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Sortir du nucléaire n°70



Août 2016

100 % solaire, le requiem postnucléaire

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°70 - Août 2016



Jim Petit, musicien alsacien, termine actuellement l’enregistrement de son nouvel album à 100 % solaire, Requiem Postnucléaire. L’été 2017, cet espérantiste projette d’organiser une tournée sur laquelle il serait autonome en énergie. Rencontre avec un créateur militant qui attend votre invitation pour jouer à côté de chez vous !



Peux-tu nous présenter ton univers musical ?

J’ai commencé la guitare classique à l’âge de 5 ans puis à 13 ans j’ai reçu une vraie guitare. Je me suis amusé à la mettre à plat et à faire glisser un truc que j’avais sous la main, un canif ou un briquet. Dans ce que j’écoutais, Pink Floyd, Neil Young Ravi Shankar, la country, le jazz, la musique hawaïenne.... il y avait du slide. C’est donc tout naturellement que j’ai posé ma guitare à plat.

Mon premier disque en 2005 “Blues around the world” était déjà un peu expérimental, métissé de musique classique indienne et de blues, un moyen d’exprimer des émotions brutes. En 2015, l’album Karma était une réflexion personnelle sur tout le processsus de naissance, qu’est-ce qui fait qu’une fois vivant on n’arrive pas à exprimer ses émotions d’une manière simple, envers ses parents, ses amis, soi-même. La musique classique indienne permet d’exprimer cette réflexion en utilisant les modes majeur et mineur.

Comment en es-tu venu à écrire en espéranto ?

J’aime son côté sans frontières, sans pays. C’est une langue internationale, responsable, qui n’écrase pas les autres. Mon utopie politique est qu’il n’y ait plus de nations, dans le sens où on les connait actuellement, plus de frontières, plus de gouvernements. L’espéranto peut exprimer une forme d’anarchie bienveillante et fraternelle.

Parle-nous de ton prochain album...

Le requiem postnucléaire est né du fait que j’habite à un endroit où je ne suis pas connecté au réseau électrique, mais pas très loin de Fessenheim. J’ai commencé à expérimenter des concerts avec un système photovoltaïque mobile qui me permet d’être autonome. Je peux me déplacer, produire ma musique, en concert ou en studio, chez moi dans la grange.

Puis, conscient de cette menace nucléaire, j’ai commencé à composer ce requiem, une prière pour les gens qui sont morts, ceux qui ont connu les accidents de Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima, etc. Un peu une supplication, pour faire écho au livre de Svetlana Alexievitch.

J’ai inséré des paroles de médias de l’époque, des autorités, de personnes de la société civile qui disent ce qu’il s’est passé, comme ce paysan japonais habitant un petit patelin de 200 habitants, comme celui où j’habite, qui a son petit potager et qui doit tout quitter.

Mais je ne chante pas. Il y aura à la fin, un chœur en espéranto, accompagné par l’orchestre symphonique de Bratislava, qui dit Nous mourrons et serons silencieux, nous mourrons et on nous oubliera, et pourtant nous sommes ici, sauvez-vous, aidez- nous. Cet album, hormis la partie symphonique, est produit hors nucléaire et enregistré en photovoltaïque dans ma grange.

La suite serait une tournée photovoltaïque ?

J’ai le système énergétique pour être autonome et choisir les endroits où je joue, c’est-à-dire n’importe où ! Plutôt qu’un vrai concert, je préfère annoncer une performance musicale, il y a le concept, l’installation en quadriphonie en pleine nature. Nous pouvons imaginer une sieste, un die-in musical, une vue sur centrale nucléaire ou installation renouvelable, inviter le public à introduire la musique par un jeu coopératif, à partager la musique, à finir avec un pique-nique, un apéro participatif... L’idée est de proposer un temps pendant lequel quelque chose se crée.

Autonome sur la production mais aussi sur l’édition

Je suis le producteur, au sens financier, mais vu l’ambition de ce projet il nécessite qu’il soit ouvert à d’autres personnes. La Nef m’a soutenu par un financement participatif. Pour être cohérent dans ma manière de vivre, je suis sociétaire actif au niveau du groupe local en Alsace. Je préfère que ce soit la Nef qui récupère des sous, au moins je suis sûr que l’argent récolté n’ira pas dans le financement du nucléaire !

Propos recueillis par Jocelyn Peyret

Peux-tu nous présenter ton univers musical ?

J’ai commencé la guitare classique à l’âge de 5 ans puis à 13 ans j’ai reçu une vraie guitare. Je me suis amusé à la mettre à plat et à faire glisser un truc que j’avais sous la main, un canif ou un briquet. Dans ce que j’écoutais, Pink Floyd, Neil Young Ravi Shankar, la country, le jazz, la musique hawaïenne.... il y avait du slide. C’est donc tout naturellement que j’ai posé ma guitare à plat.

Mon premier disque en 2005 “Blues around the world” était déjà un peu expérimental, métissé de musique classique indienne et de blues, un moyen d’exprimer des émotions brutes. En 2015, l’album Karma était une réflexion personnelle sur tout le processsus de naissance, qu’est-ce qui fait qu’une fois vivant on n’arrive pas à exprimer ses émotions d’une manière simple, envers ses parents, ses amis, soi-même. La musique classique indienne permet d’exprimer cette réflexion en utilisant les modes majeur et mineur.

Comment en es-tu venu à écrire en espéranto ?

J’aime son côté sans frontières, sans pays. C’est une langue internationale, responsable, qui n’écrase pas les autres. Mon utopie politique est qu’il n’y ait plus de nations, dans le sens où on les connait actuellement, plus de frontières, plus de gouvernements. L’espéranto peut exprimer une forme d’anarchie bienveillante et fraternelle.

Parle-nous de ton prochain album...

Le requiem postnucléaire est né du fait que j’habite à un endroit où je ne suis pas connecté au réseau électrique, mais pas très loin de Fessenheim. J’ai commencé à expérimenter des concerts avec un système photovoltaïque mobile qui me permet d’être autonome. Je peux me déplacer, produire ma musique, en concert ou en studio, chez moi dans la grange.

Puis, conscient de cette menace nucléaire, j’ai commencé à composer ce requiem, une prière pour les gens qui sont morts, ceux qui ont connu les accidents de Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima, etc. Un peu une supplication, pour faire écho au livre de Svetlana Alexievitch.

J’ai inséré des paroles de médias de l’époque, des autorités, de personnes de la société civile qui disent ce qu’il s’est passé, comme ce paysan japonais habitant un petit patelin de 200 habitants, comme celui où j’habite, qui a son petit potager et qui doit tout quitter.

Mais je ne chante pas. Il y aura à la fin, un chœur en espéranto, accompagné par l’orchestre symphonique de Bratislava, qui dit Nous mourrons et serons silencieux, nous mourrons et on nous oubliera, et pourtant nous sommes ici, sauvez-vous, aidez- nous. Cet album, hormis la partie symphonique, est produit hors nucléaire et enregistré en photovoltaïque dans ma grange.

La suite serait une tournée photovoltaïque ?

J’ai le système énergétique pour être autonome et choisir les endroits où je joue, c’est-à-dire n’importe où ! Plutôt qu’un vrai concert, je préfère annoncer une performance musicale, il y a le concept, l’installation en quadriphonie en pleine nature. Nous pouvons imaginer une sieste, un die-in musical, une vue sur centrale nucléaire ou installation renouvelable, inviter le public à introduire la musique par un jeu coopératif, à partager la musique, à finir avec un pique-nique, un apéro participatif... L’idée est de proposer un temps pendant lequel quelque chose se crée.

Autonome sur la production mais aussi sur l’édition

Je suis le producteur, au sens financier, mais vu l’ambition de ce projet il nécessite qu’il soit ouvert à d’autres personnes. La Nef m’a soutenu par un financement participatif. Pour être cohérent dans ma manière de vivre, je suis sociétaire actif au niveau du groupe local en Alsace. Je préfère que ce soit la Nef qui récupère des sous, au moins je suis sûr que l’argent récolté n’ira pas dans le financement du nucléaire !

Propos recueillis par Jocelyn Peyret



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