise, cela se passe à toute allure et nous avons juste le temps de présenter quelques arguments percutants et de déployer la carte de France nucléaire.

Nous nous rendons ensuite à la Aboriginal Tent Embassy (www.aboriginaltentembassy.net/) Présente depuis 1972 face au parlement, cette "tente ambassade" est le seul site reconnu nationalement comme représentant la lutte politique pour les Aborigènes. Puis soirée publique à l’assemblée législative, au centre-ville de Canberra, à l’initiative des Verts régionaux et de la ligue des femmes pour la paix et la liberté (WILPF). Notre présentation maintenant bien rodée suscite de nombreuses et pertinentes questions.

Mercredi 17 août : Arrivée à Perth après un départ de Canberra aux aurores. Une action devant le parlement de l’Australie de l’ouest pour déclarer officiellement le départ de la marche nous attend à notre descente d’avion avant de prendre demain matin un bus pour un voyage de 2 jours vers Wiluna. Nous retrouvons enfin Marcus, organisateur de cette tournée et de la marche.

Jeudi 18 août : Nous embarquons donc pour 2 jours de voyage en bus avec remorque pour les bagages, pour rejoindre Wiluna, départ de la marche. Le lendemain après-midi, nous arrivons à Wiluna. L’ambiance est tendue car des funérailles aborigènes ont vidé la ville. Nous filons vers North Pool, notre campement pour 2 jours. Glenn nous y rejoint avec sa famille ; il fera la marche avec nous jusqu’à la limite de son territoire, et d’autres Aborigènes nous accompagneront sur les territoires suivants. C’est vraiment la première fois qu’une marche obtient une adhésion aussi marquée de la part de la communauté aborigène.

En marche... : Dès le début de la marche, l’ambiance est incroyable, Blancs et Aborigènes, jeunes et vieux, Américains, Indiens, Anglais, Néozélandais, Français et bien sûr Australiens marchent le long d’une route contre les mines d’uranium et pour la paix. Les conversations s’engagent très vite dans toutes les langues. Nous sommes arrêtés l’après-midi par une voiture de police d’où sortent deux policiers... qui nous tendent des plateaux remplis de cookies et de muffins. La présence constante des Aborigènes à nos côtés est très sécurisante et nous permet de découvrir une nature secrète mais combien riche et généreuse. Après encore quelques jours de marche tout aussi denses et passionnants, je dois rentrer en France reprendre mon travail.

Deux semaines après mon retour : Je reçois un coup de fil d’une réalisatrice qui prépare un documentaire sur les Aborigènes et souhaite me rencontrer. Après divers échanges, nous décidons de travailler ensemble pour montrer les effets de l’exploitation des mines d’uranium sur la façon dont sont traités les autochtones en Australie. Je vais donc y retourner pour les besoins du film, car plus que le pays, les Aborigènes m’ont séduit, touché et convaincu que leur culture exceptionnelle ne doit pas disparaître.

François Mativet Administrateur bénévole

Retrouvez d’autres photos et un récit de la marche sur notre site web : https://www.sortirdunucleaire.org/Australie-Marche-Walk-away-from,163

Jeudi 4 août : Nous arrivons à Sydney le 3 août au matin, la marche devant débuter le 18. Nat et Jalinyba, son fils de 14 mois, nous accueillent. Animatrice de Beyond Nuclear, Nat est connue de toute la militance australienne. Elle nous détaille le programme à venir qui débute l’après-midi même par une réunion à 18 heures.

En Australie, ce genre de réunions a toujours lieu de 18 à 20 heures afin de laisser la soirée libre. Est-ce le sujet qui passionnait, le verbe d’André ou le plaisir de voir des Français, mais, pendant tout notre séjour, aucune de nos prestations ne se terminera à l’heure. Le matériel à peine installé, les premiers participants arrivent. Une cinquantaine de personnes découvriront avec stupéfaction la France nucléaire. Nous partageons le micro avec un étudiant australien qui réalise une thèse sur la militance antinucléaire au Japon, dont il revient, dans le contexte post-Fukushima. Il a constaté sur place que beaucoup d’associations antinucléaires se sont réactivées ou ont été créées.

Vendredi 5 août : Direction le parlement pour une interview en compagnie de Lee Rhiannon, sénatrice verte, pour l’Australian Associated Press. La veille de l’Hiroshima Day, très important ici, cette interview sera bien reprise par les médias. Nous enchaînons avec la rencontre de plusieurs sénateurs Verts dans le parlement. Dans la discussion, nous prenons conscience qu’ils attendent beaucoup de nous pour communiquer internationalement et faire barrage autant que possible aux projets miniers et plus généralement au nucléaire mondial.

Samedi 6 août : 66e anniversaire d’Hiroshima. Le matin, nous filons vers une conférence-débat sur Hiroshima. Beaucoup de bons intervenants, mais comme souvent, très - voire trop - longs. Après un sandwich, nous partons au Rally quelques centaines de mètres plus loin. Musique, chants, danses japonaises, interventions et nous partons ensuite pour un défilé, encadré par la police. De retour sur le lieu du Rally, nous intervenons avec André. Pour la majorité du public, la découverte de la France nucléaire est une énorme surprise ; la motivation et l’action du Réseau nous valent un tonnerre d’applaudissements.

Dimanche 7 août : Journée de repos dont on avait bien besoin ; nous profitons du marché bio et bouclons nos sacs pour le lendemain. Soirée avec Nat, Paddy et la famille d’un Sri-lankais francophone et photographe. Les "Aussies" donnent l’impression de n’être jamais stressés, tout en étant d’une efficacité redoutable. Mais Nat est la personne qui nous a le plus impressionnés par son énergie et sa disponibilité. Elle nous a présenté beaucoup de gens en peu de jours et des liens forts se sont déjà créés.

Lundi 8 août : Melbourne. Nous visitons CERES, un lieu alternatif où nous avons la surprise de voir les panneaux photovoltaïques positionnés en direction du nord… hémisphère sud oblige. Réparateur de vélos, bar-resto bio local, écoles et potagers participatifs permettent à ce lieu d’être une référence à Melbourne.

Mardi 9 août : Nous rejoignons North Brighton, banlieue de Melbourne, pour rencontrer Kazuyo Matsu Preston, animatrice de Japanese for Peace, une association de Japonais vivant en Australie et militant pour l’abolition des armes nucléaires et la paix mondiale. Nous mesurons la puissance de l’engagement de Kazuyo non seulement contre le nucléaire militaire, mais aussi contre le nucléaire civil ; signe que ces thèmes convergent de plus en plus depuis Fukushima. Fin d’après-midi, forum à l’occasion du Nagasaki Day où notre présence est remarquée, ce qui nous permet d’approfondir la discussion avec les spectateurs. Même ici, nous percevons la prégnance du nucléaire civil.

Mercredi 10 août : Rapide rencontre avec Tim Wright, directeur de campagne de ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear weapons) à qui nous présentons la France nucléaire et le Réseau. Nous montons un étage plus haut, pour rencontrer Dave Sweeney, chargé de campagne de l’Australian Conservation Foundation, association très active pour l’environnement. Plus de deux heures d’entretiens nourris et riches nous permettent d’apprécier les qualités de cet homme. Premier à avoir mené des actions antinucléaires impliquant les Aborigènes, il est aussi le spécialiste des mines d’uranium. Une longue expérience lui permet de répondre à toutes nos questions, et d’alimenter le débat par des remarques d’une pertinence rare. Des bases sont posées pour travailler ensemble. À l’issue de la rencontre, Dave nous fait visiter son bâtiment qui héberge d’autres ONG australiennes et qui est unique en Australie sur les plans écologique et énergétique (www.60Lgreenbuilding.com).

Jeudi 11 août : Tôt le matin, courte manif au Trades Hall à l’initiative des syndicats pour l’énergie solaire. Le temps de dire bonjour, c’est terminé. En fait, il s’agissait juste de faire des photos pour les médias avant d’aller rencontrer les gens du ministère pour peser en faveur de l’énergie solaire pour la préservation des emplois. Le Trades Hall est un lieu mythique, d’où toutes les grandes luttes sociales ont démarré. Le gardien nous en fait faire la visite avec force explications et anecdotes.

Nous rejoignons Nancy, notre hôtesse, qui travaille dans ce bâtiment pour la Medical Association for Prevention of War qui est l’antenne australienne de IPPNW (l’Association Internationale des Médecins pour la Prévention de la Guerre Nucléaire). Suite à cette rencontre, nous sommes depuis en contact fréquent. À 13h, interview de 20 mn en français pour la Radio SBS qui est la branche internationale de la radio nationale australienne ABC. À 14h30, autre émission radio "The radioactive show" pour la radio communautaire la plus ancienne de Melbourne.

En attendant la réunion suivante, notre hôte Nic MacLellan nous fait un brillant exposé sur les flux migratoires de cette région du monde. Il la connaît particulièrement bien. Polynésie, Micronésie et Mélanésie n’ont presque plus de secrets pour nous… Il s’active depuis les années 70 entre autres dans le Nuclear-Free and Independent Pacific Movement (NFIP) qui rassemble de nombreux pays (malgré l’immensité de l’espace et les difficultés financières) sur les questions du nucléaire, de la décolonisation et des droits de l’Homme. Bonne réunion publique, avec 30 participants à l’invitation des Amis de la Terre Australie. Leur lieu est remarquable : au RDC, café convivial et épicerie bio, avec beaucoup d’aliments en vrac proposés. À l’étage, tous les bureaux et salles de réunions. Au milieu de la grande table de réunion trône un autocollant du Réseau en français…

Vendredi 12 août : Aujourd’hui, nous avons rendez- vous avec Kirsten Blair qui vient nous détailler les problèmes des mines d’uranium se trouvant dans le Parc National du Kakadu, dont la plus tristement célèbre est celle de Ranger, qui est aussi la plus grande d’Australie. Kirsten travaille depuis des années avec le clan aborigène des Mirrar, responsables traditionnels de ces terres. Cela nous concerne directement car Areva a des visées sur l’un des trois sites d’uranium concernés, Koongarra, mais a de grandes chances de perdre.

Dimanche 14 août : Arrivés à Canberra, nous nous rendons dans une ferme bio. Moments intenses avec le propriétaire qui après présentation et visite de sa ferme dont la cohérence est impressionnante, nous emmène voir nos premiers kangourous. Après en avoir aperçu quelques-uns de loin, au sommet d’une colline nous tombons sur un mob (pas mobylette, mais clan) de 25 ou 30 animaux sauvages. Nos hôtes Inge et Taka, deux Japonais militants et marcheurs antinucléaires très actifs, nous présentent Scott, le fils du propriétaire de la ferme. Personnage haut en couleurs et militant très impliqué dans les luttes environnementales.

Lundi 15 août : Nous partons visiter le Muséum national dont la partie aborigène est assez incroyable. Nous comprenons que la réconciliation officielle de 2008 entre gouvernement et Aborigènes, loin d’avoir tout réglé, n’est qu’un début sinon un leurre. Quelques jours plus tôt, nous avons eu la surprise d’apprendre que la séparation d’enfants aborigènes d’avec leurs parents se pratique toujours en 2011... L’objectif officieux étant que la culture se transmette le moins possible entre les générations.

Mardi 16 août : Nous prenons le bus direction le New Parliament of Canberra (parlement fédéral national), pour rencontrer le sénateur vert Scott Ludlam et son attachée parlementaire Felicity, militante très appréciée par beaucoup d’anti-nucléaires rencontrés. C’est Scott qui a réalisé l’excellent film antinucléaire "Climate of hope", traduit en français et diffusé par le Réseau ("Un climat d’espoir"). Après une bonne heure d’entretien, nous nous rendons à la conférence de presse prévue où 3 chaînes de télé nationales nous attendent. Surprise, cela se passe à toute allure et nous avons juste le temps de présenter quelques arguments percutants et de déployer la carte de France nucléaire.

Nous nous rendons ensuite à la Aboriginal Tent Embassy (www.aboriginaltentembassy.net/) Présente depuis 1972 face au parlement, cette "tente ambassade" est le seul site reconnu nationalement comme représentant la lutte politique pour les Aborigènes. Puis soirée publique à l’assemblée législative, au centre-ville de Canberra, à l’initiative des Verts régionaux et de la ligue des femmes pour la paix et la liberté (WILPF). Notre présentation maintenant bien rodée suscite de nombreuses et pertinentes questions.

Mercredi 17 août : Arrivée à Perth après un départ de Canberra aux aurores. Une action devant le parlement de l’Australie de l’ouest pour déclarer officiellement le départ de la marche nous attend à notre descente d’avion avant de prendre demain matin un bus pour un voyage de 2 jours vers Wiluna. Nous retrouvons enfin Marcus, organisateur de cette tournée et de la marche.

Jeudi 18 août : Nous embarquons donc pour 2 jours de voyage en bus avec remorque pour les bagages, pour rejoindre Wiluna, départ de la marche. Le lendemain après-midi, nous arrivons à Wiluna. L’ambiance est tendue car des funérailles aborigènes ont vidé la ville. Nous filons vers North Pool, notre campement pour 2 jours. Glenn nous y rejoint avec sa famille ; il fera la marche avec nous jusqu’à la limite de son territoire, et d’autres Aborigènes nous accompagneront sur les territoires suivants. C’est vraiment la première fois qu’une marche obtient une adhésion aussi marquée de la part de la communauté aborigène.

En marche... : Dès le début de la marche, l’ambiance est incroyable, Blancs et Aborigènes, jeunes et vieux, Américains, Indiens, Anglais, Néozélandais, Français et bien sûr Australiens marchent le long d’une route contre les mines d’uranium et pour la paix. Les conversations s’engagent très vite dans toutes les langues. Nous sommes arrêtés l’après-midi par une voiture de police d’où sortent deux policiers... qui nous tendent des plateaux remplis de cookies et de muffins. La présence constante des Aborigènes à nos côtés est très sécurisante et nous permet de découvrir une nature secrète mais combien riche et généreuse. Après encore quelques jours de marche tout aussi denses et passionnants, je dois rentrer en France reprendre mon travail.

Deux semaines après mon retour : Je reçois un coup de fil d’une réalisatrice qui prépare un documentaire sur les Aborigènes et souhaite me rencontrer. Après divers échanges, nous décidons de travailler ensemble pour montrer les effets de l’exploitation des mines d’uranium sur la façon dont sont traités les autochtones en Australie. Je vais donc y retourner pour les besoins du film, car plus que le pays, les Aborigènes m’ont séduit, touché et convaincu que leur culture exceptionnelle ne doit pas disparaître.

François Mativet Administrateur bénévole

Retrouvez d’autres photos et un récit de la marche sur notre site web : https://www.sortirdunucleaire.org/Australie-Marche-Walk-away-from,163



Soyez au coeur de l'information !

Tous les 3 mois, retrouvez 36 pages (en couleur) de brèves, interviews, articles, BD, alternatives concrètes, actions originales, luttes antinucléaires à l’étranger, décryptages, etc.

Je m'abonne à la revue du Réseau